Deux-Sèvres 

                   
       

 

Laiterie coopérative

de la Garette

à

SANSAIS 

 

       
                   

 

Historique : 1891 - 1921

     
                   
  1891 : Au coeur du Marais Poitevin, si cher au bon roi Henri IV, l'antique cité lacustre de La Garette se hasarde, elle aussi, dans cette "Épopée laitière" qui en est à ses balbutiements.
Le 17 mai, la laiterie coopérative est fondée par 450 sociétaires, sous la présidence de M. Célestin Talineau.

Bâti sur les bords de La Sèvre Niortaise, l'établissement composé de trois pièces principales a coûté la somme de 30.000 francs. La société remboursera ces frais d'installation, à raison de 400 francs par mois.
Pour 17.000 francs, la laiterie acquiert le matériel indispensable se constituant d'une chaudière à vapeur de 7ch, de trois écrémeuses "Laval" d'un débit de 400 litres à l'heure chacune, de barattes normandes et de malaxeurs.
 
                   
  Le 8 novembre dès 4h du matin, le chauffeur gave la chaudière à grandes pelletées de charbon. Le directeur-comptable, M. Jean Brisard, déjà levé, attend avec impatience l'arrivée des laitiers. Sur les 9 ramasseurs, 4 sont à cheval. Ils arriveront les premiers dans 3 heures. Les cinq autres circulent à bateau dans les méandres de la Sèvre. Dans ce matin calme et brumeux, la longue "plate" de M. Pascal Manteau glisse doucement le long des "conques". Dans ce labyrinthe, notre brave laitier y navigue les yeux fermés. Pendant 5 heures il serpente dans "son royaume", comme il dit, et collecte dans les métairies aux murs blanchis de chaux et isolées les unes des autres. Même pour tout l'or du monde, M. Manteau ne donnerait sa tournée.
Il n'y a pas de beurrier pour l'instant. C'est M. Brisard, l'homme aux multiples fonctions qui se charge de la fabrication du beurre. Il sait tout faire à 35 ans.

1895 : Pour les 9 premiers mois de l'année, la quantité de lait ramassé se solde à 1.373.300 litres. Celle de beurre obtenu, dans le même laps de temps est de 63.588 kilos, soit une moyenne de 21,62 litres pour un kilo de beurre. C'est un rendement médiocre, mais il faut souligner que les vaches appartiennent pour la plupart à la race maraîchine, bonne laitière mais moins beurrière. Et pourtant le beurre de la laiterie se situe dans les meilleurs des Deux-Sèvres, puisqu’il se vend à Paris au prix de 2,99 francs, donc dans les plus chers.
Cette année là, un beurrier est engagé.
 
                   
  Bizarrement, alors que l'entreprise prospère, un grand nombre d'adhérents quittent la société. La laiterie coopérative de Magné leur fait des yeux doux et parvient à les attirer à elle.

1906 : La défection continuelle des sociétaires se ressent dans la collecte. 584.903 litres parviennent seulement dans les bassins. Cette baisse se répercute sur la production de beurre avec 28.941 kilos.

1907 : Le conseil d'administration vient d'être réélu. Pas de changement dans la composition du bureau que préside encore M. Talineau aidé des vice-présidents MM. : Auguste Desmier et Point-Morin. M. Alexandre Tristant
reste à la trésorerie et M. Charles Chaigneau au secrétariat.
 
                   
  1908 : Le 5 septembre, M. Brisard, le directeur, ayant donné l'ordre aux laitiers de ramasser les livrets d'assurance des sociétaires, afin de régler un sinistre, trouve à sa grande stupéfaction un billet de 50 francs, entre les feuillets du livret. Le dirigeant s'empresse de faire prévenir le propriétaire du carnet, M. Saillant, lequel a été enchanté et à chaleureusement remercié l'honnête comptable.

1909 : Le président convoque les administrateurs pour juger le sieur P. Ch... . Celui-ci a trafiqué son lait. A l'unanimité des membres présents, l'homme se voit condamné à 300 francs d'amende. Il évite de justesse l'exclusion.

Lors de La réunion mensuelle du conseil, M. Talineau présente à ses collègues la lettre, qu'il vient de recevoir de l'Association Centrale des Laiteries et concernant le repos hebdomadaire :
La Jurisprudence de la Cour de Cassation et une circulaire du Ministre du Travail et de la Prévoyance Sociale, M. René Renoult, en date du 29 octobre, ont totalement modifié la situation des laiteries coopératives vis à vis de la loi sur le repos hebdomadaire, qui désormais s'applique à tous les établissements.

L'Association invite tous les conseils d'administration à prendre les dispositions urgentes pour satisfaire l'article 1 et 2 du décret qui stipule :

 
                   
  " Il est interdit d'occuper plus de 6 jours par semaine un même employé où ouvrier dans un établissement industriel ou commercial. "
" Le repos hebdomadaire devra avoir une durée minimum de 24 heures consécutives et sera donné le dimanche."
 
                   
  Il est conseillé pour l'instant d'obéir à ces nouvelles obligations, en attendant des instructions précises, car des lettres ont été envoyées au Ministre du Travail demandant de plus amples explications.
Certains résidents ont déjà reçu la visite d'inspecteurs départementaux du travail et ont été verbalisés.

1910 : Il ne reste plus que 159 sociétaires qui fournissent le lait de laurs 380 vaches à la société. Les laitiers ont rapportés 637.975 litres. Cette quantité a permis d’obtenir un peu plus de 31 tonnes de beurre.

1912 : M. Alexandre Tristant, le Maire de Sansais, devient le président de la laiterie coopérative.

1920 : L'avenir s'assombrit pour la laiterie avec encore des départs de sociétaires.

1921 : M. Brisard, l'infatigable directeur-comptable, âgé de 65 ans reçoit la médaille d'Argent par la Société d'Encouragement, pour ses 30 années de direction. Au mois de novembre, il quitte l'entreprise pour un repos
bien mérité. Le Président M. Tristant est promu Chevalier du Mérite Agricole.

Et pourtant la laiterie doit se résoudre à fermer fin décembre, par manque de sociétaires. La beurrerie n'est plus rentable et des divergences politiques entre administrateurs et adhérents finissent par l'achever.
 
                   
1922 : Le matériel et les bâtiments sont mis en vente. Gaston Largeau achète la laiterie ainsi que le terrain contigu.

1923 : Depuis l'embarcadère, des promenades en barque sont organisées pour les premiers touristes, avides de découvrir le marais.
                   
         
                   
         
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