Deux-Sèvres 

                   
       

 

Laiterie fromagerie

coopérative de

TAIZÉ

(79AB) 

 

       
                 

 

Historique

 
  LAITERIE DE TAIZE  
     
  1893 : Un industriel, M. Touillé, installe une laiterie au lieu-dit ''Ligaine''. L'établissement prend pour nom ''Laiterie Mécanique de Ligaine''. Le lait collecté sur les communes de Taizé, Bilazais et Noizé est vendu sur Thouars. La fabrication du beurre débute l'année suivante.

1904 : Le gendre de M. Touillé, M. Bodet, ingénieur agronome, qui a pris la succession de l'affaire familiale, propose aux producteurs de transformer l'exploitation privée en laiterie coopérative. Après de nombreuses réunions les agriculteurs acceptent.

Ainsi est créée la laiterie coopérative de Taizé. M. Bodet se retrouve à la présidence du conseil d'administration dont les autres membres sont : M. Lamberton vice-président et MM. Devasles, Suire, Piraudeau, Augustin Lafond du village de St-Jouin-de-Marnes, Manson du hameau de Ranton.

Le directeur-comptable est M. Bertin. La fabrication du beurre commence.

1906 : La laiterie a traité pour l'année une quantité de lait de 3.148.012 litres et a produit 150.209 kilos de beurre. Une commission de contrôle vient d'être formée avec à sa tête M. Cotillo propriétaire à St-Géneroux.


1909 : MM. Camille Bert, Marcellin Drouineault, Gauffreteau, Mme Léontine Rousse et 9 autres laitiers apportent chaque jour le lait des 1.800 vaches appartenant aux 846 sociétaires de la laiterie. Le matériel se renouvelle. On installe une machine frigorifique qui refroidit le bassin à eau filtrée mais aussi les chambres à beurre et à crème. Elle fournit de plus la glace nécessaire à la production. Très peu de laiteries possèdent cette installation.
 
                   
       
médailles de la laiterie de Taizé

Un moteur de secours est monté pour suppléer le générateur de 20ch quand ce dernier doit subir des réparations.

M. Bertin a obtenu le réchauffeur à bain-marie qu'il réclamait en remplacement du réchauffeur à vapeur moins performant. Ce système nouveau permet de porter le lait à la température de 5 à 15° lorsqu'il passe dans le tambour central et atteint, en arrivant sur la partie ondulée, la chaleur souhaitée de 21°.


A Taizé on prend exemple sur la laiterie d'Echiré. Le distingué président M. Bodet fait appliquer un règlement qui oblige les sociétaires à vendre les vaches qui ne donnent pas 35g de matière grasse par litre après deux mois de vêlage. Le rendement laitier actuel est trop élevé avec 21,3 litres au kilo. Cette mesure aura peut-être pour conséquence de faire disparaître la race Mancelle peu beurrière et très répandue dans la région.

Le président, qui touche une somme annuelle de 1.000 francs à titre d'indemnité de déplacements, veut convaincre les sociétaires à adopter la race Parthenaise, la meilleure beurrière présentement.

A la laiterie, le contrôle se fait suivant une méthode spéciale. Des registres particuliers reçoivent les analyses du lait de chaque sociétaire :

Chacun à sa page sur ce gros livre. Là on note le poids du lait, la quantité de matière grasse déterminée à l'aide de l'appareil Gerber. On enregistre aussi la quantité de lait fourni, l'acidité de celui-ci. Tous les jours le contrôleur prélève environ 30 échantillons de lait. Ce système permet de connaître la valeur du produit de chaque sociétaire, par tournée et l'on peut savoir exactement qui possède de mauvaises vaches.

Avec dans un avenir prochain, la fabrication de caillebotte, le contrôleur aura une nouvelle tache supplémentaire. Il analysera très souvent le lait écrémé et le babeurre et notera les résultats sur un registre spécial.

 
                   
la crise du lait à Taizé
article de l'Union Libérale du 29 fév. 1912
Depuis la création de la laiterie coopérative, le prix du litre de lait payé aux sociétaires est resté le même, soit 0,112 francs. Par contre le kilo de beurre qui se négociait en 1904 au prix de 2,696 fr, se vend aujourd'hui 2,809 fr.

1910 : "Dramatique accident" :
M. Gauffreteau, l'aimable laitier de St-Léger-de-Montbrun, se préparait à prendre livraison du lait que le fermier M. Delarue avait amené comme tous les jours en haut de la côte de St-Léger. Après avoir mis pied à terre et serré la main du paysan, le laitier s’apprêtait à se saisir d'un bidon quand soudain son cheval prit peur, effrayé par les aboiements du chien, venu renifler trop près de lui. L'animal se cabra et commença à partir. Voulant sauter sur le marche-pied de la charrette, M. Gauffreteau manqua celui ci et tomba sous la roue qui lui passa sur le corps. Le pauvre homme, la poitrine écrasée, ne survécut que quelques instants. C'est la consternation à la laiterie et dans le village du défunt.

1913 : Un sociétaire du village de "Renne!", convaincu d'avoir mouillé son lait avec 20% d'eau, est condamné par le Conseil d'Administration à une forte amende et à l'exclusion.

1916 : Un laitier, M. Grégoire-Victor, vient remplacer un collègue mobilisé. Il en est de même à la comptabilité avec la venue de M. Maurice Drouineault.

1919 : Sous la présidence de M. Victor Devasles, la collecte annuelle des 2.758.129 litres de lait a permis de produire 117.743 kilos de beurre. M. Drouineault devient le nouveau directeur.
Laiterie de Taizé
                   
  1922 : "Enfin récompensée" :
Le Jury du Concours Beurrier de Paris, qui s'est déroulé le 17 février, décerne une médaille d'Argent pour la belle qualité du beurre de Taizé. Cette première récompense au plan national encourage la laiterie à poursuivre ses efforts en matière de sélection bovine.
 
                   
laiterie de Taizé

Depuis plus d’une décennie la rigueur est de mise à Taizé. Déjà en 1913, les experts avaient constaté que les vaches de Taizé étaient les deuxièmes meilleures beurrières des Deux-Sèvres, juste derrière celles de Magné. La laiterie dépassait à l'époque la quantité moyenne de 100 kilos de beurre produits par le lait de chaque vache en un an. Magné dominait avec 117kg et la plus faible laiterie enregistrait 45kg seulement. Depuis dix ans, de nombreuses laitières de la coopérative figurent au Herd-Book départemental (livre généalogique des races bovines). Le Kerd-Book pour la race Parthenaise fut créé en 1893. Encore un effort et la médaille d'Or viendra bientôt.

Cette année là, par jour, la laiterie récupère 10.700 litres de lait l'été et 7.220 litres l'hiver.

1925 : M. Gabilly, le nouveau président de Taizé, lance la fabrication des fromages de chèvre.

Un bon nombre de sociétaires ont une ou deux chèvres et jusqu'alors le lait servait pour leur consommation personnelle : Les femmes d’ici, comme celles de La Mothe-Saint-Héray et Bougon connaissent les vertus du lait de chèvre depuis des générations. Les enfants sont élevés au lait de chèvre qui est bien plus nourrissant que le lait de vache. Les fermières confectionnent des petits fromages qu'elles mettent à sécher plus ou moins longtemps sur des feuilles de châtaignier.

Les débuts de la production des fromages restent modestes mais ces derniers sont d'excellente qualité.

Dans quelques mois, M. Gabilly pense collecter le lait de chèvre dans les fermes de la Vienne toute-proche qui est comme les Deux-Sèvres, terre de tradition de l'élevage caprin.

laiterie coopérative de Taizé
                   
  1927 : Le fromage de chèvre "Mon Délice" est primé au Concours Agricole de Paris. La laiterie se voit attribuer une médaille de Bronze.  
                   
  fromage de Taizé

1932 : Le conseil d'administration porte à la présidence M. Rémy Cornuault, agriculteur à Ligaine.

1940 : La retraite arrivant, M. Drouineault cède son poste de directeur à M. Métais. Changement aussi à la présidence avec l'arrivée de M. Georges Richard. M. Clément Piteau remplace un laitier mobilisé. Il circule avec "Pinson", son magnifique cheval.

1946 : Avec le retour de M. Cornuault à la présidence de la laiterie, la construction d'une nouvelle fromagerie est décidée. Les travaux sont confiés à M. Maurice Piteau, pour la maçonnerie et M. René Sirault pour la charpente.

5 à 6 laitiers effectuent la collecte. Ce sont MM. : Emile Gandier, François Morin, Claude Guéret, Garsuault, Rabit. Dans les ateliers, on voit M. Albert Denize à la beurrerie, M. Georges Augiron à la fromagerie, M. Adrien Berson à la chaufferie parmi les plus anciens. La fille de M. Victor Métais, Mme Paulette Hullin est à la comptabilité. Il y a aussi MM. Octave Caillault et Marcel Banchereau à la caséinerie ainsi que M. Gallard, le laitier "d'Auboué".

1951 : Au mois de Décembre, M. Métais, prenant sa retraite, cède la direction à M. Charpentier.

1952 : La collecte annuelle se chiffre à 3,4 millions de litres. Pour le ramassage du lait dans Taizé et Ligaine, ce sont deux ouvriers de la laiterie qui effectuent cette tâche à l'aide d'une charrette à bras. M. Morin reste désormais le seul laitier à collecter avec son cheval.

1956 : Malgré la faible quantité de lait qu'elle transforme (3, 6 millions), la petite laiterie aimerait se moderniser. Hélas pour elle, devant le refus de la Caisse Nationale de Crédit Agricole de lui accorder un prêt, en raison du faible capital qu'elle a, la coopérative renonce à l'emprunt et à son projet d'équipement.

1957 : Des problèmes de remembrement aggravent la situation de l'entreprise déjà mal en point.

Le 1er Octobre, elle fusionne avec la laiterie coopérative de St-Varent.

 
                   
  laiterie coopérative de Taizé Taizé  
                   
  1996 : La photo nous montre au fond l'ancienne caséinerie et au premier plan le portail original de l'entrée de la laiterie, avec ses deux piliers surmontés de deux petites statues représentant d'un côté une vache et de l'autre une chèvre. La laiterie a été rachetée par M. René Pineau en 1962, et subit un incendie en 1973.  
                   
              Rédaction ED - letyrosemiophile.com
                   

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