Deux-Sèvres 

                   
       

 

Fromagerie

de

MAUZÉ-SUR-LE-MIGNON

(79AM)

 

       
                   

 

Historique : 1890 - 1970
                   
     
  1890 : Le 1er Mai, plus de 200 paysans convergent vers la Patrie de l'explorateur M. René Caillé, décédé il y a deux ans, et qui fut le premier européen à pénétrer à Tombouctou (Mali) en 1828. L'enfant célèbre de Mauzé aurait certainement apprécié l'initiative prise ce jour par une poignée d'agriculteurs conquis par la volonté d'un homme, M. Festy du "Moulin à Drap", qui refuse de voir mourir son village.

La commune a vu tout son vignoble anéanti par le phylloxéra, il y a cinq ans. La vigne était sa seule richesse. Et depuis, la population semble se résigner à cette fatalité. Désormais, on se tourne vers l'agriculture, l'élevage et la production de lait.

Au début de cette année 1890, M. Festy et quelques propriétaires, se rendent dans la petite commune charentaise de Chaillé, distante d'une dizaine de kilomètres et où M. Eugène Biraud a installé la première laiterie coopérative de la Charente inférieure. Les fermiers mauzéens en reviennent enthousiasmés et convaincus qu'ils doivent réaliser la même chose chez eux pour sortir de la misère leurs collègues. Reste à les persuader de tenter l'aventure. Après bien des efforts, M. Festy parvient à cette réunion d'aujourd'hui. Dans la soirée, la laiterie coopérative de Mauzé est née. La présidence revient à son créateur M. Festy.

Les murs de la future beurrerie vont s'élèver à 400 mètres du bourg, près de la gare de Mauzé. Les bâtiments, d'une longueur de 22 mètres, comprendront 9 pièces, dont 6 seront affectées au service de l'usine, les 3 autres, au logement d'un employé.
 
                   
  Le 14 Juin 1890, le directeur-comptable, M. Tardy, le beurrier M. Gustave Chémereau et deux ouvriers, reçoivent les premiers litres de lait, ramassés chez les 240 sociétaires. L'écrémage s'opère de très bonne heure, le matin. A cette époque, le rayon d'action de la laiterie n'est pas très étendu, six kilomètres seulement.

1898 : L'entreprise collecte pour l'année 1.417.900 litres qui produisent 66.214 kilos de beurre. Celui-ci se vend 2,65 francs aux Halles de Paris. La coopérative compte maintenant 280 sociétaires, possédant un troupeau de 935 vaches de races très diverses.

1905 : "Un drame évité de justesse". Le samedi 4 Avril, vers 10h du matin, le laitier M. Cerceau, habitant le village de "la Revêtison", s'en retournait, après avoir porté son lait à la laiterie. Soudain, en arrivant dans la rue "Contre-Amiral Savarit", son cheval prend peur et part au galop, en entraînant avec lui la lourde charrette. M. Cerceau, jeté à terre, est inerte, sa tête ayant percuté le sol. Pendant ce temps, l'animal continue sa folle chevauchée, terrorisé par le bruit des bidons vides qui s'entrechoquent. La pauvre bête, excitée de plus par la chambrière (pièce mobile qui sert à tenir horizontalement la charrette quand celle-ci n'est pas attelée) qui lui fouette les jambes, s'engage dans la Grand'Rue. Profitant d'un légrer ralentissement du cheval, le teinturier, M. Jules Blay, se jette à l’encolure de l'animal et parvient à maîtriser ce dernier. Par miracle, personne n'a été renversé, ni blessé. Seul le laitier, M. Cerceau en est quitte pour une grosse bosse et quelques jours de repos.

Le beurrier, M. Chémereau fête ses 15 ans de travail assidu à la laiterie.
 
                   
  1906 : Le Dimanche 14 Janvier, se déroulent les élections du Conseil d’Administration. M. Picaud, l'ancien président depuis 12 ans, ne se représente pas. Le nouveau bureau le nomme président honoraire, sous les
applaudissements des sociétaires présents. Les administrateurs élisent M. Marie-Jules Bussac à la présidence, et M. Albert Brouillac comme vice-président.

1907 : Avec l'arrivée de M. Clovis Moinier, ce sont maintenant 4 employés, toujours sous la conduite de M. Tardy, qui traitent les 1,7 millions de litres que leur rapportent les laitiers. Parmi ceux-ci, on peut voir le solide M. Cerceau, bien remis de sa mésaventure, et deux nouveaux, MM. Jean Delavaud et Louis Morisset. On apprend avec joie, que le président, M. Bussac, vient d'être nommé Officier du Mérite Agricole.


1909 : La laiterie se refait une jeunesse, en changeant son vieux matériel. Deux écrémeuses, une "Alfa-Laval" et surtout une "Astra-Laval", considérée comme la plus performante de l’époque, sont installées. De plus, l'entreprise s'équipe d'appareils pour la pasteurisation, en cas d'épidémie. Après 19 ans d'excellent travail à la direction de l'usine, M. Tardy peut enfin profiter d'un repos bien mérité. M. Félix Clerc vient le remplacer.
 
             

23 février 1910, L'Echo Rochelais
1910 : Les 2 millions de litres de lait seront certainement atteints à la fin de l'année. C'est du moins l'objectif que se fixe le président, M. Bussac, en ouvrant la séance de l'Assemblée Générale de ce mois de janvier. Les 350 sociétaires, possédant 1030 laitières, espèrent assouvir les souhaits du dirigeant. lls ont déjà réalisé un grand effort dans la sélection de la race bovine. Depuis deux ou trois ans, l'espèce prédominante est la "parthenaise".
Une partie du lait écrémé sera vendue dorénavant à un industriel, l’autre quantité de petit lait est achetée par le fermier qui exploite la porcherie.
L'installation d'une porcherie, annexée à la laiterie, a été créée en même temps que cette dernière. Le fermier signe un bail de 10 ans, renouvelable en fin de contrat. L'exploitant engraisse 250 porcs. Leurs aliments se composent de lait, de farine d'orge, de grains bouillis et de glands ramassés à l'automne dans la forêt de Chizé. Les animaux sont achetés à l'âge de 3 mois et gardés dans l'établissement pendant 4 mois environ. Le petit lait est vendu au fermier au prix de 1,05 fr l'hectolitre. Depuis l'épidémie de pneumo-entérite (maladie souvent mortelle qui attaque les poumons et les intestins chez le porc), qui a fait des centaines de victimes en 1895, aucune maladie contagieuse n'a été constatée sur les animaux.
                   
     
  Cette année 1910 voit aussi l'édification d'un atelier de fabrication de caséine.

1912 : Le 16 Février, suivant l'exemple de la laiterie d'Echiré, M. Festy crée la coopérative de ramassage d’œufs.


1914 : La grande tragédie mondiale éclate. La mobilisation éclaicit les rangs des laitiers et des ouvriers. On essaie, tant bien que mal, de trouver des remplaçants. Parmi ceux-ci, M. Jules Larelle effectue le ramassage du lait, avec sa mule. A l'appel des sociétaires, le fondateur de la laiterie, M. Festy, revient à la présidence.

juin 1914
 
                   

26 novembre 1921, L'Echo Rochelais
1924 : Deux employés partant en retraite sont remplacés par M. Marcel Barbot, comme beurrier et M. Marcel Mesureau, comme laitier.
M. Festy préside pour la dernière fois le conseil d'administration. Il pense qu'il est temps de laisser la place à plus jeune que lui. M. Richard hérite de celle-ci.

1929 : Après la première Guerre, la porcherie s'agrandit et se modernise.

1934
             
  1936 : "Décès d’un grand président" : M. Festy vient de s'éteindre. Avec lui, disparaît le nom d'une des plus anciennes familles de Mauzé, dont les membres, au cours du siècle dernier, ont eu une large part à la vie administrative communale. Son père fut Maire de Mauzé et décéda en 1870. Lors de la disparition du vignoble mauzéen, Théodore Festy fut l'un des premiers à chercher le remède à ce fléau. Et dès qu'Eugène Biraud de Chaillé eut mis son idée en pratique, M. Festy, subjugué comme d'autres propriétaires, fondait la laiterie de Mauzé, en 1890. Elu président pendant quatre ans, il se retira alors et fut nommé président d'honneur. En 1914, un nouvel appel étant adressé à sa compétence et son dévouement, il reprit la tête du conseil et l'exerça jusqu'en 1924. Il redevient Président d'Honneur. De plus en 1912, toujours fidèle au principe coopératif, il créa la coopérative d'oeufs, dont il fut le président jusqu'à sa mort. Il était Officier du Mérite Agricole. Constamment disponible et à l'écoute des sociétaires, il restera comme l'un des hommes qui aura contribué à l'amélioration des conditions de vie des paysans mauzéens. Une foule énorme et de nombreuses personnalités l'accompagnent à sa dernière demeure.
                   
  1939-45 : Comme les autres laiteries, Mauzé tournera au ralenti pendant la seconde guerre mondiale. Son président est M. Aristide Jean, le propriétaire des Etablissements Monnet S.A., spécialisés dans la fabrication de la caséine, dont une usine est installée à Mauzé et l'autre à Chambon, en Charente-inférieure.  
                   
   
                   

1947
 
       
                   

1954

1950 : Sous la conduite du directeur M. Louis Jean, la laiterie reprend son rythme normal. Le conseil d'administration a élu à la présidence M. Pierre Guillot.

1952 : La collecte annuelle s'élève à 2,7 millions de litres. L'entreprise fabrique depuis quelques temps de la poudre de lait selon le procédé Hatmacker.

1956 : Les laitiers ramènent 145.000 litres de lait de plus, par rapport à l'année 1952. De nos jours, ces 1,8 millions de litres ne représentent qu'une faible quantité en comparaison de celles des autres coopératives. Coulon ramasse le double, Celles-sur-Belle le triple, La Mothe St-Héray quatre fois plus.

1958 : M. Pierre Guillot, président de la laiterie, et M. Monnier, adjoint au maire d'Usseau, reçoivent le 23 septembre, le mérite agricole au comice de Mauzé-sur-le-Mignon.
 
Pierre Guillot et M. Monnier en 1958.
                   
  1965 : c'est la folle époque où le monde laitier bouge. Pour pouvoir répondre aux nouvelles données économiques du marché, les laiteries fusionnent entre elles, afin de constituer des groupes, de moyenne importance, capables de lutter contre la furieuse concurrence. La laiterie de Mauzé comme d'autres, suscite la convoitise, mais malgré les difficultés qui commencent à poindre à l'horizon, elle garde son autonomie.

1970 : Après une résistance de cinq ans, le 1er Janvier, toujours sous la présidence de M. Pierre Guillot, la laiterie fusionne avec la coopérative laitière de Surgères. Le directeur M. Jean part à la laiterie de Bois-Hardy, en Charente-Maritime. 80 ans après avoir été ouvertes, les portes de la laiterie se referment pour toujours.


Les bâtiments sont rachetés par des particuliers. Plusieurs bâtiments sont démolis, dont le quai de réception du lait, la chaufferie, le transformateur, deux des trois porcheries et la cheminée d'usine.

1994 - 2024 : La laiterie à été gardée en bon état par ses propriétaires.
 
                   
 
 
                   
                   
         
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