Deux-Sèvres 

                   
       

 

Laiterie Fromagerie

coopérative

de l'Ile de

MAGNÉ

 

       
                   

 

Historique : 1896 - 1954
     
  1896 : Le 9 novembre, sous la protection de Sainte-Macrine, la patronne du Marais Poitevin, la commune de Magné se tourne dans le monde industriel laitier. La laiterie coopérative se construit au lieu-dit "Les Fontenelles". Le bâtiment a une longueur de 23 mètres sur 8 mètres de large. Il renferme la pièce de la machine, la salle de production et un bureau. La toute jeune société réunit 300 fermiers. Elle a bénéficié d'un apport important de sociétaires de la laiterie de la Garette qui l'ont quitté.  
                   
 

 

1899 : La laiterie a traité cette année 1.271.659 litres de lait, 60 tonnes de beurre ont été emballés et expédiés à Paris.

1900 : La coopérative compte aujourd'hui 335 sociétaires qui possèdent 720 vaches de race maraîchine. Le lait écrémé retourne aux paysans.

1909 : M. Emile Gibaud entre comme beurrier. Avec lui l'effectif comprend un comptable, un chauffeur et un contrôleur. 7 laitiers apportent le lait.

La quantité annuelle de lait collecté atteint 1.765.717 litres. Les ouvriers ont produit 90.056 kilos de beurre.

La laiterie paie 12 centimes le litre de lait à ses sociétaires.

1913 : Le beurre se vend au prix de 3,08 francs le kilo aux Halles de Paris par les mandataires qui prennent 30% de commission.

 
     
  "La blessure de Vaillant"
Le laitier Charles Brun s'inquiète pour son cheval "Vaillant" Dès qu'il lui passe la main sur le garrot, l'animal se défend et est pris d'un frémissement anormal de la peau. Au retour de la laiterie, Charles s'arrête chez le vétérinaire et lui explique son inquiétude. Le médecin après avoir ausculté "Vaillant" diagnostique un mal de garrot. La lésion étant récente, ce n'est pas trop grave. Un mauvais harnachement provoque ce mal. Le harnais, mal mis, frotte sur la peau et l'irrite de plus en plus et cause à force une douleur à la pauvre bête. Si on ne le soigne pas à temps, la blessure peut s’aggraver. Le vétérinaire fait une piqûre de Sérum polyvalent de "Leclainche et Vallée". Et quelques jours plus tard, le cheval de Charles est rétabli.
 
                   
 

1916 : "La laiterie brûle"

Le Lundi 4 Décembre, un incendie éclate dans les bâtiments. Le feu a pris dans un grenier traversé par un tuyau de poêle et se propage rapidement. Le moteur et la salle de fabrication, ainsi que les appareils sont gravement endommagés.

Il y a une quinzaine d'années, la laiterie avait déjà été détruite par un incendie attribué à la malveillance.

En attendant la reconstruction de la salle et l'achat du nouveau matériel, le lait des sociétaires est collecté par la laiterie de Coulon.

M. Ferdinand Faucher remplace un laitier démissionnaire.

1919 : La guerre a fait de gros ravages dans le cheptel bovin. Les laitiers n'ont collecté que 1.513.781 litres. Le poids de beurre obtenu est de 73.491 kilos.

    Il faut dire que la guerre 1914/18 a décimé le troupeau national des laitières.
  Voici un tableau qui illustre bien cette perte.

  1913 : . . . . 7.794.270 vaches
  1914 : . . . . 6.663.360 vaches
  1915 : . . . . 6.359.820 vaches
  1916 : . . . . 6.221.850 vaches
  1917 : . . . . 6.177.940 vaches
  1918 : . . . . 6.023.230 vaches

  Presqu’un quart du cheptel français à disparu dans le conflit (22,7%).
 
                   
 

1926 : M. Jacques Aimon se trouve à la présidence du conseil.

1930 : La laiterie coopérative offre une somme de 350 francs au profit des sinistrés des inondations du Sud-Ouest. L'argent est versé à la souscription ouverte par le Maire de La commune.

L'entreprise de Magné n'a jamais pu connaître la prospérité, comme d'autres de ses voisines. Et pourtant elle a récupéré les sociétaires de la laiterie de la Garette qui ferma en 1921. Deux causes, l'une obscure et l'autre sans doute la plus importante, empêchèrent l'essor de l'établissement.

La croyance populaire attribue la première raison à la malédiction. Malgré la protection de Ste-Macrine trois incendies ravagèrent la laiterie. Ce n'est pas la main du diable qui provoqua ces sinistres, mais sans doute une main criminelle. On a jamais découvert le ou les coupables.

La deuxième cause la plus intéressante et la plus probable est la politique qui divise depuis des décennies la population de Magné. La droite et la gauche séparent les gens. Un bon nombre de fermiers qui pouvaient rejoindre la laiterie de Magné, influencés par quelques leaders, allèrent à Coulon. La masse paysanne se laisse facilement guider. Tous les moyens sont bons pour contrecarrer la progression de la coopérative.

Les mystérieux incendies sont-ils liés à cette rivalité d'opinion? Beaucoup d'administrés le pensent mais ne possèdent aucune preuve formelle.

                   
  1940 : 7 laitiers apportent le lait avec leurs chevaux. Les deux autres sont mobilisés. 5 ouvriers travaillent à l’intérieur de l'usine sous la direction d'une femme, Mme Bidet. La laiterie, qui vient d'être électrifiée, collecte 3.500 litres de lait par jour. Elle produit 150 kilos de beurre et 100 kilos de caséine quotidiennement. Le beurre est vendu à Magné, Niort et Paris.
Le Président M. Charles Riffault s'inquiète de l'avenir de la coopérative. Cette sombre période de l'histoire commence à engendrer des débordements de la part de quelques sociétaires.

L'année dernière, tout le monde s'est félicité de la Médaille d'Argent obtenue au Concours Agricole de Paris. Les idées coopératives étaient encore présentes dans l'esprit des producteurs. Depuis, hélas, la guerre a balayé ces bonnes intentions.
 
                   
   
                   
 

1941 : Il règne une belle pagaille parmi les sociétaires. Certains d'entre-eux ne respectent plus le contrat qui les lie à la coopérative. Ils vendent eux-mêmes le lait au prix pratiqué à Niort (1,41 franc), alors que la laiterie leur achète 1,10 francs.


M. Riffault le président a du mal à se faire respecter. Beaucoup de sociétaires songent à rejoindre leurs collègues de Coulon. Cette dernière paye le litre de lait 14 centimes de plus que Magné. Et justement la période décennale du contrat, les liant à la laiterie, arrive à expiration. On craint que beaucoup aillent s'affilier à l'entreprise coulonnaise.

Afin d'éviter un trop grand départ de ses producteurs, la laiterie consent à augmenter le prix du litre de lait de 7 centimes. L'équilibre financier risque de s'en ressentir, mais c'est la seule solution qui s'impose pour retenir les sociétaires.

La méthode s'avère payante car la coopérative ne perd qu'un petit nombre de ses adhérents.

 
             
   
                   
  1950 : La laiterie, dirigée par M. Lambin, ne peut se moderniser faute d'argent. On est conscient à Magné que la laiterie ne pourra continuer seule longtemps. Le président et les membres du conseil d'administration entreprennent des pourparlers avec des laiteries voisines afin de fusionner.

1954 : Les négociations ont abouti avec la laiterie de Frontenay-Rohan-Rohan. Les sociétaires votent pour la fusion avec cette dernière. Quelques mois plus tard, les portes de la laiterie de Magné se ferment définitivement.

La même année, suite à la tempête qui déracine de nombreux peupliers dans le Marais Poitevin, M. Thébault Jean prend possession de la laiterie et créé son entreprise de transformation de bois. Il y reste une dizaine d'année puis part construire une usine de contreplaqués.
 
                   
         
              Rédaction ED - letyrosemiophile.com
                   
                   

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