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    17 novembre 2023    
                   
    Les boites en bois bientôt interdites ?    
     
                   
                   
    13 novembre 2023    
                   
    « Le travail d’une vie » : un Normand a collectionné
plus de 40 000 étiquettes de fromage
   
  L’histoire prête à sourire, mais elle illustre le lien entre les Normands et le patrimoine laitier et fromager. Danièle Philippe, habitante de Port-Bail-sur-Mer (Manche), a récemment fait don de la collection d’étiquettes de fromage constituée par son mari Gérard, aux Archives départementales de la Manche. Au total, plus de 40 000 étiquettes conservées dans pas moins de 17 classeurs.  
                   
     
Nicolas Abraham, archiviste aux Archives Départementales de la Manche, à Saint-Lô (Manche).
(Photo Michel Coupard / Ouest-France)
     
                   
  Le fromage fait partie des habitudes alimentaires de bon nombre de Françaises et de Français. Certains diront de préférence du camembert, d’autres ne jureront que par les fromages de chèvre, de brebis etc. D’autres encore attachent une importance aux illustrations qui habillent ce mets.

C’est le cas de Gérard et Danièle Philippe, de Port-Bail-sur-Mer (Manche). Durant l’été 2023, Danièle a fait don de la collection entretenue par son mari, décédé en 2018, aux Archives départementales de la Manche, à Saint-Lô, dans un souci de préservation. « C’était le souhait de mon mari d’édifier une véritable collection. Je ne voulais pas qu’elle soit dispersée », indique-t-elle avec émotion.
 
                   
   
  La collection d’étiquettes de fromage, c’était le travail d’une vie pour Gérard Philippe.
(Photo : Michel Coupard / Ouest-France)
Il est dit que le camembert était le fromage préféré de Napoléon.
(Photo : Michel Coupard / Ouest-France)
 
                   
  Le travail d’une vie  
  À la louche, « plus de 40 000 étiquettes de fromage estampillées dans 17 classeurs de tailles différentes », indique Nicolas Abraham, archiviste travaillant sur les collections privées aux Archives départementales de la Manche. « Dont environ 5 000 qui concernent la Manche », précise Danièle Philippe, conservées dans des classeurs aux tailles variables. Son mari a attrapé le virus que l’on nomme « tyrosémiophilie », le fait de collectionner des étiquettes de fromage.

Bien évidemment, la famille n’a pas mangé autant de fromages qu’elle ne possédait d’étiquettes. Le corpus a été agrandi en faisant le tour des laiteries, des particuliers et autres salons de collectionneurs mettant en avant les diverses illustrations de ces produits du terroir. « On allait faire des braderies le week-end et mon mari en récupérait aussi via le club des tyrosémiophiles en faisant des échanges. Dans son travail d’artiste peintre, il en récupérait même de la part des clients ! » indique Danièle Philippe.
 
                   
  Aux origines de cette collection, une histoire d’écolier : « Quand mon mari était à l’école, vers 10-12 ans, un instituteur avait demandé aux élèves de sa classe de constituer une collection, c’est parti de là », indique Danièle Philippe. Le terreau familial a eu aussi son importance puisqu’il a grandi dans une famille de cultivateurs. « Son grand-père était laitier, sa tante aussi et quand il était jeune, il l’accompagnait pour ramasser le lait. »

Gérard Philippe ne collectionnait pas seulement des étiquettes de fromage, il y a aussi tout un ensemble d’objets liés à l’univers de la laiterie. « Il y en avait beaucoup, des livres, des bidons etc. On conservait cela sur notre terrain à Besneville. Sa collection, c’était le travail d’une vie. » Une bonne partie de ces objets ont été donnés à la ferme des Cara-Meuh !, à Vains (Manche), et font l’objet d’une exposition.
 
     
           
      Du camembert à l’effigie de John Steele, le célèbre américain resté accroché au clocher de Sainte-Mère-Église durant le Débarquement. (Photo : Michel Coupard / Ouest-France)      
                   
  Une part de camembert, des morceaux d’histoire  
  En plus de dresser une mosaïque des fromages, la collection revêt aussi un aspect historique. « C’est une collection impressionnante. À partir de certaines étiquettes, on apprend que des laiteries ont existé dans la Manche, même pour une courte durée, indique Nicolas Abraham. Cela témoigne aussi du fort rôle de la Manche dans la confection de produits laitiers. Un rôle qui a été relancé au début du siècle dernier, après une période de baisse de qualité à la fin du XIXe siècle. »   
                   
  La plus ancienne étiquette date du début du XXe siècle. Parmi cette collection, on trouve des fromages à l’effigie du Mont-Saint-Michel, du 70e anniversaire du Débarquement en Normandie, de Napoléon, aux allures des Fables de La Fontaine…  
                   
   
  La fable de La Fontaine, « Le Corbeau et le Renard », illustrée sur des étiquettes de fromage.
(Photo : Michel Coupard / Ouest-France)
Des évolutions sont perceptibles sur les étiquettes de fromage,
notamment dans les codes de couleur ou le texte.
(Photo : Michel Coupard / Ouest-France)
 
                   
  Néanmoins, cette quantité d’étiquettes n’est pas sans poser quelques défis en matière de classement et de référencement. « Entre le particulier et les Archives départementales, il y a des différences dans le traitement des pièces, constate Nicolas Abraham. Dans cette collection, les étiquettes ont été classées par département. Toutefois, des éléments remarquables sur les illustrations permettent d’avoir une idée de l’époque. »

Certaines de ces étiquettes sont conservées en plusieurs exemplaires, pourrait-on dire avec un rapide coup d’œil. Mais d’une période à l’autre, les contextes commerciaux et politiques justifient l’utilisation d’éléments de petits détails qui reflètent les âpres combats se jouant autour de l’image des fromages vendus. « Pour les camemberts, cela peut se voir sur les appellations qui ont changé et qui sont tantôt un argument marketing, tantôt une catégorie protégée. Dans la collection, on voit aussi que des fromages étaient dédiés à l’export, soulignant le rayonnement de la Normandie dans le monde », souligne l’archiviste.

La cloche à fromage ne saurait être reposée sur son socle sans avoir l’avis de Danièle sur ce qu’elle considère comme étant « le frometon » à déguster : « Mon mari aimait tous les fromages, mais j’aime bien le camembert quand même. » À l’image de la Normandie.
 
                   
        Source : ouest-france.fr/leditiondusoir - par Alex Billet  
                   
                   
    20 septembre 2023    
                   
   "Camembert, tout un fromage"  
                   
   
Thierry Bellaiche a le plaisir de nous présenter son film "Camembert, tout un fromage", qui sera diffusé le jeudi 21 septembre prochain sur France 3 Normandie. Ce film devrait connaître par la suite une diffusion plus large, peut-être sur France 3 National.
Le camembert est en effet un emblème français aux yeux du monde et des Français eux-mêmes, même si c'est une invention bel et bien normande !
Qu'en est-il aujourd'hui du "vrai camembert de Normandie", entre une industrialisation à grande échelle pour répondre à une demande croissante, et les "résistants" en Normandie qui luttent héroïquement pour le maintien de la qualité et de la préservation d'un processus de fabrication original ? Comment le nom d'un petit village normand, devenu l'éponyme d'un fromage, est-il devenu aussi célèbre dans le monde que la Tour Eiffel ou Coco Chanel ? Et les Camembertois, "héros  malgré eux", et héritiers d'un nom qui leur échappe et les dépasse, qu'en pensent-ils ? "Camembert, tout un fromage" revient sur cette histoire normande, véritable roman national.
   
                   
     

diffusé le jeudi 12 octobre 2023 à 22h50 sur France 3 Normandie.

Rediffusion le mardi 17 octobre à 9h10

puis en replay pendant un mois sur France3-Normandie.

     
                   
                   
    24 juillet 2023    
                   
 

Illusion d’optique qui colorise
une étiquette en noir et blanc

 
                   
De plus en plus, la vie nous prouve qu’il ne faut pas se fier à notre propre vue. Notre perception des couleurs peut être défaillante et donner des informations erronées.    

Il existe trois types de photorécepteurs dans l’œil humain :

Les plus sensibles aident une personne à mieux voir la nuit.

Les récepteurs moins sensibles sont responsables de la vision diurne.

Les troisièmes sont responsables de la perception des couleurs. Ces récepteurs sont les plus aptes à percevoir les parties bleues, vertes et rouges du spectre.

En regardant une image aux couleurs saturées, notre vision surcharge les photorécepteurs et ils cessent de réagir pendant un certain temps.

 Les autres, en revanche, montrent les couleurs opposées lorsque l’image en noir et blanc est affichée.

Les vraies couleurs apparaissent donc un peu.

 
                   
        iAnimation        
                   
                   
    24 juin 2023    
                   
 

Collectionneur depuis ses 16 ans,
Gilles Lécureur possède 6 000 étiquettes de fromages

 
                   
  Retraité depuis quelques mois de l’unité Bel Évron, en Mayenne, Gilles Lécureur a toujours travaillé au sein du groupe Bel. Une carrière de 42 années dans le milieu fromager qui a créé chez lui une passion peu commune : la tyrosémiophilie, qui désigne les collectionneurs d’étiquettes de fromages.  
                   
Lecureur Gilles
Gilles Lécureur est tyrosémiophile et butyrupapiphiliste :
deux passions axées fromages et beurre.
OUEST-FRANCE

Gilles Lécureur, la soixantaine est natif de Normandie. Aujourd’hui installé à Châtres-la-Forêt (Évron), en Mayenne, il a débuté sa carrière professionnelle à la fromagerie Authou, dans l’Eure. À la fermeture de l’entreprise en 1994, il est muté à Entrammes, en Mayenne, et œuvre à l’atelier pâte molle.

En 2003, il quitte la fromagerie (qui fermera deux ans plus tard) pour rejoindre Bel, à Évron au poste de conducteur de plateforme jusqu’à son départ à la retraite. Sa particularité ? Il est tyrosémiophile : comprenez, collectionneur d’étiquettes de fromages.

C’est à l’adolescence que la passion commence : « à 16-17 ans, j’étais attiré par les étiquettes, principalement de Camembert et de Livarot, la Normandie évidemment ! J’ai gardé les couvercles pendant une trentaine d’années, entreposés dans des cartons. J’étais conservateur plutôt que collectionneur. Mais ma mère achetait le fromage plus pour la boîte que son contenu… Elle était entrée dans le jeu ».

 

   
6 000 étiquettes triées par thème

 

Fromagers, producteurs, usines, tout son milieu professionnel fut décrypté, à la recherche de la perle rare puis internet et Leboncoin. « J’ai trouvé un tyrosémiophile qui vendait des étiquettes. Je suis allé à sa rencontre et j’ai été saisi par ce monde de collectionneur. Une tout autre dimension. C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience qu’il y avait le club Le Tyrosémiophile de France, le seul à publier une revue trimestrielle qui édite par régions ou départements. »

 
                   
 

Gilles Lécureur dispose d’une collection d’environ 6 000 étiquettes, catégorisées par thèmes dans des albums : Glorieux, Races de vaches, Usines, Entreprises, Animaux, Fermiers… Une diversité inimaginable.

Mais c’est loin d’être un record… Le président du club tyrosémiophile de France, Alain Cruchet, qu’il avait rencontré, en regroupait 140 000 !

 
                   
   

Son autre passion : les papiers d’emballage de beurres

     
 

« Je collectionne les étiquettes neuves procurées auprès des fromageries, celles décollées des boîtes supports. 42 ans de fromagerie m’ont conforté dans cette passion de collectionneur. J’en dispose d’environ 300 de Besnier, 350 de la Vache qui Rit. Ça va de soi et ça continue avec certaines étiquettes de plus de 100 ans. Nive, ma femme, me soutient et m’accompagne dans mes démarches. » En complément, il collectionne les papiers d’emballage de beurres, devenant ainsi butyrupapiphiliste, avec environ 300 pièces.

 
            source : https://www.ouest-france.fr  
                   
                   
    17 mai 2023    
                   
  "Le supporter"  
                   
  Le club de football de Reims, "le Stade de Reims", a connu un succès exceptionnel dans les années 1950. Il a été l'une des équipes les plus dominantes en France et en Europe à cette époque. Une étiquette a été commercialisée en 1954, où figure l'illustre Michel Leblond.  
                   
  Michel Leblond a contribué grandement au succès du club. Il fut champion de France avec le Stade de France en 1953, 1955, 1958, et 1960.
Né le 10 mai 1932 à Reims dans la Marne et mort le 17 décembre 2009. Il a fait l'essentiel de sa carrière comme milieu de terrain au Stade de Reims. Comptant quatre sélections avec l'équipe de France, il fut notamment sélectionné pour participer à la Coupe du monde 1954 en Suisse.
Formé à la sortie de la Seconde Guerre mondiale dans l'équipe champenoise, il joue très vite des matches dans l'équipe première, dès 1949. Évoluant comme inter ou demi sur le flanc gauche, il devient international amateur et participe ainsi aux jeux olympiques en 1952 à Helsinki (il marque l'unique but de l'équipe de France lors du match du 15 juillet). Il devient ensuite l'un des acteurs de l'épopée des Rouges et Blancs : champion de France en 1953, il intègre l'équipe de France en 1954 et est présélectionné pour la Coupe du monde la même année.
 
                   
                   
 
Fromage fabriqué en 1954 par
Boscher & Le Foll
qui exploitaient en Thiérache les laiteries-fromageries de
Leuze, Morgny en Thiérache, Neuve-Maison, et Sommeron

Michel
Leblond vu par Albert Batteux en 1959

Michel Leblond
 
                   
   
Pour accompagner le fromage, un petit vin soit disant pour les sportifs, qui devait être bu avec modération...

Ce fromage a été fabriqué ensuite à Aubréville (55-S) par Boscher.
   
                   
                   
 
15 février 2023
 
Déterminées :
                 
   
 

Camembert Le père Séraphin

14 - Fromagerie Rault frères

à Gonneville sur Honfleur (Calvados)

"Le Petit Brie COOP"

51 - Fromagerie Hutin

à Blaize-sous-Arzillières (Marne)

année 1939

"Camembert Supérieur"

50 - Grande Compagnie Laitière

Industrielle de Normandie

à Chef du Pont (Manche)

année 1935

"Camembert Corne d'Or"

18 - Fromagerie Triballat-Hautin

à Rians (Cher)

année 1935

 
                   

26 - Fromagerie Rémy Rodillon

à Anneyron (Drôme)

année 1936

"Fromage du Cagire"

31 - Fromagerie Ané

à Sengouagnet

(Haute-Garonne)

"Maroilles Suprême Dessert

62 - Fromages en Gros A. Verwaerde

36 rue Elie Gruyelle

à Hénin-Liétard (Pas de Calais)

année 1934

"L'Exquis St-Georges"

44 - Fromagerie Thomas-Lelarge

à St-Gildas-des-Bois (Loire-Atlantique)

"Camembert des Gloires Normandes"

28 - Fromagerie de Marsauceux

(Eure-et-Loir)

           
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"Véritable fromage du Domaine des Isles"

28 - Fromagerie Guérinot

à Saint-Ange

(Eure et Loire - 28B)

"Le Petit Berger - L.G."

76 - Fromagerie de Lillebonne

Distributeur :

Fromages en gros Léopold Girard

5, 7, 9 rue du Cercle

à Rouen (Seine-Maritime)

"Camembert du Petit Berger - L.G."

76 - Fromagerie de Lillebonne

Distributeur :

Fromages en gros Léopold Girard

5, 7, 9 rue du Cercle

à Rouen (Seine-Maritime)

"Camembert du Gros Bonhomme - L.G."

76 - Fromagerie de Lillebonne

Distributeur :

Fromages en gros Léopold Girard

5, 7, 9 rue du Cercle

à Rouen (Seine-Maritime)

 
         
 

25 - Fromagerie de Grandfontaine

(Doubs)

 

"Camembert Extra-fin"

59 - Société Anonyme Laiteries du Nord

à Lille (Nord)

"Domaine de la Vallée verte"

59 - Société Anonyme Laiteries du Nord

à Lille (Nord)

fromage de chèvre "Le Sans Rival"

79 - Fromagerie de St-Loup-sur-Thouet

(Deux-Sèvres)

 
                   
                   
  19 janvier 2023  
                   

"JE SUIS DE FRANCE"

                   
   

Le but principal de ce site est de se concentrer sur les aspects graphiques, les histoires, les anecdotes liées aux étiquettes de fromage..
Je vous présente aujourd’hui le camembert "JE SUIS DE FRANCE", un fromage peu connu, qui provenait de la laiterie de Varennes-sur-Fouzon dans l’Indre. Lancé en 1919, juste après la première guerre mondiale, il se distingue par son caractère patriotique prononcé.

   
                   
      camembert JE SUIS DE FRANCE Trougnou
Coll. particulière
     
                   
   

Après la Première Guerre mondiale, la population française ressentait de la colère et de la haine envers les Allemands en raison de la guerre dévastatrice qu'ils avaient causée et des pertes humaines considérables subies par la France (1,4 million de morts et plusieurs millions de blessés). Les Allemands étaient largement considérés comme les agresseurs responsables de la guerre et de la souffrance infligée à la France.

Dans un tel climat, la commercialisation de ce fromage en 1919 n’a pas du tout laissé indifférent.

Deux articles majeurs illustrent les réactions qui ont suivi la commercialisation de ce camembert : 

   
 

Le premier article est paru
le 24 janvier 1920 dans le journal « La bonne guerre » :

   

Le deuxième article est paru
le 11 avril 1923 dans le journal « L’Oeuvre » :

                                   
   

 

   

 

Le Camembert patriotique
DE TOURAINE
-----------

Il y a des gens qui mangent du fromage comme ça, tout simplement... sans se rendre compte que, suivant les circonstances, cette action peut être éminemment patriotique ou entachée de trahison.

Sans doute, leur ignorance peut leur être une excuse, mais encore faut-il que cette ignorance soit réelle et non feinte, et qu'ils n'aient pas été préalablement mis à même de mesurer l'importance de leur acte.

Tel ne sera donc pas le cas des lecteurs de ce journal. Nous adressant à leur bonne foi et à leurs sentiments patriotiques si sûrement éprouvés le 16 novembre dernier, nous leur disons :

« Pour ne manger que du camembert français, regardez la marque. » (*1)

C'est ainsi que nous avons sous les yeux l'étiquette d'un produit sur lequel il n'y a pas à se tromper. D'abord, elle est tricolore, cette étiquette — et par tricolore, nous voulons dire bleu-blanc-rouge. C'est déjà une présomption, mais ce n'est qu'une présomption. Il faut lire, et nous lisons donc…

Au-dessus du mot camembert, il y a cette mention catégorique et rassurante en lettres blanches sur fond bleu:

JE SUIS DE FRANCE
fabriqué par des Français

Puis au-dessous ces vers péremptoires :

Je suis un défi
A celui qui…
Pour être bien caché
Ne dit où il est né
Souvenez-vous, Acheteurs,
De ces s... d'Allemands
Ce peuple de trompeurs.
Il faut de votre Fabricant
Pour éviter leur rapine (*2)
Exiger toujours l'origine
Sans quoi vous videz votre poche
Dans celle du Boche (*3) !

Ça n'est pas supérieur à Lamartine, mais ça vaut bien du Francis Jammes. Mais surtout, ça insiste sur cette vérité essentielle que la nationalité d'un fromage dépend (comme il est dit) de l'origine du fabricant. Quand la chanson populaire dit :

Voilà du bon fromage au lait
Il est du pays de celui qui…

Elle sait ce qu'elle dit, la chanson, et c'est précisément ce qu'il faut.
Ayant ainsi posé le principe, l'honorable fabricant de camembert donne son nom et spécifie :

L. TROUGNOU
Né à Ste-Maure-de-Touraine
(Indre-et-Loire)

Mangez donc sans crainte du camembert Trougnou. Mais si vous tombez sur un fromage fabriqué par M. Himmelsondersausern, né à Brandeburg ou à Pfefferheim, méfiez-vous : il y a grand chance que ce produit soit boche (*3). Et décidément non, nous ne voulons pas manger de ce pain-là ! — V. S. (Le Merle Blanc.)

   

Hors d’OEuvre
D'un camembert patriotique
-----------

Je reçois, par la poste, une boite de camembert ou, plus exactement, une boite à camembert (sans personne dedans). Cet envoi est une leçon de patriotisme que, veulent me faire goûter les électeurs de M. Chéron.
Le protectionnisme est une des formes agressives et exclusives du patriotisme. Elle ne consiste pas à montrer le poing au voisin en lui criant : « Viens-y donc, grand lâche » Elle consiste à lui fermer froidement la porte au nez.
Cette boite à camembert est un poème ; un vrai poème, en vers qui valent bien les vers de Paul Déroulède.
Le couvercle se présente sous la forme d'une cible tricolore, formée extérieurement de deux anneaux concentriques, l'un bleu, l'autre blanc, et, au centre, d'un cercle rouge.
Dans l'anneau bleu, on peut lire :

« JE SUIS DE FRANCE, fabriqué par des Français... Signé : CAMEMBERT... »

De ce camembert éloquent on ne pourra plus dire : « Il ne lui manque que la parole. »
Le poème est dans l'anneau blanc. Permettez-moi de le citer in-extenso. C'est encore le camembert qui parle :

Je suis un défi
A celui qui
Pour être bien caché
Ne dit où il est né.
Souvenez-vous, acheteurs,
De ces s... d'Allemands,
Ce peuple de trompeurs !
Il faut de votre fabricant,
Pour éviter leur rapine (*2),
Exiger toujours l'origine.
Sans quoi vous videz votre poche
Dans celle du Boche (*3) !

Permettez-moi de partager l'opinion d'Alceste en matière poétique : j'aime bien le fromage, mais j'aime mieux ma mie, ô gué, j'aime mieux ma mie ! L'amour est fait pour être chanté par les poètes ; le fromage est fait pour être mis en boite. Il me semble que le camembert montre une ambition démesurée lorsqu'il prétend inspirer le souffle patriotique et embaumer les nuits des poètes. Encore que les amateurs prétendent que, si les vers se mettent dans le fromage, c'est un signe de qualité. Mais le plus beau se trouve dans le cercle rouge. Dans le cercle rouge, on peut lire le nom de l'auteur des vers, qui est en même temps le fabricant du fromage.

L. Trougnou
né à Sainte-Maure
(Indre-et-Loire)

Le nom de Trougnou ne saurait passer pour un nom boche. Et M. Trougnou, qui naquit à Sainte-Maure, est bien qualifié comme poète du camembert français ; c'est un genre spécial, que Boileau a passé sous silence dans son Art Poétique... Le XVII° siècle ne prévoyait pas les poètes du camembert et de la gyraldose (*4).
Mais, si M. Trougnou est qualifié comme poète du fromage, il n'est pas qualifié comme poète du camembert.
Car M. Trougnou est natif de Sainte-Maure (Indre-et-Loire). Le nationalisme doit être intégral ou ne pas être. M. Chéron, qui est protectionniste, protège la Normandie contre la France.
Quelle est la définition du camembert ?
Le camembert est un fromage fabriqué à Camembert (Orne)... Les Français ont le droit de manger le camembert qu'ils paient aux Normands. Mais M. Trougnou, qui est tourangeau, c'est-à-dire étranger à la Normandie, n'a pas le droit de faire du camembert, sauf abus de pouvoir que ne saurait tolérer M. Chéron.
Voilà maintenant que les électeurs de M. Chéron, en croyant me donner une leçon, en ont donné une à leur protecteur, je veux dire à leur protectionniste. Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute.

                                   
       

(*1) Nous savons qu'en 1917, Adolf Batocki, ministre de l'alimentation allemande, réquisitionnait les fromages français pour les militaires allemands. L'allemagne prélevait aussi de la matière grasse et exportait ses fabrications, comme ce témoignage de janvier 1917 :

Kamemberg.

Dans une grande ville de la Somme se coudoient de nombreux officiers anglais, russes, et français.
Quelques-uns dinaient l'autre soir dans le fameux restaurant G...
Au dessert, un officier-interprète français demanda à un major australien s’il aimerait un peu de camembert.
« Du camembert, se récrie le major, comment pouvez-vous en avoir puisque vous êtes en guerre avec l’Allemagne ?
- Mais c'est un fromage français ! proteste notre compatriote.
- Allons ! allons ! nous savons bien en Australie que c'est un produit allemand. Mon père est un gros importateur de denrées alimentaires, et tous ses camembert proviennent de Hambourg. »
Le brave Australien n'a pas voulu en démordre et il est persuadé qu'à A... on lui a fait manger de la contrefaçon de kamemberg.

 
article de janvier 1917
  HUMOUR CAMEMBERT
le coût élevé de la vie quotidienne (daté de 1918)
       
                                   
    (*2) La rapine : La rapine est le terme utilisé pour décrire le pillage, le vol et la spoliation de biens et de richesses pendant Les conflits armés comme ici pendant la Première Guerre mondiale. Les troupes allemandes ont été accusées de rapine dans les régions occupées de France, de Belgique et de Serbie, où elles ont volé et pillé les propriétés privées, les entreprises et les institutions. Ces actes de rapine ont eu des conséquences dévastatrices pour les civils et ont contribué à la détresse économique et sociale dans les régions occupées.     (*3) Le boche : Pendant la Première Guerre mondiale, le terme "boche" était un terme péjoratif utilisé pour décrire les Allemands. Il a été popularisé par les soldats français et utilisé pour décrire les soldats allemands avec mépris. Cela reste un terme extrêmement offensant et raciste qui a été utilisé pour stigmatiser les Allemands et pour justifier les actions hostiles contre eux. Il est à éviter de l'utiliser car il est très péjoratif et peut causer des offenses. Il est préférable de parler de l'ennemi ou de l'adversaire.     (*4) La Gyraldose : La Gyraldose est un ancien antiseptique utilisé pour la toilette intime des dames, disparu des pharmacies. En pharmacie, la Gyraldose était un produit des laboratoires Châtelain, disparu vers la fin des années 1950. On connaît mal sa composition exacte et son historique.    
                                                                                                   
             
   

L'étiquette ne mentionne pas les noms "Varennes" ou "Parigny", cela semble volontaire, le fromager souhaitait rester anonyme en se présentant simplement comme "fromager français".

Les fromagers changeaient souvent leurs étiquettes. Ce fromage est sans doute le premier que Louis Trougnou ait fabriqué après la guerre 14-18. Après des années de restriction, il sonne comme une libération. On ressent à travers le texte de l'étiquette, le besoin du fromager d’exprimer pleinement ses opinions à sa clientèle, et de les assumer pleinement.

Mais qui va rester à la postérité, le fromager patriotique, ou ce tyrosème tricolore, tous les deux symboles d’une fierté nationale ?

   
             
        Rédaction : Eric Delpierre    
                                                                                                   
     
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