Deux-Sèvres 

                   
       

 

Laiterie fromagerie coopérative

de la Fontaine d'Argent

à

ÉPANNES

 

       
                   

 

Historique : 1899 - 1956
     
                   
  1899 : Le 29 octobre, dans le village d'Epannes quelques femmes nettoient les tombes familiales dans le petit cimetière où se dresse fièrement une belle croix hosannière. La Toussaint est proche. Pendant ce temps, les hommes, réunis au café du bourg, écoutent attentivement les paroles de M. Mouillier, l'instigateur avec M. Louis Sarraud de cette réunion. Quelques heures plus tard on arrose la naissance de la laiterie coopérative. M. Mouillier en devient le premier président.
Le lieu-dit "La Gorre" situé à 1km de la commune et à 500 mètres de la gare, parait l'endroit idéal pour construire la beurrerie.
 
                   
  1900 : Le 9 mai, au petit jour, les deux ramasseurs, engagés effectuent la première tournée chez les 135 sociétaires. Les juments ne seront pas trop fatiguées car la collecte ne dure qu'une heure et demie. Jusqu'au 30 mai, M. François Bonneau, le directeur-comptable, un beurrier et un chauffeur écrémeur auront travaillé 41.884 litres de lait. 2 tonnes de beurre sortent de l'usine.
La plupart des vaches sont de race Parthenaise. On y rencontre également quelques croisements de Normandes. Leur nourriture se compose d'herbes et de fourrages secs et verts, de choux, maïs, betteraves, foin.

1905 : Le conseil d'administration dont le président est M. Louis Sarraud et les vice-présiderts MM. Alphonse Monneron et François Naud, accueille avec joie un grand nombre de sociétaires du village de "Rochenard" qui viennent de quitter, au mois de novembre, la laiterie du Bourdet.

1906 : Cette laiterie coopérative remporte la médaille de bronze au concours agricole de Paris.


1907 : Le bureau du conseil est réélu et se compose de la façon suivante : Président : Louis Sarraud. Vice-présidents : MM. Monneron et Naud. Trésorier : Victor Régnier. Secrétaire : Alfred Meureau.
Un petit vin d'honneur est organisé pour M. Léopold Devaud, membre du bureau et qui vient d'être nommé Officier du Mérite Agricole.

1908 : M. Prieur devient président.
 
                   
  1909 : Toujours sous la présidence de M. Félix Prieur, la société compte 220 sociétaires qui possèdent 693 vaches.
Les 4 laitiers ont ramassé pour l'année 757.840 litres. Le poids de beurre obtenu se monte à 36.111 kilos. Les mandataires, qui prennent une commission de 30%, vendent le kilo de beurre 2,65 francs à Paris.

Au mois de novembre, on commence les travaux d'agrandissement et de réfection des bâtiments. Le vieux matériel se renouvelle. Les deux petites écrémeuses Alfa-Laval sont remplacées par une grande Alfa-Laval et une Baltic.
 
  1912 : M. Lucien Devaud, le nouveau président, annonce les résultats de cette année. La collecte a augmenté avec 1.255.624 litres. Un peu plus de 55 tonnes de beurre furent produites.

1927 : La présidence est une affaire de famille à Epannes. Elle revient à M. Aristide Devaud.

1931 : Quant on apprend aux paysans d'Epannes qu'on vient de procéder en Normandie à la première traite mécanique, ils en rient et n'en crottent pas un mot. C'est impossible pensent-ils, on ne peut remplacer la main de l'homme. Les vaches vont souffrir et même tarir, renchérissent certains. Le père Edmond est l'un d'eux. Il me raconte l'histoire vraie d'un fils d'un éleveur qui dut s'absenter pendant trois jours de la ferme familiale. Pendant ces trois journées, une vache habituée à la main du jeune homme, refusa de se laisser traire malgré la douleur que devait lui faire ressentir la congestion de sa mamelle. Dès qu'elle sentit revenir le fils de la maison, elle sortit de l'herbage et courut vers lui pour se faire traire. Alors vous pensez, c'est pas une machine qui pourra prendre notre place.
Et pourtant effectivement au mois de janvier, des essais ont eu lieu à la ferme agronomique de Gournay, en Seine-Inférieur par M. J. E. Lucas. L'expérience prouva que le rendement journalier des vaches traites à la machine était supérieur de 1, 5 litres par rapport à la traite à la main. Malgré cela à Epannes comme partout en France les agriculteurs sont méfiants par principe. Le père Edmond n'y croit pas.
 
                   
  1939 : Le Dimanche 14 décembre, les sociétaires de la laiterie sont réunis au café de la Gaité, dans la salle André au Pont d'Epannes pour leur Assemblée Générale. M. Devaud préside la séance. A la tête de la société depuis 12 ans, celui-ci exprime le désir de se retirer pour raison de santé. Il demande à l'assistance de désigner son remplaçant. A l'issue du vote, M. Devaud, ayant eu la majorité des voix, se retrouve, malgré lui réélu. Devant l'insistance de l'assemblée et en raison des événements actuels, il consent à conserver son poste.

La collecte annuelle se chiffre à 1.084.149 litres et le beurre produit de 47.538 kilos.

M. François Bonneau arrête ses fonctions après 29 ans de bons services. Son successeur à la direction est M. Pierre Barbanneau.
 
                   
1943 : M. Prin succède à M. Devaud à la présidence.
Le Dimanche 4 Avril, les trois conseils d'administration des laiteries coopératives d'Epannes, de Vallans et de Frontenay-Rohan-Rohan se réunissent pour tenter une fusion entre eux. La tentative échoue.

1950 : L'établissement fabrique des camemberts et des fromages frais. Un atelier de production de lait en poudre est mis en service. Avec les sociétaires de la laiterie de Vallans qui ont rejoint Epannes après la fermeture de leur laiterie, ce sont en tout 200 agriculteurs qui ravitaillent la coopérative.
Parmi les ouvriers on peut voir MM. Joseph Hippeau et son fils, Maurice Misbert qui était avant à Vallans, Robert Huard.
Dans les jours de grandes collectes d'été, les laitiers ramassent jusqu'à 6.000 litres par jour.

étiquette de camembert "La Fontaine d'Argent"
       

1951
                   
  1951 : "Mutinerie au pénitencier"
Une fois par semaine, un chauffeur part livrer du lait en poudre au Pénitencier de l'île de Ré. Il en a pour la journée, car il faut prendre le bac et en cas de retard il faut attendre le prochain 2 ou 3 heures après.
Un matin, les détenus refusent de consommer le lait en poudre. Le prétexte invoqué est un dessin imprimé sur les sacs de 10 kilos de poudre. Il représente une vache broutant dans un pré. Les mutins trouvent qu'elle leur rappelle trop la liberté alors qu'eux sont entre quatre murs. Pour éviter que le conflit s'aggrave, la laiterie livrera désormais des sacs vierges de tous dessins.
 
                   

article sur Marcel et Madeleine Devaud
21 mars 1952 - journal Ce Soir
                   
  1952 : 1,5 million de litres sont ramassé cette année. Les recettes ne suffisent pas pour pouvoir investir. Les sociétaires savent bien qu'ils ne pourront continuer seuls.

1956 : La collecte stagne à 1,5 million de litres.
Au mois de décembre, lors de l'Assemblée Générale provoquée par l'Association Centrale, contrairement à ceux du Bourdet, les adhérents d'Epannes acceptent la fusion avec la laiterie de Coulon.
M. Dubreuil André qui gérait sur la fin les affaires de la laiterie est depuis trois mois à la direction de la laiterie d'Andilly-les-Marais, en Charente-Maritime.

Le 31 Décembre la laiterie d'Epannes ferme ses portes.
 
                   
         
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