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1905
: depuis le 6 février une laiterie privée fonctionne à l'initiative de M.
Quinault qui en est le propriétaire. Mais elle ne se développe guère.
Le 9 juillet, un grand nombre
d'agriculteurs décident avec l'accord de M. Quinault, de la transformation
de l'entreprise privée en coopérative.
Les
statuts de la laiterie coopérative sont adoptés en Assemblée Générale. Le
premier conseil d'administration est constitué de la façon suivante :
Président : M. Antoine Sicot de
Pamplie.
Vice-présidents : MM. Théodore
Morisset d'Allonnes et Georges Duteaux de Fenioux.
Trésorier : M. Niveau de Fenioux.
Secrétaires : MM. Delumeau et Marquois, tous deux d'Allonnes.
Le site choisi pour la future
laiterie se situe dans le bourg, près du ruisseau, la "Miochette". On
rachète une partie du matériel de l'ancien établissement.
Au mois d'octobre, en creusant le
puits de la laiterie, les ouvriers puisatiers trouvent dans le schiste, à
six mètres de profondeur, un filon de minerai assez dur pour rayer et
couper le verre. Tout le monde, se croyant riche, veut garder un peu de
cet "Or". Dix jours plus tard, après un examen en laboratoire, il s'avère
que le riche filon n'est que de la sulfure de fer, familièrement appelée
"pyrite" avec laquelle on extrait l'acide sulfurique.
Le dimanche 22 novembre, 300 agriculteurs se pressent dans la superbe
salle de réunion dépendant de la laiterie. Le président, M. Sicot, guide
les personnalités présentes et l'invité d'honneur, le député M. Disleau
également Président Honoraire de la laiterie. Le bâtiment, vaste et
parfaitement aménagé, est doté des meilleurs appareils et est très bien
conditionné. M. Sicot présente le directeur-comptable, M. Maximin Olivier,
qui aura sous sa responsabilité trois employés. Une écurie destinée
aux chevaux des laitiers a également été édifiée.
Le
rayon d'action de la collecte va s'étendre sur Pamplie, et vers le
nord-est : Fenioux, La Chapelle-Thireuil, Le Beugnon et le Busseau. La
zone de ramassage s'étend jusqu'à 15 kilomètres à la ronde. Parmi les
laitiers, on peut reconnaître Félix Renaudon, Pierre Bienvenu, Henri menu.
1906 : Le 28 juin, la laiterie
adhère à l'Association Centrale des Laiteries Coopératives des Charentes
et du Poitou.
1907 : M. Auguste Demarbre remplace
l'ancien chauffeur. Quelques mois plus tard, M. Ernest Avril entame sa
première journée à la beurrerie.
Pendant dix ans et malgré les malheurs de la grande guerre, Pamplie se
développe doucement et discrètement. Ce n'est pourtant pas la concurrence
qui manque dans le secteur. Mazières-en-Gâtine à sa droite, Secondigny au
nord, Uzelet (Ardin) au Sud, l'encerclent complètement. Et voilà qu'en
cette année 1919, apparaît sur sa gauche une autre laiterie, celle de la
Chapelle-Thireuil, endroit où elle collecte déjà.
1920
: La limite d'âge arrive pour M. Olivier, le dirigeant de la beurrerie.
Son remplaçant, M. Alphonse Létang vient de l'Ecole de Surgères.
Une bonne ambiance règne dans
l'équipe des laitiers. Quand un nouveau débarque, comme M. Maxime Ravard,
pour remplacer un "vétéran" tous l'accueillent cordialement dans le clan.
1927 : La laiterie a toujours
entretenu de solides relations amicales avec sa voisine d'Uzelet, d'Ardin.
C'est pourquoi, afin de marquer cette amitié, le conseil d'administration
décide de nommer le président d'Uzelet, M. Alphonse Lavois, à la
présidence d'honneur de Pamplie. Ce dernier visiblement ému, accepte cette
distinction.
Chaque région possède ses coutumes
et ses croyances. On a tous un chiffre ou un objet porte-bonheur. A
Pamplie, tous les laitiers, pour avoir une excellente santé et une
exceptionnelle gaîté, gardent constamment en poche deux marrons pour
conjurer le sort. Cette tradition ancestrale connaît des variantes suivant
les régions.
En normandie, mon pays d'origine,
j'ai toujours vu mon père avec un marron dans sa poche gauche de pantalon.
il le gardait toute une année et à l'automne suivant il ramassait l'un des
premiers fruits tombés de l'arbre. Sortant de sa poche son vieux marron
tout rabougri, il le remplaçait par le nouveau, bien dur et brillant. Ce
fétiche le préservait contre le mal de reins, du moins le croyait-il. Son
père et son grand-père avaient toujours procédé de cette manière.
1933 :
Le lait récolté a une moyenne
d'acidité de 20°, ce qui permet de faire un beurre d'une finesse
remarquable. Reconnu comme l'un des meilleurs beurre des Deux-Sèvres,
il participe au Concours Agricole de Paris, et remporte la Médaille d'Or.
1935 : Le beurre de Pamplie remporte sa deuxième Médaille d'Or à
l'exposition agricole de Paris.
1936
: Le beurre gâtinais de Pamplie récolte sa troisième Médaille d'Or en
l'espace de quatre ans. ll entre dans le peloton de tête des meilleurs
beurres deux-sévriens.
1939
: Le conseil d'administration demande au président de la laiterie
d'Uzelet, M. Jacques Sauvé, de prendre la direction de l'entreprise à
compter du 1er Mars. Celui-ci accepte.
C'est aussi le commencement du ramassage de la crème chez les paysans.
Pour cela, la laiterie équipe les camionnettes et les charrettes
d'écrémeuses de 400 litres à moteur Bernard.
1952
: M. André Moreau, le successeur de M. Jacques Sauvé, enregistre les
résultats définitifs de l'exercice de l'an passé. La collecte de lait de
vache s'élève à 2,2 millions de litres.
1954 : La quantité de lait
travaillé est de 1.500.000 litres par an. La laiterie est dirigée
activement par M. Moreau le Directeur et M. Delumeau le Président. Le
Conseil d'Administration se compose de 15 membres.
1960
: Le président du conseil est M. Gaston Delumeau.
1962
: Le nouveau conseil d'administration élit à sa tête M. Léon Moreau, la
coopérative entre dans le groupe ULPG, pour la fabrication de la poudre de
lait à l'usine de Champdeniers.
Elle
débute aussi la collecte du lait de chèvre, qu'elle revend à la laiterie
de Saint-Loup-sur-Thouet.
1963
: Le 1er Avril, le président Moreau accueille le nouveau directeur, M.
Raymond Sapin qui nous vient de la 33e promotion(1960) de l'Ecole
Saisonnière d'Enseignement Laitier de Surgères.
Lors
de l'assemblée générale, M. Moreau explique, aux adhérents, la nécessité
de moderniser la laiterie. ll faudrait contracter, pour cela, un emprunt
de 40 millions de francs. Les 210 sociétaires s'y refusent. Il va falloir
continuer avec les moyens du bord,
Heureusement, Pamplie a de bonnes relations avec ses collègues de
Mazières-en-Gâtine, d'Uzelet et de la Viette. Celles-ci la dépannent en
donnant du matériel qui ne leur sert plus. C'est ainsi que monsieur Sapin
ira dénicher, à Ardin, une écrémeuse de 3.000 litres à l'heure enfouie
dans les orties.
Les camionnettes écrémeuses ne
passeront plus dans les fermes. La laiterie reprend les tournées de
collecte de lait entier, avec des camions Renault chargés de bidons de 100
litres.
Mais un problème inattendu surgit.
Alors qu'une partie des sociétaires est d'accord pour fournir le lait
entier, les autres refusent et veulent garder le petit-lait. Au début la
laiterie s'insurge devant ce fait. Le directeur de la laiterie de la
Chapelle-Thireuil, profitant de la situation confuse, essaye d'attirer les
récalcitrants à lui.
Afin de ne pas perdre ses
sociétaires, la laiterie de Pamplie se trouve dans l'obligation
d'effectuer la collecte avec deux véhicules sur la même zone. On peut dire
qu'en cédant aux désirs des producteurs contestataires, la petite
coopérative a sauvé son avenir et sa liberté. N'oublions pas, que nous
sommes en pleine période de fusions.
1964
: Le mercredi 22 janvier, une violente collision survient entre une
voiture et le camion du laitier, M. Caillaud. Les deux conducteurs sont
sérieusement choqués avec de nombreuses contusions, par bonheur sans
gravité. Les véhicules ont subi de sérieux dégâts.
1968
: La laiterie s'équipe de tanks à lait de 400 litres.
1978 : En décembre, le rayon d'action de la coopérative s'agrandit par
l'intermédiaire de M. Camille Raucaud qui propose ses services à M. Sapin.
Le laitier apporte avec lui un bon nombre de producteurs de l'ancienne
tournée qu'il effectuait auparavant pour le compte de la laiterie
industrielle de Secondigny qui vient de fermer.
Cet
apport supplémentaire de lait intéresse vivement Pamplie et fera même
tache d'huile dans le secteur de Secondigny, puique M. Raucaud est suivi
quelques mois plus tard par deux autres collègues de l'ancienne laiterie.
Ce sont M. Boisson, en 1979 et M. Brémaud, en 1981.
1993
: Le beurre de Pamplie, recherché par les gourmets, se fabrique encore de
façon traditionnelle à la baratte.
1995
: Sous la présidence de M. André Barribaud, Maire du Rétail, ce sont 17
millions de litres de lait, collectés chez 80 sociétaires, qui remplissent
les tanks de 5.000 litres de la laiterie.
Avec
seulement neuf employés dont deux laitiers salariés et toujours dirigée
par l'infatigable et fidèle M. Sapin, l'entreprise garde farouchement son
indépendance, face aux grandes coopératives laitières.
1996 : Afin de se conformer aux normes européennes, une nouvelle usine est
construite le long de la route d'Allonne et ces anciens locaux sont
désaffectés. Ils sont rachetés par des particuliers qui les transforment
en logement en supprimant les ajouts successifs constitués par un
laboratoire et des chambres froides.
2024 : Le délicieux beurre de
Pamplie continue d'orner les meilleures tables. |
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