Deux-Sèvres 

                   
       

 

Laiterie

de

SECONDIGNY

(79Z)

 

       
                   

 

Historique : 1903 - 1978

     
                   
Mars 1903 : Après avoir fondé les laiteries de Vouhé, Fontperron, Verruyes, Sanxay et La Chapelle-Bertrand, sur sa lancée le Marquis de Maussabré (1864-1946) crée la laiterie de Secondigny essentiellement dans un but politique. Souhaitant être réélu à la députation pour la prochaine campagne législative de 1906 (élu en 1898 dans le groupe parlementaire "Antijuif", et en 1902 dans le groupe parlementaire "Action Libérale"), il décide de faire construire une laiterie afin de satisfaire les paysans et les habitants secondinois.

La petite entreprise est bâtie à la sortie du village en direction de Neuvy-le-Bouin. L'établissement, auquel une porcherie est associée, se développe peu à peu. Les débuts sont difficiles. Les premiers ramassages atteignent seulement 350 à 500 litres de lait entier par jour. Le petit lait retourne aux producteurs.
                   
 
La Laiterie de Secondigny
1906 : Un grave accident se produit à la laiterie.
Le laitier Auguste Arsiquaud, qui demeure à la "Brunetière" de Fenioux, arrive au quai. En débarrassant sa charrette d'un bidon plein de 80 litres de lait, son pied glisse sur le sol carrelé et humide. Il tombe en entraînant dans sa chute le bidon qui lui brise la jambe au dessous du genou. On ne sait s'il pourra reprendre son travail.

1908 : Une nouvelle tournée de ramassage sur le secteur du Beugnon, nécessite le recrutement d'un laitier. M. Fintaud hérite de ce poste.

1912-1913 : Des annonces publicitaires ventent dans les journaux la délicatesse du beurre de Secondigny.
 
           
   
           
  1914 : La mobilisation générale touche les laitiers. M. Pintaud part. Sa femme le remplace. Son fils, le petit Germain qui n'a que 13 ans, l'aide fréquemment. Tous deux feront consciencieusement ce travail pénible en attendant le retour du combattant.

1915 : M. Olivier Girard arrive à la direction de la laiterie.
 
                   
  La main d'oeuvre continue de manquer, des emplois sont proposés sur les journaux locaux.  
                   

27 déc. 1914

10 avril 1915

12 juin 1916
                   
  1922 : Pour exister et se différencier, il est nécessaire de gagner des médailles aux différents concours nationaux. Le 17 février, lors du Concours Beurrier de Paris, Secondigny décroche une médaille de bronze. Le directeur et le personnel reçoivent les félicitations du Marquis de Maussabré.

1923 : Une médaille de bronze récompense la beurrerie au concours Agricole de Strasbourg.

1926 : La laiterie réitère son exploit de décrocher une médaille lors du Concours Beurrier de Paris, cette fois-ci Secondigny décroche la médaille d'argent pour son beurre.

1928 : Un drame personnel touche le directeur M. Gérard.
 
                   
 
Le progrès de la Côte-d'Or - 3 août 1928

La Croix - 5 août 1928
     
                   
  1930 : Le nouveau dirigeant de l'usine est M. Joseph Mémeteau. 18 laitiers véhiculent journellement dans leurs charrettes une quantité de 18.000 litres de lait

1932 : La retraite sonne pour le laitier M. Pintaud. Tout naturellement Germain son fils, prend la relève.

1934 : Dans la publicité ci-dessous on peut remarquer des liens déjà étroits entre la laiterie Riblaire-St-Varent, Laubreçais, et Secondigny. Ces 3 laiteries vont se réunir en 1961 pour former "l'Union des Laiteries Industrielles des Deux-Sèvres".





Les médailles gagnées ornent les étiquettes de beurre.
 

Encart publicitaire de 1934
1936 : M. Bineau a remplacé l'ancien directeur depuis deux ou trois ans. L'entreprise continue de progresser doucement.

1938 : La laiterie se trouve confrontée à un grave dilemme. Jusqu'alors elle ramassait le lait entier. Mais la vie devenant de plus en plus difficile, les fermiers préfèrent garder leur lait écrémé. Ils s'en servent pour nourrir les animaux de la ferme. Ils conservent également une partie de la crème, cette dernière devenant une monnaie d'échange pour obtenir d'autres produits alimentaires devenus plus rares. Par cette conséquence, une baisse sensible de la collecte se fait sentir. La quantité de lait recueillie est descendue à 10.000 litres par jour environ. Pour endiguer cet état de fait, la laiterie entreprend d'équiper les charrettes des laitiers d'écrémeuses à bras.

1940 : Un magasin de vente du beurre est édifié face à la beurrerie, il sera prolongé plus tard par des bureaux.

1945 : Un ramasseur de lait est poursuivi et exclu pour un détournement de crème. Depuis plusieurs mois et à raison de cinq jours par semaine, il prélevait cinq litres de crème.

La collecte reprend sa courbe ascendante, mais une autre mauvaise attitude des fermiers empêche cette dernière d'atteindre sa plénitude : M. James, le contrôleur a constaté une nette différence entre les jours de la semaine et les dimanches et jours fériés. Les fermiers se réservent ces jours-là une partie de la crème.

1946 : Une triste nouvelle afflige toute une région. Le fondateur-propriétaire de la beurrerie, le Marquis Gilbert de Maussabré, vient de s'éteindre dans sa demeure parisienne. Son fils, le Marquis Robert de Maussabré qui est Maire de Saint-Loup depuis 3 ans, prend la succession.
 
                   
 
1949 : Germain Pintaud et ses collègues, tels MM. Clovis Michonneau, Homère Veillon, Maurice Gouban qui circulent sur Secondigny et le Rétail, Marcel Gouband qui ramasse sur L'Absie, St-Paul-en-Gâtine, la Chapelle-St-Etienne, Laurent Sapin, abandonnent la charrette à cheval. Michonneau fut le dernier à assurer le ramassage avec son cheval et sa charrette.

 

Maintenant ils écrèment toujours le lait sur place à l'aide de petites camionnettes.
Un ennui mécanique survient, pas de panique le "magicien" va le résoudre. M. Georges Ferrec est le "Géo trouve tout" de l'établissement. Entré en 1936, il assure l'entretien des véhicules et des machines. Aucun problème ne résiste à ce bricoleur de génie.

1950 : La limite d'âge atteinte, M. Bineau cède la direction de la laiterie à M. Jean Mauger.
 
     
 
1951

Le petit déjeuner idéal de la française - 1956 -
         
 
1954 - Les mottes de beurre de 10 kg sont enveloppées dans du calicot (toile de coton) avant d'être déposées dans des "bassets", ces paniers réalisés avec des lattes minces de châtaignier.
                   
1961 : Les trois actionnaires de la laiterie, à savoir le Marquis de Maussabré (50% des parts), M. Jean Audoin-Vivon (25%) et M. Rabouant, le notaire de Cerisay (25%), optent pour entrer dans "l'Union des Laiteries Industrielles des Deux-Sèvres" dont le siège est à Riblaire près de St-Varent.
Cette union comprend avec Secondigny, la beurrerie de Laubreçais et la beurrerie-fromagerie de Riblaire.

La fabrication de la poudre de lait est centralisée à Riblaire.

Rien ne va plus à Secondigny. Les relations se dégradent depuis quelques années entre le directeur et les sociétaires ainsi que la bonne entente avec les directions des laiteries voisines.
                   
1962 : Pour éviter que les choses ne s'enveniment encore plus, les trois actionnaires se séparent du directeur. Ils se mettent à la recherche d'un nouveau dirigeant. Ils le trouvent et ce dernier arrive au mois de décembre. Il s'agit de M. Michel Billerot. Né en 1931, il entre en octobre 1956 à l'Ecole Saisonnière d'Enseignement Laitier de Surgères, dans la 26e promotion. A sa sortie il part à la laiterie d'Agonac en Dordogne. Depuis trois ans il était à la laiterie de Chail, désormais il vient prendre les commandes de la beurrerie.
On ramasse de nouveau le lait entier, et 40.000 litres s' engouffrent tous les jours dans les cuves.

1963 : Les laitiers commencent le ramassage du lait de chèvre. 4.000 litres prennent chaque jour la direction de la fromagerie de Riblaire.


1964 : Grâce aux efforts et au dynamisme du jeune directeur M. Billerot, la confiance revient parmi les producteurs.
L'afflux de lait sans cesse croissant oblige l'entreprise de se doter de matériel plus conséquent. Les bâtiments s'agrandissent.
                   
  Petite visite de la laiterie en 1964 :

- Nous arrivons à la première salle qui sert à l'écrémage. Ici le lait à sa réception est contrôlé et pesé. Un bac d'une contenance de 2.700 litres reçoit le lait de chèvre. Quatre tanks, de 20.000 litres chacun, stockent le lait de vache. L'un contient le lait entier, les trois autres le lait écrémé. Un pasteurisateur à lait, un autre à crème, trois écrémeuses d'un débit de 5.000 litres à l'heure ainsi qu'un bac d'eau glacée garnissent la pièce.
- Nous voici ensuite dans la salle à crème où l'on trouve quatre cuves de maturation et une cuve à levains.
- L'atelier suivant, la beurrerie, contient deux barattes de 4.000 litres chacune, deux empaqueteuses et deux chariots pour la réception du beurre.
- Le quatirième local accueille la chambre frigorifique où l'on entrepose le beurre avant son expédition.
- Le cinquième lieu abrite la chaufferie avec sa chaudière à moteur Diesel et Dynamo et ses appareils d'épuration et de traitement des eaux servant à la fabrication du beurre.
- On accède ensuite au laboratoire. Ici le contrôleur analyse le lait à l'aide des butyromètres et des centrifugeuses.
- Le septième espace est le bureau de vente des beurres au détail.
- Les bureaux du directeur et des employés du secrétariat sont disposés dans la huitième salle.
- Des bruits de moteur, de marteau ou de scie à métaux nous indiquent tout de suite la nature de la neuvième pièce. C'est le domaine de Georges Ferrec. Une camionnette Citroën, la fameuse C4 ou un C6, n'ont plus de secrets pour lui.
- Enfin le dixième et dernier local tient lieu de magasin pour le stockage des aliments domestiques.
 
         
   
                   
  1965 : Un nouveau deuil accable une seconde fois la Gâtine. Le 19 Juin, le Marquis Robert de Maussabré décède à Paris, après une longue et douloureuse maladie. La nouvelle actionnaire de la laiterie est la Comtesse Gilberte de Maussabré-Beufvier, soeur du défunt.
Vers la fin de l'année la laiterie est vendue au groupe ATLALAIT.


1966 : Année record pour l'entreprise. Les camions ont transporté 15 millions de litres de lait. Chaque laitier a ramassé en moyenne 4.000 litres par jour (4 fois plus qu'en 1931). Une bonne part de ce succès revient à l'action de M. Billerot. Toujours à l'écoute des producteurs, n'hésitant pas à les voir chez eux, il a su se faire respecter et apprécier par ces derniers.

1969 : "l'or blanc'' abonde de plus en plus dans les citernes, 21.887.262 litres de lait de vache et 790.225 litres de lait de chèvre sont acheminés pour cette année par les 18 laitiers indépendants.
Les camions effectuent au total 1.000 kilomètres par jour. La laiterie qui emploie 19 personnes a produit 1.000 tonnes de beurre. Tous ces chiffres fort éloquents cachent pourtant une inquiétante réalité qui pointe à l'horizon.
Pour tenir sa place dans le marché national et international et pour éviter la concurrence très dure sur les prix de revient, une petite entreprise comme Secondigny ne peut à elle seule faire face. Il est nécessaire, afin de suivre le progrès technique, économique et humain, de concentrer une seule et méme production sur un seul site. Ces fusions qui s'opèrent sur tout le territoire français entrainent hélas la fermeture des petites laiteries. Dans la région Poitou-Charentes, le nombre d'usines a diminué de 147% depuis 10 ans et il est à craindre qu'il va s'amplifier.

1973 : Le groupe ATLALAIT décide de centraliser la production beurrière à la laiterie de Riblaire.

1974 : La fabrication du beurre à Secondigny cesse. La fin est proche.

1978 : La fermeture de la laiterie est entérinée.
Le lait du secteur de Secondigny vient faire une brève escale à Laubreçais.

1981 : Les actionnaires du groupe vendent leurs laiteries. Laubrecais, Riblaire et les producteurs de Secondigny sont dorénavant sous le giron du puissant groupe BESNIER de Laval en Mayenne.

1998 : Il ne reste que trois producteurs de lait : Baillargeau de la Garonnière, Gruget de la Reverdière et Geay de l'Aubrière, qui livrent à Pamplie.

 
                   
                   
         
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