Deux-Sèvres 

                   
       

 

Fromagerie Barribaud

à PARTHENAY

(79AR)

 

       
                   

 

Historique : 1918 - 1957
     
     
                   
                   
  C'est vers 1918 que M. Gabriel Barribaud, 38 ans, crée une laiterie au 23 rue Thiers à centre de Parthenay. La petite entreprise commence par fabriquer du beurre.
Mais après quelques mois de production, les mauvaises odeurs et les eaux sales qui se répandent dans le voisinage, contraignent M. Barribaud à déménager.
 
                   
                   
                   
           
                   
                   
                   

Gabriel Barribaud / coll. privée
Vers 1920, Gabriel Barribaud installe sa nouvelle fromagerie sur les rives du Thouet, au 19-21 rue du Moulin, à l'emplacement de l'ancien moulin désaffecté de Saint-Paul qu'il réaménage.

Le choix du site de cette laiterie industrielle se justifie par la nécessité d'une "force motrice (la vieille roue à aubes qui actionnait jadis le moulin) et par l'eau qui doit être abondante, très propre et d'une température égale, tant en hiver qu'en été".

Afin de s'assurer une fabrication uniforme tout au long de l'année, il fait forer dans la roche un puits de 70 mètres de profondeur afin d'obtenir une eau plus douce et à température constante de 10°C.


Gabriel Barribaud fait aussi installer l'électricité. Il aménage une fromagerie dans les bâtiments à deux niveaux situés contre le coteau, ainsi qu'une beurrerie dans ceux construits au bord du Thouet.

Il fait installer une roue hydraulique entre les deux barres de construction par les établissements Appercé, constructeur mécanique de Parthenay. Son choix de matériel laitier semble complet et relever des derniers perfectionnements : dynamo, moteurs, barattes, mélangeurs, écrémeuses, réfrigérateurs. Le nombre total de fournisseurs de lait s'élevait à plus de 700.

Vue de l'ancien moulin St-Paul
                   
 
Vue de l'ancien moulin St-Paul

Les bâtiments rénovés de la laiterie Barribaud :
A gauche la fromagerie, à droite la beurrerie. / coll. privée
 
                   
  A la sortie du faubourg St-Paul, de l'autre coté du Thouet, il aménage plusieurs écrémeuses dans un hangar rue de la Foye. Là, il élève entre 60 et 80 porcs. L'installation de porcheries dans ce type d'établissements était assez courante car les cochons étaient nourris avec le petit-lait.

Gabriel Barribaud mène une politique de développement en devenant propriétaire de plusieurs fabriques.

En 1921, la moyenne journalière de production est de 450 litres.

En 1927, la moyenne journalière de production est de 5.700 litres.

En 1928, la moyenne journalière de production est de 7.900 litres.

En 1932, la moyenne journalière de production est de 14.000 litres.
 
                   
           
  En 1932, il acquiert la Laiterie d'Ayron (Vienne), située à une trentaine de kilomètres. Cela lui permet d'augmenter sa production de 5.000 litres de lait par jour.

En achetant cette fromagerie, il achète également les marques de fromage.

Il conserve l'étiquette du héron (jeu de mot), changeant la dénomination "Ayron" en "Parthenay"... et donc le jeu de mot disparaît !
   
                   
  Il garde également la marque "Camembert du vieux prieuré", une vieille marque qui a précédemment migré de Mesnil-Bacley (Calvados) à Ayron (Vienne).

Le "Camembert des Prieurs du Val-Boutry" date de la fin du XIX° siècle, et représente un moine qui aide une laitière à charger ses bidons de lait sur sa mule, devant le portail du prieuré de la Chapelle du Val-Boutry, tel qu'il devait exister ou qu'on peut se l'imaginer.

La marque de Barribaud présente ainsi la même typographie qui s'est perpétuée de décennies en décennies.
                   
  C'est en cette fin d'année 1933 que Gabriel Barribaud rachète la Laiterie-Fromagerie Péjout de Parthenay (voir en haut de la page), qui lui faisait concurrence, récupérant ainsi plusieurs tournées de lait aux alentours de Parthenay. Pareillement, il conserve l'étiquette de Péjout où est dessinée la porte St-Jacques.  
                   
  C'est ainsi que les camemberts produits par Gabriel Barribaud se vendent sous les marques : "Camembert du Vieux Prieuré", "Véritable camembert : Le Héron" et "Porte Saint-Jacques".

1942 : Avec son fils Pierre (de 13 ans seulement) qui le seconde, M. Barribaud engage un bon fromager et se lance dans la continuité de la fabrication des camemberts.
Le comptable de la laiterie est M. Bodet. A l'écrémage on peut voir M. Cadu. La maison Demoury-Boissinot de Thouars se charge de la vente du beurre.

1950 : Les laitiers indépendants MM. Gabriel Pigeau, Joseph Ingremeau, Valère Bonneau, Chauvin, Fourré récupèrent la crème à l'aide des écrémeuses installées sur les camionnettes. M. Russeil de Chalandray reste fidèle à la tradition. ll circule avec sa bourrique.


Parmi le personnel employé à l'intérieur, on remarque à la beurrerie M. René Colin et sa femme Elise, à la fromagerie Mlle Louisette Robin. Ici on travaille dans une ambiance familiale.
 
           
 
1951
 
           
  1952 : Le 27 Septembre, une tornade dévaste la région. Une bonne partie des laitiers sont arrivés en retard à la laiterie. De nombreux arbres arrachés jonchent les routes et gênent énormément la circulation. Si les grands axes sont rapidement débloqués, les chemins et sentiers de campagnes, qu'empruntent nos laitiers obligent ces derniers à s'improviser en cantonniers. Les anciens n'ont jamais vu pareils dégâts depuis la tempête de février 1935.

1955 : Le Thouet sort de son lit et inonde la laiterie. On est habitué aux frasques soudaines de la rivière. La crue ne dure que deux ou trois jours. M. Pierre Delêtre est engagé comme laitier salarié. Dès 4h30 du matin, il sillonne le secteur viennois d'Ayron, Bois-Hardy, Chalandray et ramène le lait à Parthenay. En fin d'année, M. Barribaud fait installer un appareil muni d'un flotteur et pouvant contrôler la quantité de lait apporté par chaque laitier. L'instrument de mesure est de fabrication artisanale. Avant cette installation on se contentait du montant inscrit par les ramasseurs.
Vexés par cette initiative, quelques laitiers n'hésiteront pas, dans un accès de colère, à déclarer tout haut que cet équipement ne fera pas long feu !
Or, trois semaines plus tard, l'appareil ne fonctionne plus. M. Barribaud, croyant à un sabotage, licencie trois laitiers.
On s'aperçoit par la suite que la panne est due à un défaut de fabrication et non à un acte de malveillance. Un seul laitier retrouve son emploi. On n'a jamais su pourquoi les deux autres ne sont pas revenus.
 
                   
       
1956 : Pendant tout le mois de Février, il règne un froid intense sur la région. Les routes se couvrent de verglas puis de neige. Obéissant aux ordres de la direction, les laitiers se risquent à effectuer la tournée mais bien vite doivent y renoncer. Deux camionnettes se retrouvent déjà dans le fossé. Ces intempéries paralysent la contrée pendant plusieurs semaines et la laiterie tourne au ralenti.

Un malheur n'arrivant jamais seul, la laiterie subit le contre-coup de la Crise de Suez qui entraîne une pénurie d'essence. Les petites entreprises sont les plus touchées par le rationnement du carburant et la laiterie enregistre une perte financière importante.

1957 : Le Thouet se rappelle une nouvelle fois au bon souvenir des parthenaisiens en débordant de son lit. Les ouvriers se retrouvent les pieds dans l'eau. Mais cette fois-ci, le matériel souffre. Les moteurs sont noyés et irrécupérables.

Le manque de moyens financiers cause la perte de la laiterie. L'entreprise est rachetée par les propriétaires de la beurrerie de Laubreçais, près de Clessé. Tous les laitiers ne rejoignent pas Laubreçais. Une partie sont engagés par la laiterie de la Viette. M. Delêtre est de ceux-là.

En fin d'année, les habitants du quartier St-Paul ne voient plus passer les laitiers de la laiterie Barribaud.

En 1958, M. Marius Peignon achètera les bâtiments pour y installer une boyauderie.

1995 : On peut encore apercevoir l'ancienne laiterie.
                   
                   
         
              Rédaction et mise en page ED - © letyrosemiophile.com
                   
               
                   

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