Deux-Sèvres 

                   
       

 

Laiterie fromagerie

coopérative d'IRLEAU

(LE VANNEAU)

 

       
                   

 

Historique : 1890 - 1961

 
 

D'après Joseph Lamiaud, les industriels, peu nombreux, furent le fruit de l'évolution agricole. La production laitière fit naître, à Irleau, au début du XX° siècle, une laiterie fromagerie Boumier dont il ne reste pas de traces.

1890 : Le 23 Février, le village du Vanneau, qui se mire dans les eaux calmes de la Sèvre Niortaise, parait désert en ce jour d'hiver. Et pourtant, dans un vaste local, se tient une réunion très importante. 112 agriculteurs répondant à l'invitation de M. Ulysse Mounier, fondent dans un tonnerre d'applaudissements, leur laiterie coopérative. Mr Mounier devient à 43 ans le premier président de la future beurrerie, baptisée: "Laiterie de la Vallée de la Sèvre". Comme aussi l'indique l'encyclopédie de 1954, il semble que  Monsieur Boineau-Chabot fut aussi à l'origine de la création de la laiterie.

 
       
 

Le choix de la construction des bâtiments se porte au lieu-dit , "La chaume d'Irleau" situé à 300m du village d'Irleau et à 5km de la gare de St-Georges-de-Rex, sur la ligne d'Epannes à Marans. Six mois plus tard, la laiterie, dirigée par Mr Baptiste Barreaud, reçoit ses premiers litres de lait. Parmi les laitiers, il faut signaler la présence d'une femme, Mme Marie Tardy.

1894 : Pour une collecte annuelle de 2.425.272 litres, les ouvriers ont produit 122.158 kilos de beurre. La coopérative, forte maintenant de 437 sociétaires, peut compter sur le lait de ses 1.500 vaches de races diverses.

1895 : Les bâtiments, spécialement construit, se composent de
      - l’usine proprement dite ;
      - deux porcheries placées perpendiculairement à la laiterie et allant du nord au midi ;
      - une maison d’habitation pour le porcher ;
      - un hangar

La porcherie annexée à la laiterie d’Irleau date du jour de la création de cette dernière. Elle est située au midi, exploitée par la société et compte 390 à 400 animaux. Ces derniers sont achetés à l’âge de 3 à 4 mois et conservés dans l’établissement pendant 4 ou 5 mois. Leur nourriture se compose de petit lait et de farine d’orge.
 Les porcs sont tous vaccinés à leur entrée dans l’établissement ; ainsi grâce à cette mesure, on n’a pas eu à déplorer de cas de rouget. La porcherie a été épargnée également de la pneumo entérite.
 Les dépenses annuelles s’élèvent à 10.000 francs environ. Le porcher et sa femme reçoivent un salaire de 1.000 francs par an.
  Les animaux sont vendus à des marchands et expédiés tous les 15 jours par wagon à la Villette.
Les bénéfices réalisés par la porcherie ont été les suivants : en
1891 : 14.157 francs, 78
1892 : 14.616 francs, 90
1893 : 26.257 francs, 67
1894 : 21.677 francs, 95

 
                   
 

Le matériel comprend une machine horizontale de la force de 10 chevaux ; 5 écrémeuses (4 centrifuges de Laval, d’un débit de 300 à 400 litres à l’heure, et une Alfa A 2 d’un débit de 800 à 1000 litres à l’heure) ; d’une baratte Chapelier et de malaxeurs rotatifs.
Le prix d’acquisition de ces instruments a été de 3.800 francs (écrémeuses, barattes, malaxeurs).
L’écrémage se fait chaque jour une heure ½ après le lever du soleil ; la crème est conservée, été comme hiver, pendant une journée dans l’intérieur de l’usine.
Le barattage se fait entre 5 heures du matin et 3 heures de l’après midi, suivant la saison. Le beurre est ensuite emballé dans des paniers d’osier, du papier paille ou de la paille et expédié en grande vitesse à Paris, où il est vendu aux halles centrales par l’intermédiaire de mandataires.
Le personnel de la laiterie se compose d’un comptable, d’un chauffeur, d’un beurrier et d’un écrémeur.
Les ramasseurs, au nombre de 14, apportent le lait par charrettes et bateaux ; leur tournée dure 3 à 4 heures.
La quantité de lait fourni pendant l’année 1894 a été de 2.425.272 litres, soit une moyenne de 6.736 litres, 86 par jour.
Le beurre obtenu pendant la même année a été de 122.158 kilos 500 soit 339 kilos 330 par jour.
Le prix moyen de beurre a été de 3 francs, 57 par kilogrammes

Deux barattes Simon, de 600 litres chacune, ont été achetées en 1897 et 1899

La laiterie d’Irleau s’est placée au 1er rang par son importance et la quantité de ses produits ; ainsi dès le début, a t’elle servi d’école pour l’installation des coopératives qui se sont multipliées depuis la région.

1899 : 142.039 kilos de beurre ont été vendus 409.546 francs.
La vente sur place aux personnes non associées a été la même que pour Paris. Les sociétaires ont payé en moins les frais de vente qui s’élèvent à 0 francs, 40 par kilogramme aux halles.
La plupart des vaches appartiennent à la race maraîchine et à des croisements divers ; leur ration se compose de foin de prairies naturelles, de regain, de fourrages de prairies artificielles, développés sur des terrains d’alluvion.
Les dépenses d’installation de la laiterie se sont élevées à 71.114 francs 70 centimes et ont été couvertes par un emprunt remboursable, suivant les bénéfices réalisés par l’établissement.
Les employés reçoivent le traitement suivant : Le comptable et le beurrier chacun 1000 francs ; le chauffeur 900 francs ; l’écrémeur 1 franc, 70 par jour.
Les frais d’entretien du moteur, charbon, huile ainsi que les frais d’emballage reviennent à 0,004 francs par litre et par jour.

1900 : on a ajouté des réchauffeurs, un réfrigérant, et une machine frigorifique. Les laitiers sont actuellement au nombre de 15, dont 8 servent de bateaux sur la sèvre et ses canaux.
Ces nouvelles améliorations portent à 90.000 francs environ les frais d’installation.
Les ramasseurs de lait, à l’aide de bateaux, reçoivent 30 à 35 francs par mois, et ceux qui se servent de charrettes touchent 50 francs par mois.


1905 : En dix ans, les laitiers ont acheminé, en charrettes ou par bateaux, 1 million de litres de lait en plus. Le conseil d'administration a la composition suivante: Président: Mr Ulysse Mounier ; vice-présidents: Mrs Alphonse Prot, Louis Courseau, Louis Pierceau et Francis Garnier.
 
                   
  1906 : La laiterie reçoit pour son beurre un diplôme d'honneur à l'exposition de Milan et une médaille de vermeil à l'exposition de La Haye.

1907 : Après 17 ans à la tête de la coopérative, Mr Mounier cède la place. Pour le remercier de ses années de dévouement, le conseil le nomme à la présidence d'honneur. Parmi les administrateurs élus ou réélus, on remarque des anciens, comme Mrs Courseau, Pierceau, Garnier et des nouveaux, tels Mrs Honoré Fabien, Boineau-Tardy, Oscar Caillas (trésorier) et surtout Mr Gustave Caillas qui devient le président.


À huit jours d'intervalle, deux sociétaires sont exclus et condamnés à une forte amende chacun, pour avoir frauder. La laiterie a fabriqué 147.142 kilos de beurre, cette année.

1910 : La coopérative compte 450 sociétaires, possédant un troupeau de 1.900 vaches. Elle paie le litre de lait 12 centimes. Le petit lait est vendu 2 centimes à un fabriquant de caséine, Mr Jean. Les mandataires des Halles de Paris vendent le beurre au prix moyen de 2,71 francs le kilo.
 

           
Rien n'est fait pour améliorer la race des laitières. Le rendement moyen en beurre, guère brillant, s'élève à 21 litres de lait pour 1 kilo de beurre.

1912 : La laiterie compte un effectif de sept employés et quatorze laitiers indépendants. Parmi les ouvriers, un nouveau beurrier, Mr Edouard David, remplace un collègue, parti en retraite.

1913 : La laiterie a jusqu'à présent fabriqué exclusivement du beurre. Le président, Mr.Caillas, décide le début de la fabrication de la caséine, aussi la porcherie attenante bénéficie des sous-produits, elle va contenir jusqu'à 250 porcs.
Le remplacement des vieilles machines est aussi au programme.

1922 : La laiterie reçoit pour son beurre une médaille d'or à l'exposition de Paris.

1930 : Le président est Mr Marchand.

Camembert de la Venise verte.
 
     
 

1932 : La laiterie reçoit une médaille d'or à Paris pour sa caséine présurée. Le directeur Mr André Bouhier, arrivé récemment, est ravi.

1943 : Le 30 Mars, la coopérative fait un don de 1.000 francs, à la caisse locale des prisonniers de guerre du Vanneau.

1944 : Le 28 octobre, Mr Brangier Edmond, diplômé de l'école de Surgères en Octobre 1929, Officier du Mérite Agricole, devient le directeur.

1946 : Il fut décidé de l'aménagement d'une fromagerie, qui commence à fonctionner en septembre 1947.

 
                   
                   
     
  1947 : Le 24 Mai, Bertrand Henri devient président. Propriétaire-exploitant au Vanneau, ses connaissances administratives sont très étendues, il est très respecté et suivi par son conseil d'administration. M. Bouillé, lui, assure la direction.

1950 : La laiterie compte 175 adhérents.

1952 : La collecte annuelle se monte à 1,3 millions de litres. Elle est considérée comme l'une des plus petites laiteries coopératives des Deux-Sèvres. Elle projette de produire de la poudre de lait. Hélas, estimant le dessein trop ambitieux, par rapport à la taille de l'entreprise, le Comité de Production et d’Équipement Agricole des Deux-Sèvres ne voulut pas le retenir. La laiterie renonce à ce projet. Mr Bouhier quitte la laiterie pour celle de Bois-Hardy, en Charente-Maritime. Son successeur est Mr André Marchive.
Des camemberts sont fabriqués en petite quantité.

Publicité de 1951
           
                   
 
Le moulage
1956 : La collecte ne varie pas. Elle aurait même tendance à diminuer depuis quelques mois. Les marges bénéficières se réduisent.
La plus grande partie du lait est véhiculée par camions. Cependant l'accès de certaines fermes ne permettant toujours pas ce mode de locomotion, parce que situées en plein marais, le lait est donc ramassé par bateaux, qui viennent jusque sous le quai de déchargement, sur lequel les bidons sont hissés par un monte-charge mécanique.

La laiterie d'Irleau est la seule du marais Poitevin a posséder des pâturages de première qualité qui donnent aux produits un arôme et un goût très appréciés du consommateur.

Le camembert "Irleau" se mariait bien avec un château-Figeac grand cru St-Emilion 1947
 
                   
 
Camembert de la Belle cabanière.
La cabanière est une coiffe traditionnelle portée dans l'ouest de la France
dès le début du XIXe siècle, jusque dans l'entre-deux-guerres.
 
 

 

 
  1960 : La situation financière de la coopérative se trouve au plus mal. L'association avec sa voisine de Coulon se réalise. Les employés vont travailler dans cette dernière. Le directeur, Mr Marchive quitte Irleau pour la laiterie de Bords, en Charente-Maritime.

1961 : La laiterie fusionne avec la coopérative de La Mothe Saint-Héray. Le Marais perd encore une industrie, avec la fermeture de la coopérative laitière de la Vallée de la Sèvre.

1994 : Il ne reste plus rien de la laiterie d'Irleau.
 
        Rédaction ED - letyrosemiophile.com
           
                   
 

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