Deux-Sèvres 

                   
       

 

Laiterie coopérative

de

ARÇAIS 

 

       
                   

 

Historique : 1891 - 1913 (première laiterie)
1913 - 1953 (deuxième laiterie)
     
                   
     
                   
  1891 : Le 1er juillet, au cœur de la Venise Verte, dans la paisible commune d'Arçais, a lieu une réunion importante. lci aussi la "réussite charentaise" fait des émules. C'est avec enthousiasme et un espoir en des jours meilleurs, que l'on fonde, ce jour, la laiterie coopérative d'Arçais. Cette laiterie-beurrerie coopérative est une des plus anciennes de la région.

Le lieu choisi pour la construction de l'entreprise se situe à 600 mètres du centre de La commune, au lieu-dit les Massacrées, route du Vanneau, sur une parcelle achetée par la toute nouvelle société coopérative à la famille Ducrocq (actuellement n° 30 ; parcelles 891 et 892 du plan cadastral de 1829). La laiterie se situe à 2km de la gare.

Les bâtiments sont constitués de cinq pièces : La salle de la machine à vapeur, l'atelier d'écrémage et de fabrication, le bureau, une chambre pour le porcher et le local pour le dépôt de la paille. Sur tout l'ensemble s'étend un vaste grenier. Sous la salle d'écrémage, une cave fraîche abrite les mottes de beurre.

Le matériel se compose d'une machine à vapeur de 5ch, d'un bassin à lait d'un réchauffeur système "Hignette", de deux écrémeuses'"Nielsen" ayant chacune un débit de 400 litres à l'heure, d'une baratte "Chapelier'', d'un malaxeur, d'une table en bois et une en marbre, des moules à beurre et d'autres petits accessoires.

1892 : Sous les ordres de M. Louis Bonneau, le directeur-comptable, deux ouvriers s'affairent à la confection du beurre. Trois ramasseurs apportent le lait dans des charrettes. Leurs tournées durent un peu plus de deux heures.
Un gros problème, non prévu, se pose avec les grandes chaleurs de cete été. L'eau n'abonde pas et le puits se trouve à sec. Il faut creuser pour puiser dans une autre nappe souterraine.

La porcherie, située à 50m de la laiterie, abrite environ 80 porcs.

1893 : La coopérative compte 197 sociétaires qui possèdent 470 vaches laitières. La race majoritaire est la "Maraîchine". En été, elles sont conduites au pâturage. On leur donne, en outre, des fourrages verts, de l'herbe coupée dans les marais et un peu de foin. En hiver, la nourriture se compose de foin, de racines et de son.
 
             
      Laiterie coopérative d'Arçais      
             
  1895 : Les trois laitiers ont transporté une quantité annuelle de 970.320 litres qui ont permis de produire 43.540 kilos de beurre, vendu à Paris de 1,70 fr. à 2,00 fr. le kilo. La laiterie remporte sa première médaille d'argent au concours de Strasbourg.

Le 18 Avril, la laiterie cède la porcherie, peu rentable, à un fermier.

1900 : Ce sont maintenant 210 sociétaires, possédant 630 vaches, qui donnent le lait à la beurrerie. Dans celle-ci, l'écrémage s'effectue chaque jour de 8h à midi. Le barattage commence dès 5h du matin et jusqu'à 9h.

La porcherie ferme définitivement.

1901 : La laiterie est agrandie.

1905 : Le Président, M. Paris, incite les laitiers à redoubler de vigilance. Certains sociétaires trafiquent certainement leur lait. Depuis le mois de décembre de cette année, le beurre est de mauvaise qualité. Cela ne peut durer longtemps, il faut découvrir les tricheurs.
 
                   
  1906 : Enfin, à la fin du mois de janvier, un des coupables, moins méfiant que les autres, est soupçonné. Il s'agit maintenant de le confondre.
Le 5 février, le garde-champêtre et le vérificateur de lait, se rendent chez le paysan et avec la complicité du laitier, qui a pris soin de verser le lait du fraudeur dans un bidon vide, ils prélèvent un échantillon. Pour bien établir la preuve de tricherie, les deux hommes réclament au paysan un peu de lait tiré au pis de la vache. Le sociétaire promet de les attendre le soir et le lendemain matin, pour traire sa bête devant eux. Il ne tint jamais sa promesse.
Devant ce fait de mauvaise foi, seul le premier prélèvement est envoyé à l'analyse. Le laboratoire de Surgères constate une addition d'eau de 15% contenue dans le lait.
Le 11 février convoqué devant le conseil d'administration, le fraudeur avoue sa culpabilité. Son exclusion est prononcée à l'unanimité des 14 membres présents. De plus ces derniers lui infligent une amende de 640 francs.
Le nouveau président M. Achille Manteau constate que l'exemple à servi de leçon, car le lait redevient de bonne qualité.

Le 28 novembre, décidément le brave président rencontre beaucoup de problèmes dans sa laiterie. Il convoque, ce jour, le conseil d'administration, pour débattre sur une affaire qu'il juge importante.
Après avoir délibéré, les membres du bureau votent à une forte majorité, une décision surprenante et diversement appréciée par le personnel.
"Afin d'encourager le personnel à apporter tous ses efforts à la bonne exécution de son service, aussi bien en ce qui concerne les soins du matériel et des matières dont il a la manipulation, que dans ses rapports avec les sociétaires, tout employé, dont le service aura été reconnu bien fait pendant l'année écoulée, sera appelé à garder son emploi l'année suivante en traitant de gré à gré avec le représentant de la société. Le conseil espère arriver par cette mesure, à une prompte amélioration dans chaque service et à faire disparaître, dans un avenir prochain, les dissentiments qui opposent les ouvriers aux sociétaires."
Cette résolution a de quoi étonner. Elle est unique dans les annales de la jeune industrie laitière. Espérons qu'il n'en résultera pas de trop grands excès de délation. Il est un peu trop facile à plusieurs sociétaires de s'entendre, pour dénoncer un laitier ou un employé, afin de prendre sa place.

1907 : M. Paris redevient président. Les vice-présidents sont MM. Achille Manteau et Eugène Tardy. A la trésorerie, on trouve M. Eugène Jourdain et au secrétariat, M. Pierre Texier.
L'épidémie de fièvre aphteuse, qui sévit depuis un an, cause de nombreuses pertes dans le cheptel bovin de la laiterie.

1908 : La laiterie traite 1.003.484 litres de lait et produit 48.481 kilos de beurre. Sa production est toutefois entravée par une qualité médiocre du lait collecté. Le site où a été implanté la laiterie manque d'eau, le puits dont elle dispose tarit facilement.

La présidence change souvent À Arçais. L'heureux élu est l'ancien vice-président, M. Eugène Tardy.


1909 : Le nouveau directeur, M. Léopold Avrard prend ses fonctions. La valse des présidents continue. C'est au tour de M. Eugène Rousseau de prendre les commandes de la coopérative. Les "Eugène" ont la cote à Arçais.
La société compte 180 adhérents ayant un troupeau de 634 vaches. Le million de litres collecté dans l'année, a permis de produire presque 50 tonnes de beurre.
Il faut noter qu'à Arçais, rien n'est effectué dans la sélection des laitières. Alors que la plupart des laiteries deux-sèvriennes ont adopté la race Parthenaise, meilleure laitière. Ici on trouve des vaches Maraîchines et d'autres de divers croisements. Le rendement moyen en lait se ressent : Il lui faut la crème de 20,57 litres de lait pour produire un kilo de beurre, alors qu'à la Crèche, il suffit de 18,58 litres seulement. La laiterie d'Arçais se situe dans la fin du classement des laiteries du département. Bien sûr, il y a pire avec notamment Mauzé avec 22,23 litres et surtout la dernière, la laiterie d'Epannes avec le triste "record" de 23 litres au kilo.
Et pourtant le beurre d'Arçais se vend bien à Paris, puisqu'il est négocié au prix de 2,80 francs, par les mandataires.
Avec une meilleure sélection de son troupeau, la laiterie ferait de plus amples bénéfices.

1911 : La laiterie engage un nouveau beurrier, en la personne de M. Philippe Leyssène.

1913 : On décide alors de transférer la laiterie au sud du bourg, au plus près de la gare pour faciliter l'expédition des produits.
Les anciens bâtiments des Massacrées sont vendus en 1922 au maçon Auguste Barraud qui y établit une fabrique de bateaux en ciment et de parpaings en machefer, tenue par le maçon Auguste Barraud.
 
                   
                   
                   
   
                   
                   
                   
  Etablie en 1913 au sud d'Arçais, vers la route de St-Hilaire, au lieu-dit la Gare, la nouvelle laiterie coopérative comprend d'abord, selon le cadastre, une fabrique de beurre et un hangar.  
     
  Laiterie coopérative d'Arçais 1914 : La laiterie crée plusieurs dépôts de crème pure à Niort. Cette crème se vend dans de petits pots, en carton paraffiné, d'une contenance de 60 et 125 grammes. La coopérative peut, à la demande, livrer par 1/2 litre voire même un litre. Ce sont généralement les restaurateurs et les pâtissiers qui réclament ces dernières quantités.
Ces pots de crème se vendent dans la grande ville des Deux-Sèvres, chez M. Dahair dépositaire au 42 rue Sainte-Marthe et dans les épiceries de MM. Persuy et Pillet, à partir du mois de Juin.
Au mois de juillet, toujours dans les mêmes dépôts, la coopérative organise un important service de vente de lait pasteurisé.

1921 : Un nouveau directeur, M. Henri Chollet, arrive à l'entreprise.
Cette année là, il s'y ajoute une laiterie.

A partir de 1924, la nouvelle laiterie produit de la caséine.

En 1925, l'établissement reçoit une médaille de bronze au Concours général agricole de Paris, catégorie beurre des Deux-Sèvres et de Vendée.


1924 : Avec le commencement de La fabrication de la caséine, le directeur embauche M. Narcisse Chaillé, en tant que chauffeur-caséinier

1930 : M. Paris est toujours à la présidence.
 
     
  1937 : S'y ajoute des bureaux.

1938 : M. Marcel Marchand entre comme directeur.

1942 : M. Jean Girardin est embauché comme beurrier, en remplacement de M. James Lamberton. Le jeune homme bénéficie des conseils du vétéran M. Chaillé.
Les deux seuls laitiers qui collectent pour la laiterie sont MM. Clovis Rousseau et Louis Méteau.
Sous la présidence de M. Homère Méteyer, la coopérative connaît comme toutes les autres, les difficultés conséquentes à la guerre.

1945 : Un atelier de fromagerie est créé. Une fabrication de gruyère débute peu de temps après.


1952 : Le conseil d'administration élit à sa tête M. Marcel Dubois. L'ère de l'industrialisation s'amorce, Arçais comme beaucoup de petites laiteries jadis très fiables, ne peut survivre seule, compte tenu du faible volume de lait collecté et transformé et des investissements importants que l'évolution des techniques laitières exige.

1953 : La laiterie qui ne ramasse plus que 5.000 litres par jour, va vivre ses derniers jours d'activité.

A la majorité des sociétaires, réunis lors de l'Assemblée Générale, la fusion avec la laiterie du Mazeau est officialisée. Peu de temps après, la production s'arrête.
Laiterie coopérative d'Arçais  
                   
  L'ancienne laiterie devient un simple centre de ramassage du lait

1955 : La laiterie ferme ses portes définitivement.


Le bâtiment est acheté en 1956 par Alfred Margié époux Favriou, demeurant à La Rochelle.

Il abrite aujourd'hui une activité touristique de location de vélos "La bicyclette verte" et un gite.
 
                   
  Laiterie coopérative d'Arçais  
     
                   
         
              Rédaction et mise en page ED - © letyrosemiophile.com
                   
               
                   

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