HISTORIQUE DE LA LAITERIE FROMAGERIE COOPERATIVE DE SOIGNON

Deux-Sèvres


				Fromagerie de SOIGNON (SAINT-MARTIN-DE-SAINT-MAIXENT) (79P)

Historique : depuis 1895


	Qui donc peut se vanter, de connaître, en ces derniers mois de 1895, le minuscule hameau de Soignon ? Très peu de personnes, à part les habitants de Saint-Martin-de-St-Maixent dont cette localité fait partie. En effet, la commune de St-Martin est constituée de plusieurs petits hameaux. Enserré entre les Vallées de la Sèvre Niortaise et de l'Hermitain, Soignon va pourtant faire parler de lui et entrer dans la légende de l'industrie laitière. 1895 : En ce jour du 10 novembre, la commission d'initiative, composée du président M. C. Chauvineau et MM. Fouchier, Fruchard, Bellot, Morisson, Bourdon, Magnoux, Poinet, Naudin et une centaine d'adhérents, décident de créer la Coopérative de Soignon. Les travaux durent plusieurs mois. 1896 : Elle se situe dans le hameau de Soignon, à 2 km de la gare de Saint-Maixent, ce qui va permettre l'expédition du beurre vers Paris. Son implantation est idéale, car placée près du cours d'eau appelé "Soignon", et surtout en raison de la présence d'une source qui alimente encore l'usine actuellement. La laiterie commence à fonctionner le 1er juin.

	Avec l'avènement du XX° Siècle, les pionniers de la fondation, reçoivent l'aide de 541 autres producteurs. En 1896, tous ensembles, donnent 2.461.307 litres de lait, ce qui permet de réaliser une production beurrière de 124.998 kg. L'aventure est bien partie. Les bâtiments, bien conçus, abritent trois salles. Une pour la chaufferie, une plus vaste pour l'écrémage et la fabrication, la dernière pour l'emballage. Sous celle-ci, une cave froide, protège la crème et le beurre pendant les grandes chaleurs. Un comptable, Victor Allard a sous ses ordres, un beurrier, un chauffeur et un contrôleur qui se répartissent le travail. Ils accomplissent leurs ouvrages avec zèle, la laiterie les rémunérant convenablement. Elle est l'une des premières à offrir une prime, en supplément de leurs salaires. Ils touchent 1fr de plus par tonne de beurre produite et aussi 1fr par 1.000 frs de recettes réalisées. 1905 : Le président de la laiterie coopérative est Monsieur Chauvineau, les vice-présidents, MM. Fruchard et Naudin, le secondent au conseil. Un beurrier, un chauffeur et un contrôleur travaillent sous le contrôle du comptable, et 21 laitiers collectent le lait en visitant les 780 sociétaires de la laiterie. La laiterie remporte le diplôme de médaille d'or pour ses beurres, en mai 1905 à l'exposition de Liège (Belgique).

	Le vendredi 2 juin, le président accomplit un acte héroïque. Le cheval de Mme Veuve Bissard, prit soudain le mors aux dents, et se sauva en direction de Melle. Juste à ce moment, M. Chauvineau, qui revenait de la laiterie, et sans souci du danger, descendit rapidement de sa voiture. Il s'élança et parvint à arrêter et maîtriser la bête affolée, qui traînait une carriole vide. Grâce à lui, un accident grave a été évité. Le jeudi 13 Juillet, les enfants des écoles publiques de la commune de Souvigné, dont M. Chauvineau est le Maire, viennent visiter la laiterie. Les enfants, captivés et enchantés de cette sortie organisée, ont beaucoup de choses à raconter à leurs parents, en rentrant le soir dans leurs chaumières. Le directeur-comptable, M. Allard a sous ses ordres, le contrôleur, M. Mounet, le beurrier, M. Suire, et le chauffeur M. Scipion. A une date indéterminée, le constructeur "Dyle et Bacalan" installe un système réfrigérant (Hall.) fonctionnant au CO2. 1906 : Cette fois-ci, elle reçoit le Grand Prix d'Honneur à l'Exposition Internationale de Milan. Le président de la toute nouvelle Commission de Contrôle, est M. Longeau. 1907 : M. Ferron remplace M. Scipion à la chaufferie.

Le fronton de la nouvelle fromagerie est daté "1932".		1909 : On rajoute une machine frigorifique dans la salle de fabrication. Une caséinerie est annexée un peu plus tard à l' établissement. Vingt laitiers collectent maintenant la richesse des vaches parthenaises des 850 agriculteurs. Les voituriers ont transporté, cette année, 3.787.504 litres. Le fameux beurre obtenu, 220 tonnes, se vend cher aux Halles de Paris. Les mandataires le vendent 2,86 frs le kilo. Le premier cas de tromperie sur le lait se déclare. Une amende de 1.050 francs est infligée à un sociétaire fraudeur, par le conseil d'administration. Cet homme, de Chavagné, a mis 30% d'eau dans son lait. Plus tard, il se voit exclu de la société. La paie des laitiers augmente. Ils touchent désormais 5 francs par jour. 1913 : Le président Chauvineau donne les résultats réalisés par la laiterie. 3,5 millions de litres onté été ramassés et les ouvriers confectionnèrent 182 tonnes de beurre. Les conséquences de la première guerre mondiale se ressentent dans la collecte. Jusqu'en 1919, une baisse de 600. 000 litres est constatée. Mais petit à petit, Soignon reprend vie. 1920 : Le nouveau directeur se nomme M. Emile Pougnard. 1932 : C'est une date importante pour la laiterie. Grâce aux efforts du dynamique président M. David, on crée une fromagerie spécialisée dans le lait de chèvre. L'industrialisation des fromages peut débuter quelques mois plus tard.		Fromage "Le Cocorico" des années 30.

Fromage de chèvre des années 30.				1934

		Au mois d'Août, on déplore la mort de M. Plantiveau, l'ancien président fondateur et aussi vice-président de l'Association Centrale des Laiteries Coopératives des Charentes-Poitou. C'est une grande personnalité du monde laitier qui disparaît. 1937 : Quelques laitiers utilisent depuis de nombreuses années un camion, le célèbre U.23. L'âge de la retraite arrivant, M. Pougnard cède la direction à M. Raymond Dupuis, l'un des plus brillants élève de la 61e promotion de l'Ecole Professionnelle de Surgères.

Fromage de chèvre des années 30 (pas de pourcentage).		Camembert "gras" de la guerre 1939-45 à plus de 25% de matière grasse, qui vaut 6 tickets. L'autorisation n°3-b1-XL permet à Soignon de vendre ce fromage affiné (loi du 31 juillet 1940).		Le pourcentage de matière grasse remonte (mention manuscrite) période fin de la guerre.



	1954 : Le conseil d'administration décide l'installation d'un atelier de fabrication de poudre de lait "Spray". Le Président est M. Armand Thébault Les réputés fromages de chèvre de Soignon continuent leur ascension. Il faut dire, que nos belles chèvres Poitevines trouvent une herbe à souhait dans les prés de la plaine Saint-Maixentaise. 1956 : La laiterie dépasse les quatre millions de litres. 1957 : Un incendie se déclare le 26 août vers seize heures. Le bâtiment renfermant la réserve de sel et d'emballages devient la proie des flammes. De plus, six cents quintaux de blé, contenus à l'intérieur sont détruits. L'incendie se propage à un vieux cèdre contigu à la bâtisse, et provoque une torche spectaculaire de trente mètres de hauteur. Les dégats sont importants. En outre, un séchoir à fromage et les salles de lavage et de fromagerie subissent des détériorations graves. Les salles sont vite remises en état de fonctionnement.

		1961 : La laiterie s'agrandie et se transforme. La coopérative entre dans le groupe ULPG (Union Laitière des Plateaux de Gatine). Ce regroupement de huit coopératives a pour président M. De La Rochebrochard. 1962 : Une nouvelle fromagerie moderne est bâtie. L'établissement se développe et prend la tête du regroupement de huit coopératives sous le nom L'Union laitière des Deux-Sèvres (ULDS) qui remplace ULPG. 1970 : La laiterie ramasse 6,6 millions de litres de lait de chèvre. 5.000 producteurs la pourvoient quotidiennement de 50.000 litres. Les soixante-treize employés travaillent sous la direction de Raymond Dupuis, toujours fidèle au poste, et en compagnie du président M. Rémy Chollet. La coopérative continue de prospérer. Mais c'est aussi la période où toutes les laiteries se posent une question. Le marché commun agricole, fondé le 1er avril 1962, sera-t'il un bien ou un mal pour le monde laitier ? Nul ne le sait pour l'instant. On redoute des pays comme l'Allemagne et la Hollande, eux aussi gros producteurs de lait. Seul l'avenir le dira, l'Europe verte n'en étant qu'à ses balbutiements. 1972 : La première bûche de chèvre Soignon.





	1980 : L'année se révèle comme un moment difficile à passer. Les excédents font leurs apparitions. 1982 : M. André Dupuis succède à son père à la direction de l'entreprise. Pendant plus de trente ans, Raymond Dupuis fut le grand maitre-d'oeuvre de Soignon. Reconnu par ses collègues pour son immense compétence, il a su élever la laiterie, pour en faire l'une des plus renommées des Deux-Sèvres. Les sociétaires ont élu un nouveau président : M. Guitton, de Souvigné. 1985 : La laiterie arrête de fabriquer le beurre. Soignon joue à fond la carte du fromage de chèvre. 1986 : "L'Union Laitière" change de dénomination pour devenir : "L’Union Laitière Régionale Caprine" (ULRC). 1988 : Pour l'unité d'emballage, la coopérative investit la somme de 4 millions de francs. L'effectif de l'usine comprend 102 Personnes. Son chiffre d'affaires de l'année passée se monte à 139.554.185 francs. Il dénote de la bonne santé de l'entreprise brillamment dirigée par M. André Dupuis. De nouveaux bâtiments sont édifiés concernant la réception du lait, l'égouttage des fromages et le conditionnement. "ULSG Soignon Prahecq" (Union Laitière Sèvres et Guirande Soignon-Prahecq) regroupe les 2 usines pour son beurre, et a son siège à St-Maixent. 1990 : Toujours sous la présidence de M. Guitton, le début de collaboration avec le groupe Eurial aboutit à la création de la Société Caprine Européenne. 1992 : Deux nouveaux hommes accèdent aux commandes de l'entreprise. A la direction, on note l'arrivée de M. Briffault, et à la tête du conseil d'administration M. Guy Maingret. La bonne entente avec son partenaire prestigieux donne de réels espoirs d'avenir et de prospérité.

Les laiteries d'Eurial.			1994 : Soignon adhère à Eurial. 1995 : Eurial fusionne avec le groupe Poitouraine pour former le groupe Eurial-Poitouraine (puis Eurial). Pour info, le groupe EURIAL est composé des sous-groupes COLARENA, Soignon et UCAL. L’UCAL : Fondée en 1956 avec l’acquisition par les laiteries de Sainte-Hermine, Le Gué de Velluire, Nesmy et La Gaubretière de l’usine Eleska de Luçon. Plusieurs laiteries adhèrent à l’Union entre 1957 et 1973. Mais la reprise de la CELBO (La Châtaigneraie, Voultegon, Vihiers, Moncoutant) marque le démarrage de la collecte de lait de chèvre pour l’UCAL. Des restructurations s’opèrent par la suite : fermeture d’usine, etc. En 1988, UCAL et la COLARENA crée la SICA EURIAL. Poitouraine : En 1976, la fusion des laiteries de Dangé, Parçay et Saint-Epain donne le groupe Dangé-Les Ormes qui se transforme en Dangé Sainte-Maure. Parallèlement, en 1982, l’UCOLACS s’associe à La Mélusine pour constituer le groupe SCA Poitou-Lait. Dangé Sainte-Maure et SCA Poitou-Lait fusionnent en 1986 pour devenir l’ULPD. En 1987, le groupe Saint-Cyr et l’ULPD fusionnent pour créer le groupe Poitouraine. Tout naturellement, Soignon fait son entrée dans la plus grosse coopérative laitière du Poitou-Charentes qui pèse désormais la bagatelle de 2,8 milliards de francs. La laiterie est dorénavant chargée de la fabrication des fromages de chèvre qui était déjà sa grande spécialité. Pour Soignon, la formidable aventure, commencée il y a cent ans, continue. Aussi en 2001, Eurial se renforce avec l'adhésion de la laiterie de Chaunay (Vienne).

	2003 : 90 millions de litres de lait ont été transformés à Soignon. 2004 : L'effectif est de 200 personnes. 2016 : Eurial fusionne avec Agrial, et est désormais la branche lait d'Agrial. Eurial collecte 140 millions de litres de lait auprès des 670 éleveurs caprins (soit 30 % de la collecte de lait de chèvre française). 2020 : La laiterie fête ses 125 ans d'existence. L'étiquette aussi a évoluée, la lithographie a fait place à l'offset puis à l'impression numérique. Mais la chevrière qui présente son fromage à coté de sa chèvre, existe toujours.






				Rédaction et mise en page ED - © letyrosemiophile.com

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