Historique : 1907 - 1911
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Décidément le dépouillement des archives de la
fromagerie Lavalou*1
déposées par madame Lavalou en 1981 aux archives départementales de l'Orne
n'a pas fini de révéler des surprises*2.
Le dossier de la correspondance de 1911
contient une lettre de Louis Pichon (1879-1958) adressée à Jean-Marie
Lavalou. Il indique dans ce courrier,
à l’entête de la fromagerie du Val d’Ecouves,
daté du 11 mai : « Pour cause de départ,
je cesse la fabrication du camembert »,
et lui propose à
l'achat du matériel de fabrication dont il cherche à se
défaire.....comprenant « 400 moules à
camembert, 300 pour demi-camembert, 3 bacs à lait de 100l et 2 de 80l, 18
pots laitiers de 20l ».
Soit un matériel capable d'assurer potentiellement la production d'environ
250 camemberts par jour.
Jusqu'à présent ce
fabricant n'était apparemment pas connu.
Les recherches
dans les recensements de la population de Carrouges de 1906 et 1911 ainsi
que dans les registres d'état civil ont permis de trouver rapidement les
renseignements pour cerner à l'essentiel son parcours .
Son père Alphonse
(1846-1927) est marchand de
bestiaux au lieu-dit « la Gringorière » à Carrouges. Il
exerce un temps les fonctions de maire (1876)
et de conseiller général. Sa sœur
aînée a vu le jour à Paris en 1875,
comme sa mère Germaine Leroyer (1852-1900)
. Louis Pichon et
ses deux autres sœurs
naissent à « La Gringorière » en
1876 pour Hélène, en 1879 pour lui, et 1884 pour Jeanne.
Un bulletin de l'Association Normande de 1895
contient un article qui décrit la ferme de « La Gringorière »*3 :
« RAPPORT DE LA VISITE DES FERMES, dans l'arrondissement d'Alençon.
1- Ferme de la
Graingorière, exploitée par M. Alphonse Pichon, de Carrouges.
M. Pichon exploite,
autour de son habitation, 109 hectares, dont 75 lui appartiennent : ils se
composent de 8 hectares de labour, 20 de prairies à faucher, et de 80
d'herbages ; de plus, il loue ou possède à quelques lieues de chez lui 65
hectares d'herbages.
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L'assolement n'est pas régulier ; les récoltes nous ont paru suffisantes,
pour la médiocrité des terres de labour. Mobilier : 9 vaches à lait, veaux
de lait, 15 taureaux de deux âges, 32 chevaux, dont 8 poulains de lait.
Une partie des chevaux sont des percherons, les autres des demi-sang ; les
percherons sont très bons. Les bêtes à cornes sont excellentes, surtout la
collection des taureaux. En plus, M. Pichon engraisse 250 bœufs à l’herbe
; il fait deux levées par an dans les mêmes herbages. Ces herbages ont été
créés par lui, et sont devenus très bons, grâce à ses soins intelligents.
M. Pichon a su donner le bon exemple dans tout le pays de Carrouges.
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Sa
laiterie et sa basse-cour sont bien tenues. L'ensemble de l'exploitation
de la Graingorière nous a paru remarquable, surtout les herbages ;
aussi le jury place M. Pichon au premier rang. »
Pour ce qui le
concerne, à 19 ans,
Louis délaisse la profession de
représentant de commerce
et
s'engage
pour 3 ans dans l'armée en 1898 .
Il sort sous-lieutenant de l'école de Saint Cyr en 1900 pour être affecté
au 14ème
Hussard à Alençon (61). En 1902, il y est promu lieutenant, puis .
Transféré au 15ème
régiment de Chasseurs à cheval
en 1906 , il se marie avec Alice Bière (1878-1963), la fille d’un
teinturier de Flers . Cette même année son père, devenu veuf en 1900, met
en vente l’ensemble de sa propriété et de son cheptel pour cause de
« cessation de culture » *4.
En 1907, peu avant la naissance de son fils Robert à Flers (1907-1984),
Louis Pichon demande un congés
sans solde
de 3 ans C'est probablement à
cette période
qu’il reprend l’exploitation de son père
et crée « la fromagerie du Val
d'Ecouves »
La seule
étiquette connue à ce jour est issue de la collection d'Eric Delpierre. Il
s'agit d'un petit module imprimé par Haby-Lemarié à Flers. Sur un fond
vert pistache un énigmatique K rouge repose sur deux boites de camembert
stylisées.
Un rébus facile à déchiffrer : camembert-deux-K rouge soit
« camembert
de Carrouges ».
La mention « fromagerie du val d'Ecouves Carrouges » en lettres de type
art nouveau ne laisse que peu de place au doute pour l'attribuer à Louis
Pichon même si son nom ne figure pas.
En 1910, arrivé au
terme de ses 3 années de mise en disponibilité, il démissionne de l'armée.
Lors du recensement
de 1911, il est encore présent avec sa femme et son fils à « La
Gringorière » où il bénéficie de l'aide de deux domestiques. Il déclare
exercer la profession d'herbager sans signaler qu'il fabrique du
camembert. C'est cette même année qu'il décide de cesser ses activités de
fabricant de camembert et de vendre tout son matériel. Rien ne permet de
situer avec précision la date de son départ de « La Gringorière ».
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"Le Camembert de Carrouges" |
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Répondant à la
mobilisation générale décrétée le 1er
août
1914, il rejoint l'armée dès le 2
. Il est affecté dans des états-majors et nommé capitaine en 1916.
Démobilisé en 1919, il se retire d'abord à Paris en 1920, puis à Granville
(50) entre 1921 et 1953.
Il est
fait chevalier de la légion
d'honneur en 1923,
puis officier en 1953 et décède
en 1955 à Cagnes-sur-mer (06).
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- La Gringorière en 2019 - |
Rédaction
Gérard CLOUET Avril 2018-
Mars 2025.
- *1 Dépouillement effectué avec
Michel Lebec.
*2 Voir la notice Simonet Almenèches du même auteur
publiée en 2017. *3 Communication Serge Schéhadé 2017. *4
Journal de l’Orne 1906-10-03, 1906-19-05.
Mise en page ED -
© letyrosemiophile.com |
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