Deux-Sèvres 

                   
       

 

Laiterie coopérative

de

COULON

 

       
                   

 

Historique : 1891 - 2003

     
                   
  1891 : Une autorisation préfectorale, datée du 3 août 1891, permet l'exploitation d'une beurrerie et une porcherie.

Le 8 octobre, les coulonnais apprennent la création de la laiterie coopérative pour la "Société de Beurrerie Coopérative de Coulon". 300 fermiers s'associent pour mettre le lait de leurs vaches en commun. L'emplacement choisi pour l'édification de la beurrerie et de la porcherie se situe à 500 mètres du bourg et à environ 5km de la gare, sur un terrain doté d'un puits, situé non loin de la Sèvre niortaise, où s'écouleront les eaux usées.

1892 : Au début de l'automne les travaux s'achèvent. Le premier bâtiment renferme la salle du moteur, l'atelier de production, le bureau, le hangar pour la réception du lait, et le logement du porcher. Au dessus de ces pièces s'étend une vaste salle de réunion. Au sous-sol, une cave fraîche a été creusée. La deuxième bâtisse abrite la porcherie pouvant recueillir 300 porcs.
 
                   
  Le matériel est acheté à M. Duvert, mécanicien à Niort, et les 50 bidons de 20 litres sont fournis par M. Suberlat, ferblantier à Coulon.

Le 8 novembre, la fabrication commence.
La machine à vapeur locomobile semi-fixe de 8ch est mise en route par le chauffeur. Les trois écrémeuses "Laval", les deux barattes "Chapelier" et le malaxeur rotatif sont vérifiés une dernière fois par le beurrier. Tout fonctionne à merveille.
Il n'y a plus qu'à attendre l'arrivée des 7 laitiers partis dans la fraîcheur de l'aube. Le directeur pourra comptabiliser les premiers milliers de litres qui arriveront dans quelques heures par le treuil à bidons.

1893 : Déjà la consécration ! La laiterie reçoit pour son beurre sa première médaille d'Or au Concours Agricole de Paris, un avant goût de la razzia de médailles que la laiterie va s'évertuer de remporter.

1895 : La quantité annuelle de lait ramassé se chiffre à 2,8 millions de litres. Le beurre obtenu, d'un poids total de 140 tonnes, est expédié sur Paris. Les bénéfices sur la vente des porcs ont contribué pour une large part au remboursement de la somme de 54.000 francs sur la totalité de l'emprunt. L'installation complète des bâtiments a coûté 70.000 francs.
 
                   
  1900 : Ce sont maintenant 800 sociétaires qui adhèrent à la laiterie. Ils possèdent 2.600 laitières de race Parthenaise et de divers croisements : Il a fallu engager 6 laitiers de plus. Deux circulent en barques.

1905 : M. Victor Goutefangeas fait son entrée à l'entreprise comme écrémeur.


1906 : M. Alphonse Breillat est à la tête du conseil, secondé par les vice-présidents MM. Pierre Berton et Jacques Pignoux. M. Charles Mussat à la charge de la trésorerie. Près de 3 millions de litres collectés ont permis de fabriquer 145.467 kilos de beurre.

1907 : M. Mussat, élu récemment président, vient d'avoir la douleur de perdre son fils âgé de 28 ans.

1910 : La société compte 721 sociétaires possédant 1.439 vaches. Un atelier de fabrication de caséine fonctionne depuis peu.
On renouvelle le matériel, en particulier les écrémeuses et le malaxeur. De plus on a installé une machine frigorifique et construit une chambre froide. La fabrication de caséine débute.
 
                   
  1911 : M. Léon Dionnet entre comme contrôleur. Les 14 laitiers ramènent cette année une quantité de 3.263.327 litres. 158 tonnes de beurre ont été transportés par chemin de fer sur Paris, Libourne et Nice. Le prix moyen du kilo de beurre est de 3,30 francs.

1914 : La guerre mobilise les hommes. D'autres arrivent en remplacement, comme M. Lorioux, le beurrier. Parmi les nouveaux laitiers, on peut voir MM. Alexandre Létang, Edmond Girardeau et Pierre Morin.

1916 : Deux nouveaux hommes prennent leurs fonotions : Le comptable M. Eugène Caillebaud et le contrôleur M. Louis Pouvreau.

1919 : On note le retour de M. Breillat à la présidence de la laiterie. L'établissement reprend la laiterie d'Epannes.

1920 : M. Caillebaud devient le nouveau directeur.

1923 : M. Breillat est réélu président.

1927 : Un jeune employé, M. Camille Bierce, fabrique ses premières mottes de beurre.
 
                   
  Médailles obtenues pour son beurre aux différents concours :
1893 : Médaille d'Or au Concours de Paris.
1894 : Médaille de Vermeil au Concours de Coulon.
1894 : Diplôme d'Honneur au Concours de Bordeaux.
1894 : Diplôme Grand Prix au Concours d’Arcachon.

1897 : Grand Prix avec Félicitations au Concours de Nice.
1898 : Médaille d'Or au Concours de Rochefort-sur-Mer.
1900 : Premier Prix au Concours de Paris.
1905 : Diplôme de Médaille d'Or au Concours de Liège.
1906 : Médaille d'Or au Concours de Milan.
1907 : Médaille de Vermeil au Concours de La Haye (Pays-Bas).
1909 : Diplôme de Médaille d'Or au Concours de Budapest.
1910 : Médaille d'Or au Concours de Bruxelles.
1913 : Diplôme d'Honneur au Concours de Gand.
1923 : Diplôme de Médaille d'Or au Concours de Paris.
1939 : Diplôme de Médaille d'Or au Concours de Paris.

Encart publicitaire de 1934.
 
           
   
                   
  1940 : Au 1er janvier la laiterie compte 600 sociétaires. 17 laitiers ramassent le lait. Aucun d'eux n'a été mobilisé et pas un seul cheval réquisitionné. C'est assez rare pour être signalé.
9 ouvriers travaillent à l'intérieur sous la direction de M. Caillebaud.

L'entreprise, présidée par M. Auguste Ribreau, reçoit 12.000 litres de lait en hiver et 20.000 en été, tous les jours. Elle produit 530 kilos de beurre quotidiennement, qui est vendu au détail à Niort et Coulon, la
plus grande partie partant sur Paris, Marseille, Nice, et Bordeaux.

L'électrification de l'usine se réalise.

Alors que de nombreuses laiteries ont abandonné la production de caséine, Coulon continue à sortir de ses séchoirs 340 kilos de poudre qui sont vendus à un grossiste de Niort, M. Jean.

La porcherie spacieuse et moderne accueille 750 porcs.
 
                   

Nettoyage des bidons dans les années 50 (coll. particulière).
Sur le site histoirecoulon.centerblog.net, il est précisé qu'à Coulon, le ramassage du lait se faisait aussi en charrette. C'est de cette façon que, pendant la guerre et jusque dans les années 1960, la famille Czubati effectuait les "tournées" de ramassage du lait. Après le décès de Monsieur Czubati en 1944, Mme Denise Czubati et son fils Lucien (dit Lulu), bien connu des Coulonnais, ont continué ce travail.

1949/50 : L'établissement met en service l'une des toutes premières unités de fabrication de poudre de lait de la région, selon la méthode Spray, dans un corps de bâtiment largement transformé à cet effet.

1951 : Avec un petit pincement au cœur, M. Caillebaud doit se résoudre à quitter son bureau. L'heure de la retraite a sonné. Son remplaçant M. Eugène Baudry a commencé son parcours en entrant à l’École Professionnelle de Surgères le 7 octobre 1941, dans la 70ème Promotion.


1952 : La collecte annuelle atteint les 4,4 millions de litres.

1956 : Sous la présidence de M. Dazelle, la coopérative laitière s'approvisionne chéz les 500 sociétaires qu'elle compte. Ses derniers possèdent un troupeau de 2.600 vaches.
Les laitiers acheminent 15.000 litres de lait chaque matin. L'entreprise traite chaque jour 1,2 tonnes de poudre de lait et 680 kgs de beurre.

Le dimanche 30 décembre, une Assemblée Générale extraordinaire se déroule dans la grande salle de réunion de la laiterie.

Les producteurs de Coulon, pas très nombreux, doivent se prononcer sur l'entrée dans leur société de leurs collègues d'Épannes, dont la laiterie est en difficulté.
L'Association Centrale les avait réunis avec ceux du Bourdet et leur proposait de fusionner avec Coulon. Epannes accepta et le Bourdet refusa.

Donc aujourd'hui, la décision d’accueillir ces nouveaux adhérents est soumise au vote des coulonnais. Sur les 177 votants, 155 se prononcent pour, tandis que 20 sont contre. Il y a deux bulletins blancs. La motion est entérinée.

La laiterie en 1954.
       

Le transport des bidons sur deux niveaux...
...pour un travail de forçat ? Non, de laitier !!!
                   
 
Le beurre de Coulon en 1954.
1957 : M. Dazelle cède la présidence au profit de M. Malveaud.
Le paiement du lait à la matière grasse nécessite pour la laiterie, une dépense d'une trentaine de millions de francs. Elle doit acheter 4.000 bidons individuels, du matériel de quai et 10 camions spécialement aménagés. M. Jean-Claude Guillemoteau entre au contrôle et à la fabrication.

Dans les années 1960 sont construits un bâtiment abritant des bureaux et un nouveau laboratoire, et le quai de réception du lait est transformé. Les entrepôts datent vraisemblablement aussi de cette période.


1963 : M. Victor Bordier préside la coopérative laitière, pour la cinquième année.

Lundi 9 septembre, le laitier M. Motard, de Magné, effectue sa tournée de ramassage au volant de son camion. Il connaît la route par cœur. Soudain, entre Vallans et Frontenay-Rohan-Rohan, en abordant le dangereux virage
de "Gautre", le véhicule dérape et va au fossé près d'un petit pont. L'avant du camion est complètement écrasé. Par bonheur le conducteur s'en tire sans une égratignure, tout au plus un peu secoué.
La cause de l'accident provient d'une rupture de la bride du ressort du train avant du poids lourd.

La progression de la laiterie continue. Son beurre et son lait en poudre se vendent bien
 
                   
  1965 : Coulon s'associe avec les laiteries de Frontenay-Rohan-Rohan et Usseau, pour les Deux-Sèvres, ainsi que celles de Maillezais, Le Gué et Nieuil-sur-l'Autize pour la Vendée. Le nouveau groupe prend la dénomination de "Union des Laiteries Coopératives du Marais (ULC du Marais)".  
                   
  1967 : Le "jeunot" Camille Bierce qui confectionnait ses premières livres de beurre en 1927, fête ses 40 ans de bons et loyaux services, et part à la retraite.

1970 : Au Salon de l'Alimentation de Paris (le SIAL), installé cette année à la Porte de Versailles dans le nouveau Palais des Expositions, la laiterie de Coulon est présente parmi plus de 200 exposants.
Comparé aux Salons des Produits Laitiers organisés naguère à la Foire de Paris, celui-ci est grandiose. Il y eut beaucoup de visiteurs et parmi eux de nombreux acheteurs étrangers. Il ne faut pas oublier que le but principal de cette manifestation consiste à favoriser l'exportation. Pour la coopérative de Coulon qui exposait ses laits en poudre, ses différents beurres et ses fromages frais, on espère que les ventes de demain seront accrues.

1973 : Après 15 ans de présidence, M. Bordier ne se représente pas. M. Breillat lui succède.

Le beurre de Coulon en 1964.
 
                   
  1979 : Coulon reste la seule laiterie du Marais encore en service. Sa collaboration avec la coopérative de Maillezais, en Vendée, continue et depuis quelque temps elle ramasse le lait de chèvre pour cette dernière.

Le 29 août est un grand jour pour l'entreprise coulonnaise ainsi que pour toutes les laiteries du Poitou-Charentes. Grâce aux efforts persistants de l'Association Centrale des Laiteries Coopératives, les beurres de ces entreprises régionales obtiennent du gouvernement l'Appellation d'Origine Contrôlée (A.O.C). C'est une première en France pour la fabrication beurrière de cette région, qui représente tout de même 10% de la production nationale.

La petite vache, la mascotte des beurres, devient célèbre dans le monde entier.

Le fromage d'Edam, lisible sur la facture, n'était pas fabriqué à Coulon, mais à Frontenay-Rohan-Rohan (fromage "Le Bleuet"), et le fromage "Champérou", une sorte d'Edam, était fabriqué a St Hilaire-la-Palud mais commercialisé par Coulon. Ce fromage était plat dessus et pesait environ 2kg il était recouvert d'une couche plastifiée de cire noire.
 
                   
  1985 : Regroupée avec Maillezais (85) , l'établissement prend le nom de "Union de la Venise-Verte".
La cheminée en brique est arasée et remplacée par une conduite en métal. Actuellement, le beurre est vendu à des boulangers-pâtissiers industriels, comme la poudre de lait, dont une grande partie est exportée.

1995 : Coulon poursuit son petit bonhomme de chemin dans la discrétion, avec sa partenaire vendéenne. Les deux laiteries ont créé "l'Union Laitière de la Venise Verte".

400 tonnes de beurre sortent annuellement de l'établissement qui emploie 14 personnes, sous la direction de M. Guy Rambaux.


Coulon continue de transformer le lait de vache en poudre pâtissière pour des boulangers-pâtissiers industriels, ainsi que la poudre de lait infantile, dont une grande partie est exportée. Une dizaine de personnes travaillent dans cet établissement.

Comme dit un vieux maraîchin : "tant qu'il y aura des vaches dans les prés, la laiterie continuera d'exister !". Sauf que...

2003 : La laiterie de Coulon cesse ses activités, l'essentiel de la production est ramené à Maillezais (85), siège de l'Union Laitière de la Venise Verte.
   
     
     
  2005 : Promu à la friche, le site est sauvé in extremis par Ségolène Royal et le Parc Interrégional du Marais Poitevin. Ce dernier, à l'occasion d'une visite, permet de rappeler combien la transformation du site est évidente. La friche supposée a laissé place à un véritable complexe touristico-commercial. L'objectif de la réhabilitation de ce site est double ; il s'agit de redonner vie à un patrimoine et de valoriser les produits et ressources locales du Marais dans une des communes les plus touristiques du Parc. La cour composée de grandes dalles de béton balayées, ponctuées de ligne en acier, rappelle la mémoire industrielle du site. De grandes fosses de plantations agrémentées d'essences locales offrent des assises aux visiteurs. Une nouvelle terrasse et un espace de dégustation sont aménagés. L'entrée de ce pôle des produits du Marais est améliorée pour en renforcer la lisibilité et le lien avec le bourg.

Différentes étapes montrent toute l'évolution du site de la laiterie.

2006 : L'installation de la Conserverie et son atelier de transformation ainsi qu'une boutique.

2009 : Arrivée du Conservatoire de plantes et races animales locales.

2011 : La Brasserie du Marais poitevin fabrique des bières artisanales (Tête de Mule).

2012 : Biscuiterie et chocolaterie, améliorent encore l'aspect des lieux et apportent un plus économique. Autres bénéfices sur le plan communal, le parcours pédestre en rejoignant le bourg par les bords de Sèvre et la proximité de plusieurs parkings. Tout concorde à la découverte de ce bourg touristique.
                   
         
              Rédaction et mise en page ED - © letyrosemiophile.com
                   
               
                   

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