Deux-Sèvres 

                   
       

 

Laiterie-Fromagerie

coopérative de

SAINT-VARENT

(79G)

 

       
                   

 

Historique : 1896 - 1976

     
                   
 
Pierre Primault en 1906.
1896 : Le 6 décembre, M. Pierre Primault, conseiller général du canton depuis 1896, et fervent partisan des idées nouvelles propagées par les "Sudistes'', ose un formidable pari en créant, avec un petit groupe d'agriculteurs, la première laiterie coopérative du Pays Thouarsais. Dans cette région si conservatrice, l'entreprise parait périlleuse. D'autant plus qu'à St-Varent il existe déjà depuis trois ans une laiterie privée au lieu-dit "Riblaire" à une lieue de la commune. L'activité de la laiterie de St-Varent se voulait exclusivement beurrière. Elle fut surnommée par ceux de Riblaire "la laiterie des rouges". En contre-partie Riblaire était surnommée "la laiterie des bleus".
La coopérative regroupe une centaine d'adhérents. M. Primault, qui sera chevalier de la Légion d'Honneur, devient le président et le directeur de la laiterie.
M. Hullin, qui sera aussi maire de la commune, succédera à M. Primault à la tête de l'entreprise.

1897 : Bâtie à 600 mètres de la gare par l'architecte Paul Mongeaud, la construction située à flanc de coteau, se divise en trois salles qui abritent les appareils indispensables à la production beurrière. Juste à côté se trouve une cave en excavation. Au-dessus des pièces, on aménage les logements des employés. Enfin un hangar destiné à la réception du lait et une écurie complètent l'ensemble. Le matériel comprend deux moteurs d'une puissance de 30ch chacun, six écrémeuses Laval, deux barattes et un malaxeur.

Deux puits d'un débit abondant alimentent la laiterie.

4 ouvriers et 14 ramasseurs sont recrutés. En comparaison, en 1970, 65 employés composent l'ensemble du personnel.

 
                   
 
La laiterie coopérative a été construite avec des pierres de la carrière de Riçay.

1898 : La beurrerie commence à fonctionner.

1899 : Les résultats sont encourageants. La quantité de lait travaillé pour l'année atteint les 2.499.715 litres.

116.564 kilos de beurre ont pris la direction des halles de Paris et ont été vendus pour la somme de 305.494 francs.

1900 : En l'espace de quatre ans, la coopérative a plus que doublé son nombre de sociétaires, puisqu’ils sont aujourd’hui 260. Les 2.000 vaches qui alimentent la laiterie sont en grande partie des Parthenaises. Elles se nourrissent de foin, de choux, de betteraves, de maïs, de trèfle et de luzerne. La production augmentant sans cesse, un jeune homme, M. Marcel Pineau est embauché comme beurrier. La laiterie est agrandie à deux reprises en 1900 et 1906, vraisemblablement par le même architecte. Il semblerait que l'établissement est l'un des premiers de la région à être doté d'une machine frigorifique (en 1900). Il est à noter que, sur le registre des adhésions, 14 % des agriculteurs ne savent pas signer leur nom et se font soit représenter, soit apposent une croix en guise de signature.

1905 : Le lait arrive à profusion dans les bacs. Afin d'améliorer la qualité du lait et de soulager dans ses fonctions M. Marcellin Aubineau, le contrôleur-écrémeur entré en août de l'année dernière, on recrute au mois de mai un autre contrôleur en la personne de M. Léonce Chamard.

 
                   
     
                   
  L'excellent travail de tout le personnel apporte les premières récompenses. Parmi les nombreuses distinctions que les produits laitiers saint-varentais ont mérité, celles rappelées ci-dessous confirment l'intérêt des organisateurs des grandes foires et salons internationaux pour les beurres et fromages de cette laiterie coopérative :
    - médaille d'argent à l'Exposition universelle de 1900
    - médaille d'or au Concours général agricole de Paris en 1901
    - grand prix du Concours international à Bruxelles en 1904
    -
médaille d'or pour ses beurres en mai 1905 à l'exposition de Liège (Belgique)
    - médaille d'or au concours agricole de Paris 1906

Pendant ces douze mois, les 20 laitiers ont apporté 5.831.938 litres qui ont produit 272 tonnes de beurre.

1906 : "Dramatique accident"

Le samedi 17 septembre, deux ouvriers d'une entreprise privée posaient la charpente du nouveau bâtiment lorsque soudain la maçonnerie s'écroula subitement . Les deux hommes chutèrent lourdement d'une hauteur de 10m. Le médecin, arrivé sur les lieux, diagnostiqua immédiatement la gravité des blessures. Atteints tous deux de fractures diverses et surtout pour un d'une fracture du crâne, on les transporta à l'hôpital de Thouars. Hélas le plus gravement atteint décéda le lendemain.
M. Primault, le président-directeur, et M. Auguste Chessé, le vice-président, furent terriblement affectés par ce drame. Un affaissement du sol est à l'origine de l'accident.

La caséinerie
 
                   
 

1909 : La laiterie s'équipe d'un nouveau malaxeur ''Hignette'', d'un réchauffeur. De nouveaux employés font leur entrée : MM. Emile Bironneau, Auguste Migeon comme beurrier et Emile Monbrun comme aide-beurrier.


1910 : La laiterie coopérative de St-Varent a pris de l'ampleur depuis sa création. Pas moins de 23 laitiers dont M. Clément Cron, sillonnent les chemins de cette vallée du Thouaret. Dans un classement des laiteries des Deux-Sèvres, elle figure dans le trio de tête. On peut constater que si St-Loup est la plus importante laiterie du département en nombre de sociétaires et de vaches, St-Varent arrive en tête dans la collecte de lait et en production beurrière. Par contre le gros point noir pour ces deux laiteries concerne le rendement laitier. Saint-Varent n'occupe que le 24ème rang avec 20,75 litres de lait pour obtenir un kilo de beurre. St-Loup est encore plus loin en 32ème position avec 24,4 litres.

M. Primault, le dévoué président-directeur va s'attacher à convaincre les sociétaires à sélectionner leurs laitières et d'adopter exclusivement la race Parthenaise (la meilleure beurrière en ce moment) comme l'ont fait les laiteries qui obtiennent le meilleur rendement laitier.

A cette époque est bâtie une caséinerie par la Société coopérative de caséinerie de Saint-Varent, cela permet à l'entreprise de valoriser la protéine du lait. Les traitements de ces produits sont réalisés par l'Association des caséineries de Surgères.

1911 : Une porcherie est également édifiée. Après la transformation du lait, le lait écrémé était retourné aux coopérateurs-éleveurs. Dorénavant ce sérum est destiné à nourrir des cochons. Des bâtiments spécifiques sont construits en 1911 et 1914 pour 1200 places, ce qui est nécessaire à l'engraissement de 3 000 porcs charcutiers par an.

 
                   

Les premiers fromages "camembert mi-chèvre" et "camembert" datent des années 1910-1920
1914/1918 : Il faut pallier au départ des hommes : Les laitiers MM. Paul Servant, Emile Archambaud ainsi qu'un écrémeur M. Emile Macouin entrent à la laiterie.

1925 : Notre ami Marcel Pineau fête ses 25 ans de services. De modeste employé à ses débuts, il est parvenu au poste de chef-beurrier. La collecte annuelle se monte à 6.459.894 litres qui ont donné 284.185 kg de beurre. Il a fallut 8 ans à la laiterie pour retrouver son niveau d'avant-guerre.
 
         

La laiterie et les porcheries en arrière plan
 
                   
 

1929 : Pendant près de 30 années consécutives, M. Primault administra cette société qui, pour la qualité de son beurre, obtint une très grande renommée, toujours maintenue par les apports constant de perfectionnements modernes.

Le petit-fils de M. Primault, M. René Mosnay, lui succède, il conservera cette responsabilité jusqu'à son décès en 1966.

Il arrive journellement à la laiterie 25.000 litres de lait qui sont travaillés et servent à la fabrication d'un beurre de table extra-fin, qui est ensuite expédié dans toute la France et extrêmement apprécié des gourmets.

 
                   

Les écrémeuses et les chaudières
                   
  L'usine saint-varentaise investit le plus souvent dans des machines à la pointe de la technique. Au fil des ans, les évolutions sont maîtrisées. C'est ainsi que les avantages liés à la gravitation, à l'énergie produite par la machine à vapeur ont été utilisés à bon escient avant l'arrivée de l'électricité afin de traiter le lait dans des conditions optimales.

1930 : La première tâche de Mr Mosnay est la création d'une vraie fromagerie, même s'il semble que du fromage ait déjà été fabriqué. Voici une autre étape de la diversification des activités de la laiterie. Les sociétaires s'orientent donc vers la production de fromages à pâte molle de type camembert. Les techniques de fabrication des fromages à base de lait de vache sont pratiquement les mêmes que celles à développer pour produire des fromages de chèvre. La coopérative réussit aussi ce nouveau challenge.

 Le bâtiment qui abrite l'atelier de fabrication des fromages et les salles d'affinage ne sont construits que vers 1948.


L'Association Centrale des Laiteries Coopératives décerne un diplôme d'Honneur à notre fidèle et inusable Marcel Pineau pour ses 30 années d'ancienneté.

La vente des produits saint-varentais s'effectue sur toute la France. Chaque semaine, un wagon frigorifique empli des beurres et fromages de la coopérative quitte la gare locale pour être dirigé vers les halles de Paris. L'entreprise exporte aussi une partie de sa production vers l'Allemagne.

 
                   
1935 : Les 7 millions de litres de lait collecté dans l'année sont atteints. Un jeune contrôleur, M. Arsène Couteault fait son entrée à la laiterie, suivi quelque mois plus tard par M. Georges Morin à l'écrémage
       
       
1940/1945 : Comme pour les autres, la période n'est pas rose pour la laiterie et pour M. Mosnay, toujours à sa tête. Parmi les 17 laitiers, on peut voir MM. : Loiseau, Ernest Gourdon, Léopold Cousin.
                   

1954
                   
       
                   
  1956 : La laiterie recueille dans ses cuves, la quantité annuelle de 8.380.000 litres de lait. Les célèbres camemberts "Le Thouaret'' et "Le Petit Gars" font la réputation de St-Varent dans l'hexagone.
 
     

La laiterie coopérative en 1956.
                   
 
Fromage Le Thouarsais

Fromage Le Petit Gars
 
                   
 

1957 : Pensant à sa succession, M. Mosnay fait venir à ses cotés un jeune homme, M. Jean Thomas comme directeur technique.

Les laitiers effectuent 18 tournées par jour dont 5 en charrettes contenant des bidons de 100 et 120 litres. Ils collectent chez 1.200 sociétaires dont 800 produisent du lait de vache et le restant du lait de chèvre.


Ces ramasseurs, tous de solides gaillards n'en sont pas moins de temps en temps de joyeux drilles, tel le "légendaire "Raymond Leboeuf". Raymond à l'habitude de pousser un grand coup de clairon lorsqu’il parvient en haut de la côte de Pierrefitte. Aussitôt il met son cheval en travers de la route . Quand on lui demande pourquoi fait-il cela, il répond : "mon gars, après une escalade pareille il faut bien que le cheval et le bonhomme se reposent un brin !" Quelques minutes après il repart. C'est un costaud notre Raymond mais c'est aussi un vigneron, amateur certes, mais bien au courant pour produire son vin. Quant à notre ami Ernest Gourdon, qu'il fasse beau, qu'il pleuve où qu'il vente, il porte constamment des pantoufles. "Faut croire que tu fréquentes des fermes qui ont des cours carrelées !" comme lui disent ses collègues en riant.

Le 1er octobre, la laiterie de Taizé fusionne avec St-Varent.

 
                   

Les boites de fromage de Saint-Varent

Les marques commerciales de la coopérative :

Les différents types de camemberts produits ont des taux variables de matières grasses en fonction de la demande des clients : 25%, 30%, 40%, 45% et 50%.

Ils sont commercialisés sous différentes marques et différentes formes : "Le Coquelicot", "La Petite Frimousse", "Le Thouaret", "Le coq gaulois", "Le Thouarsais", "Le petit gars".

Le conditionnement s'effectue dans des boîtes en carton dont la bande est quelquefois complémentaire à l'étiquette pour former un véritable écrin.
 

Il existe aussi des portions de demi-camembert et même un fromage à la coupe. Pour les productions à base de lait de chèvre, la marque est évidente : il s'agit du fromage « Le Saint-Varent ».


La Petite Frimousse
                   
  Dans les années 1960, débute la production de poudre de lait dans un atelier construit à cet effet.  
                   
                   
 

1962 : La coopérative signe des accords commerciaux avec sa voisine de Saint-Loup. Les relations entre les deux présidents-directeurs, M. Mosnay et M. Perrault ont toujours été très bonnes.

 
                   
 

1966 : "Saint-Varent en deuil"
Le 6 Juin, on apprend le décès de M. Mosnay. Il fut, comme son grand-père, M. Primault, comme MM. Eugène Perrault de St-Loup ou Delphin Sagot d'Echiré et bien d'autres, de cette race d'hommes qui par leur persévérance et leur travail ont réussi le but qu'ils se fixaient. Avec cette disparition, une page de l'histoire de la coopérative laitière de St-Varent se tourne.
M. Merceron, ami de longue date de M. Mosnay accède à la présidence.

1967 : "La CARCO"
Dans le but de s'adapter pour mieux répondre aux attentes du marché et au poids grandissant de la grande distribution, un vaste regroupement des coopératives a été entrepris dans le Centre Ouest de la France.

Le 20 décembre marque la naissance de la Coopérative AgRicole du Centre-Ouest (la CARCO) qui unit les laiteries coopératives d'Argenton-l'Eglise, Saint-Loup-Lamairé et St-Varent. Le siège social du groupe va être St-Loup.
L'établissement de St-Varent se voit confier la fabrication des camemberts pour le groupe et, dès lors, la production de beurre et de caséine cesse. M. Thomas reste le directeur de St-Varent.

1968 : La porcherie, créée en 1911, longtemps fermée, rouvre ses portes.

1969 : En se voyant confier la fabrication des camemberts par le groupe, la laiterie arrête progressivement la production de la caséine et de beurre. Avec une collecte de lait de plus de 10 millions de litres, ce sont 26.000 camemberts fabriqués quotidiennement qui prennent, pour la plus grosse partie d'entre eux, la direction de l'Allemagne. 65 employés composent l’ensemble du personnel de l’entreprise.

1972 : La retraite arrive pour M. Arsène Couteault après 37 ans de bons et loyaux services. M. René Rambaux l'a remplacé au contrôle depuis quelque temps. La 4CH de René est célèbre à St-Varent. Un jour en voulant reculer dans la cour de l'usine, la voiture heurta une sorte de borne et se retourna. Notre cascadeur se retrouva dans une position inconfortable.


 
                   
       
                   
 

1976 : Les difficultés financières de la section lait de la CARCO, amènent les responsables de cette dernière à fermer la laiterie de St-Varent. Il ne va pas y avoir de licenciement. Le personnel va travailler à Saint-Loup-Lamairé qui reste la seule entreprise du groupe.

Le 31 décembre, la laiterie coopérative ferme la dernière page de sa glorieuse histoire. Elle restera encore pendant deux années un centre de ramassage de lait. Les bâtiments sont désaffectés, hormis les chambres froides servant de stockage. La laiterie est à l'abandon aujourd'hui.

 

Voici quelques hommes qui ont compté et veillé à la bonne marche de l'établissement.
M. René Jean, le chef de la fromagerie, originaire du Bourdet.
M. Jacques Bocquier qui après avoir été laborantin à la laiterie est responsable-adjoint de la laiterie de St-Loup.
M. Daniel Dufour, l'adjoint de fabrication à la fromagerie.

Et en premier chef, M. Jean Thomas dont voici le parcours professionnel, riche en événements.
M. Jean Thomas, né en 1932 à La Mothe-St-Héray, entre à l'Ecole d'Industrie Laitière de Surgères en Octobre 1952, dans la 9° Promotion. À sa sortie, son diplôme en poche, il part comme contrôleur à la fromagerie Lepetit à Bretteville (Calvados). Bientôt le service National l'appelle. Il fait ses 18 mois en Tunisie. A son retour, il trouve au mois de mai 1955 un poste de laborantin à la Laiterie des Fermiers Réunis (S. A. F. R) de Tourcoing (Nord). Au bout de trois jours, il est promu chef-d'équipe puis plus tard contremaître. Il y reste jusqu’en septembre 1957, après avoir pris pour épouse, au mois de juin, une jeune fille de la région.
Le 1er octobre 1957, il entre à la laiterie de St-Varent qu’il dirigera jusqu’à la fermeture le 31 décembre 1976. Il devient le lendemain et jusqu'en mars 1980 le directeur de la Région Nord Deux-Sèvres de la Section Céréales de la CARCO dont le président est M. Marcel Pouget.
De 1980 à 1983, il seconde le Directeur-Général de la CARCO, M. Gausseres, au siège à Niort. Il effectue avec M. Gausseres, la liquidation de la CARCO. Fin 1983, il effectue un stage à Marcq-en-Baroeul(Nord). Le 6 février 1984, Il est nommé Directeur de Poitou-Oeuf à Maillé par Vouillé la Bataille dans la Vienne. Le 31 décembre 1991, après la fermeture de la Société, il est mis en pré-retraite.
 
                   
                   
              Rédaction et mise en page ED - © letyrosemiophile.com
                   
               
                   

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