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  08 octobre 2025  

Les lithographes,

ces virtuoses du détournement

au service du fromage !

 
                       
 

Les illustrateurs d’étiquettes de fromage faisaient preuve d’une imagination débordante. Leur mission n’était pas seulement de rendre un produit appétissant, mais aussi de capter l’attention avec des images fortes, familières ou surprenantes. Pour cela, ils n’hésitaient pas à s’inspirer d’affiches célèbres, de cartes postales humoristiques ou de scènes de la vie quotidienne. Tout pouvait servir de modèle. Mais avec une règle d’or : l’objet que tenait le personnage dans sa main devenait, immanquablement, un fromage !
Qu’il s’agisse d’une bouteille, d'une boite de conserve, d'un verre, ou d'un objet quelconque, tout se transformait sous le crayon des illustrateurs en une boite de fromage. Ce jeu de mimétisme, à la fois naïf et ingénieux, raconte beaucoup sur la créativité publicitaire de l’époque et sur la place centrale du fromage dans l’imaginaire collectif.
À travers cette série, découvrons ces clins d’œil graphiques : un patrimoine visuel qui prête à sourire autant qu’il éclaire l’histoire de la communication fromagère.

 
           
   

Au tournant du XXe siècle, la publicité naissante s’inspirait largement de l’imagerie populaire. L’étiquette "Le déjeuner de Pitou" en est un exemple parlant : elle reprend une carte postale humoristique représentant Pitou, figure stéréotypée du conscrit français. Dans sa chambrée, le soldat se prépare un repas frugal, reflet caricatural mais familier du service militaire obligatoire à la Belle Époque.
L’étiquette reproduit presque à l’identique la scène, mais en transformant le menu : à la soupe et au rata s’ajoute désormais un camembert, devenu la vedette du repas.
Cet emprunt direct illustre une pratique courante : les illustrateurs d’étiquettes puisaient dans cartes postales, chromos ou affiches pour créer une proximité avec le consommateur. Plus qu’un simple emballage, "Le déjeuner de Pitou" témoigne aujourd’hui d’une époque où la culture visuelle populaire nourrissait la publicité, et où un simple fromage pouvait faire ressurgir la mémoire souriante et nostalgique de la caserne.

 

En 1898, l’affichiste Nicolas Tamagno crée le fameux Pierrot Cointreau, figure lunaire et espiègle léchant le bouchon de la célèbre bouteille angevine. Devenu icône publicitaire, ce personnage incarne à la fois gourmandise et malice.
Quelques décennies plus tard, le même Pierrot réapparaît dans un univers inattendu : celui du camembert. Sur une étiquette Paillaud fabriquée à Noiron (Vienne), il garde son costume blanc et son sourire malicieux, mais troque la liqueur contre un fromage qu’il lèche avec la même délectation.
Ce détournement illustre la liberté des créateurs d’étiquettes, prompts à recycler des images célèbres pour les adapter à un produit du terroir. Plus qu’un simple emballage, ce camembert Paillaud devient un clin d’œil culturel et une preuve savoureuse que, déjà, l’art et la publicité savaient se rencontrer. 

                                       
 

Inspirée du célèbre Discobole antique conservé au Vatican, cette étiquette détourne la posture sportive du lanceur de disque pour en faire le "lanceur de camembert". L’effet graphique repose sur la silhouette blanche du corps mise en valeur par un fond noir profond, ce qui crée un contraste très moderne et efficace. La sobriété de la statue antique est enrichie par des détails colorés qui viennent briser le classicisme et donner une touche dynamique au fromage.

   

Cette étiquette s’inspire directement de l’univers littéraire de Rabelais et de son personnage emblématique, Pantagruel. On retrouve ici la figure de l’enfant géant, représenté avec des traits ronds et une mise en scène conviviale autour de la table. L’inspiration graphique provient des gravures anciennes, revisitées dans un style coloré et vivant, pour donner à l’étiquette un caractère à la fois érudit et festif. Le contraste entre le fond sombre de l’illustration originale et la gaieté des couleurs saturées de l’étiquette en fait une véritable célébration visuelle.

 
                                       
                   
           

Cette composition reprend un visuel publicitaire existant pour le "Cacao Lacté", avec l'image d’un enfant accompagné de son chien. L’étiquette, au graphisme inversé, reprend fidèlement les codes graphiques de l’affiche : typographie décorative, position du personnage, et mise en valeur de la complicité entre l’enfant et l’animal. L’ensemble traduit une continuité publicitaire où la douceur du chocolat se prolonge dans l’image rassurante d’un fromage de qualité. Le rendu final, par ses aplats colorés et ses lignes nettes, garde le charme rétro de la réclame.

           
                                       
 
 

L’étiquette du fromage Carré de l’Est de la coopérative laitière de Rians s’inspire directement d’une carte illustrée par Pierre Vincent en 1918. On y retrouve le même vieil homme en habit traditionnel alsacien, redingote noire, gilet rouge à gros boutons dorés, large chapeau, attablé devant un fromage et du vin.
Alors que la carte montre un intérieur rustique avec pendule comtoise et cruche fleurie, l’étiquette simplifie la scène mais ouvre la fenêtre sur un paysage idéalisé. Le recours à ce costume alsacien associe le fromage, pourtant produit dans le Cher, à une image forte de terroir et de gastronomie régionale. Ce détournement graphique illustre la manière dont la publicité de l’époque puisait dans l’imagerie populaire pour créer une identité visuelle simple, mémorable et rassurante.

 

 

L’étiquette du camembert de Boissy-Maugis reprend l’image d’un cuisinier déjà utilisée sur une boîte d’assaisonnement.
Mais ce qui frappe, c’est son visage presque caricatural, un peu disgracieux, loin des canons esthétiques habituels. Était-ce celui du fromager lui-même ? Une exagération volontaire ? Ou bien une stratégie assumée pour marquer les esprits ? Car à l’époque, l’originalité comptait plus que la beauté.
En choisissant ce dessin singulier, les créateurs ont peut-être cherché à en faire une véritable icône, à l’image de ce que deviendra plus tard la Vache qui rit : un visage unique, immédiatement reconnaissable, qui fait sourire et reste en mémoire.

 
                                       
                   
           

Cette étiquette s’inspire d’une toile naturaliste de Murillo où deux jeunes garçons partagent un moment autour de fruits et de pain. La scène, qui évoque la simplicité rustique et l’amitié, est transposée dans un cadre champêtre avec l’ajout d’une chèvre, emblème évident du fromage de chèvre. Le traitement graphique accentue la vivacité des attitudes et des couleurs, donnant au tableau une seconde vie, plus légère et narrative. Le rendu final respire la convivialité et la complicité enfantine.

           
                                       
 

L’étiquette du Camembert du Domaine de la Salle, imprimée par la maison Grange & Guy à Paris, illustre l’influence directe des chromolithographies publicitaires sur le packaging alimentaire de la fin du XIXe siècle. La jeune femme souriante, vêtue d’une robe XVIIIe siècle et coiffée d’un chapeau orné, reprend clairement l’esthétique de chromos diffusés par des maisons comme Soulié & Marcé, qui mettaient en scène des figures féminines idéalisées pour vanter toutes sortes de produits.
L’inspiration est manifeste : pose, costume et raffinement du geste. Mais la transposition est habile : au lieu d’oiseaux ou de parfums, la jeune femme présente un camembert. Un produit simple et rural se voit ainsi intégré dans un univers visuel bourgeois et raffiné. Le décor intérieur ouvert sur une nature lumineuse, les couleurs douces et le mobilier stylisé renforcent cette atmosphère rassurante et élégante.
Par ce choix graphique, la laiterie Picquot Fernand de Montreuil-Bellay ne se contente pas d’identifier son fromage : elle l’élève au rang d’objet de désir. L’étiquette devient alors un outil de séduction, empruntant à l’art publicitaire de son temps pour conférer prestige et rêve à un produit du terroir.

   

Cette étiquette "Camembert Surchoix" puise clairement son inspiration dans la première page d’un carnet publicitaire de la compagnie Liebig, représentant l’image de la "bonne ménagère", figure emblématique de l’époque : une femme dévouée à son foyer, propre, souriante et compétente.
On y reconnaît une jeune femme coiffée, vêtue d’un tablier et d’une robe traditionnelle, tenant fièrement sa boîte de fromage dans une posture valorisante et rassurante.
La ressemblance est frappante : coiffure, tenue, attitude, et même la position des mains sont quasi identiques. Seule différence notable : le
fromage remplace ici le bocal d’extrait de viande Liebig.
L’objectif est clair :
rassurer le consommateur en associant le produit à un idéal féminin alors très en vogue, et, par extension, à la qualité domestique, à la fraîcheur, et à la tradition culinaire française.
Les fleurs à gauche de l’étiquette ne sont pas seulement décoratives : elles symbolisent également la
fraîcheur naturelle du produit et le raffinement de la présentation, renforçant l’attrait auprès d’un public bourgeois ou urbain, en quête d’authenticité.
Ce camembert « passe-partout » se retrouvait en
Normandie et aussi en Argonne.

 
                                       
 
         

Les étiquettes de fromage réservent parfois de belles surprises. Certaines se font le miroir des modes et des clins d’œil populaires de leur époque. Celle du Camembert "Petits Lurons" en est un parfait exemple.
Sur l’étiquette, deux enfants apparaissent à la sortie de leur tente : une fillette blonde avec son petit chien, et un garçonnet brun, sourire malicieux aux lèvres, qui lui tend un fromage. Une image charmante, tendre et amusante. Cette scène est directement inspirée d’une
carte postale humoristique très en vogue dans les années 1950. Sur cette carte, la légende "Viens sous ma tente et tu verras…" accompagnait la même scène de camping, teintée d’espièglerie et de sous-entendus légers.
Les illustrateurs d’étiquettes n’hésitaient pas à piocher dans l’imaginaire populaire de leur temps. Ici, on retrouve la même composition, mais adaptée au monde fromager. Dans la version "camembert", l’objet de la tentation n’est plus une tasse ou un bol, mais bien… un fromage ! Une façon malicieuse de lier humour et gourmandise.
Cette étiquette est plus qu’un simple emballage : elle raconte une époque où l’on associait volontiers la fraîcheur enfantine, l’humour et la convivialité pour promouvoir les produits du terroir. On sourit encore aujourd’hui devant cette transposition, preuve que les fromages savaient déjà se vendre avec légèreté.
Pour les amateurs d’anciennes étiquettes, cette pièce incarne le dialogue permanent entre la publicité, la culture populaire et la vie quotidienne. Et elle rappelle surtout que derrière chaque fromage, il y a aussi une histoire… parfois drôle, parfois touchante, mais toujours savoureuse.

         
                                       
 

Ces étiquettes anciennes nous rappellent qu’avant d’être de simples supports commerciaux, elles furent de véritables terrains de jeu pour les lithographes. Avec un talent d’illusionnistes, ces artistes savaient transformer un tableau célèbre, une affiche de chocolat, une carte postale ou même une statue antique en un hymne… au camembert, au chèvre ou au carré de l’Est.
Loin d’être de simples copies, ces détournements sont de véritables recréations, adaptées au cercle étroit de l’étiquette et à l’univers gourmand qu’elle devait servir. Chaque image devient ainsi une passerelle entre culture populaire, références savantes et appétit bien réel.
On sourit en voyant Pantagruel penché sur son fromage plutôt que sur ses livres, un Pierrot troquant sa bouteille contre un camembert, ou un Discobole lançant non plus un disque mais une boîte de fromage. Derrière l’humour se cache une immense créativité graphique, au service d’un produit quotidien mais élevé ici au rang d’icône.
En feuilletant ces étiquettes, on mesure à quel point les lithographes étaient bien plus que de simples exécutants : ils étaient des virtuoses du détournement, capables de donner au fromage des habits d’art et d’imaginaire.

 
                                       
   
         
    06 octobre 2025

Dites adieu aux boîtes de camembert en bois :
la dernière usine française fermera en 2026

   
                        publié par charentelibre.fr    
         
   

Symbole d’un savoir-faire centenaire, la Cibem, située à Saint-Pierre-en-Auge (Calvados), va fermer ses portes en 2026. Cette entreprise, née en 1885, fabriquait les célèbres boîtes de camembert en bois qui accompagnaient depuis toujours l’un des produits les plus emblématiques de la gastronomie française. Malgré des investissements massifs, le groupe Lactalis, propriétaire du site, n’a pas réussi à sauver l’activité.

Une fermeture qui marque la fin d’une époque

C’est un coup de massue pour les 104 salariés. La fermeture a été annoncée brutalement, « du jour au lendemain », selon une employée citée par France 3 Normandie. La Cibem, reprise par Lactalis en 2011 après une liquidation judiciaire, n’a jamais réussi à retrouver son équilibre économique.

« Lactalis a beaucoup investi, mais il y aurait encore beaucoup d’investissements à faire », explique Jacky Marie, le maire de Saint-Pierre-en-Auge. Le coût des matières premières et la concurrence d’emballages alternatifs ont fini d’épuiser la rentabilité du site. 

   
         
    boite de camembert ancienne
Ancienne boite de fromage
Petit camembert Louis Costard à Saint-Martin-de-la-Lieue (Calvados)

La fin du camembert dans sa boîte en bois

Depuis 140 ans, la Cibem façonnait les petites boîtes rondes en peuplier qui ont fait la renommée du camembert et du coulommiers français. Leur disparition annoncée sonne comme la fin d’un symbole artisanal et patrimonial. La boîte en bois, jugée peu adaptée aux nouvelles normes environnementales et coûteuses à produire, devrait être remplacée par des emballages en carton ou en fibre moulée.

Quel avenir pour les salariés ?

Si aucune date précise n’a été communiquée, la fermeture est prévue pour le premier semestre 2026. La direction de Lactalis assure vouloir accompagner « chaque salarié » avec des solutions de reclassement local, en interne ou en externe. Une négociation est en cours avec les représentants du personnel pour définir les modalités de cet accompagnement.

En parallèle, le groupe se donne trois mois pour tenter de trouver un repreneur, mais la perspective semble incertaine. Pour beaucoup, cette fermeture signe la fin d’un chapitre de l’histoire industrielle normande.

   
                                       
   

Un patrimoine industriel à sauver ?

Le camembert restera, mais sans sa boîte en bois, ce petit objet du quotidien devenu symbole du savoir-faire français. Dans le Calvados, la disparition de la Cibem suscite une profonde émotion. « C’est une page du patrimoine local qui se tourne », résume le maire, conscient que derrière l’objet, c’est tout un pan de la culture fromagère française qui disparaît.

   
                                       
   
         
    25 septembre 2025

L'art de sortir un fromage de nulle part

   
                                       
   

Les étiquettes de fromage constituent un patrimoine visuel souvent méconnu. Derrière leur apparente simplicité se cache un travail d’invention graphique où l’artiste occupe une place centrale. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la plupart de ces images ne sont pas de simples reproductions mécaniques de portraits, de statues ou de cartes postales : elles sont le fruit d’une véritable création. L’inspiration existe, bien sûr (dans un costume régional, un personnage historique, une scène de genre...) mais elle est remodelée, stylisée, adaptée aux contraintes du support circulaire et au message commercial.
Ainsi, dès la fin du XIXe siècle, le fromage s’entoure d’images qui l’ancrent dans un récit plus vaste que lui : celui du terroir, de l’histoire et de l’identité française. Étudier ces étiquettes, c’est comprendre comment l’ordinaire s’habille d’extraordinaire, comment un produit quotidien acquiert, par le pinceau de l’illustrateur, la force d’un symbole.

   
                                       
 

La scène illustrée sur l’étiquette est directement inspirée d’une peinture représentant un moment champêtre dans les Pyrénées avec des personnages en costume traditionnel savourant un moment de détente. L’artiste reprend la composition générale mais renforce les contrastes et les couleurs pour un effet plus vivant. Le vert des prairies et le rouge des costumes créent une harmonie graphique qui attire l’œil et évoque le plaisir simple d’un pique-nique montagnard. Le rendu final est une célébration visuelle du terroir et de la nature.

   

Le modèle original montre une femme élégante en costume normand, dessinée avec délicatesse et finesse. L’étiquette reprend la même pose, mais simplifie les traits et amplifie les contrastes chromatiques. La coiffe est stylisée et mise en avant, tandis que l’arrière-plan champêtre apporte une note de terroir. L’ensemble joue sur l’équilibre entre tradition locale et modernité graphique, en offrant une image reconnaissable du Pays d’Auge.

 
                                       
           
         

Cette étiquette reprend une scène populaire montrant un couple en costume sarthois. L’inspiration provient d’une carte postale ancienne, où l’on retrouve la même gestuelle et les mêmes attitudes. Graphiquement, la transposition conserve le côté narratif de l’image, presque théâtral, et le simplifie pour un rendu plus lisible et coloré. L’étiquette joue ainsi sur l’authenticité et l’humour bon enfant, en mettant en avant la convivialité associée à la dégustation du camembert.

         
                                       
 

Cette étiquette fait référence à la chanson et à l’imagerie populaire du "Roi d’Yvetot". L’inspiration vient des illustrations humoristiques qui représentent ce personnage bon vivant et caricatural. Graphiquement, l’étiquette met en avant un roi jovial, couronne sur la tête et fromage à la main, soulignant à la fois l’aspect festif et royal du produit. Les couleurs franches et le dessin expressif donnent un ton léger et joyeux, transformant le camembert en symbole de convivialité et de plaisir partagé.

   

Ici, l’étiquette reprend un portrait photographique d’une femme en coiffe traditionnelle angevine. L’inspiration est claire : valoriser le terroir et le savoir-faire local en s’appuyant sur une figure féminine emblématique de la région. Graphiquement, la transposition accentue les contrastes et simplifie les volumes pour mieux s’adapter au format rond de l’étiquette. Le résultat conserve l’élégance du costume traditionnel tout en adoptant une stylisation qui attire immédiatement le regard du consommateur.

 
                                       
                   
                                       
           

Cette étiquette reprend une carte postale ancienne représentant une femme en coiffe normande, tenant une lanterne, sur fond de paysage. La transposition graphique conserve le profil et l’élégance du costume, mais substitue à la lanterne un camembert, recentrant le message sur le produit. Les couleurs sont intensifiées, et le décor se resserre autour d’une vision idéalisée de la campagne. Le résultat est une image joyeuse, riche en détails, où tradition régionale et promotion commerciale s’entrelacent harmonieusement.

           
                                       
 

La statue de Louis XI à Bourges, représentée pensif et assis, sert de modèle à cette étiquette. L’artiste reprend la position méditative mais l’adapte au registre fromager : le souverain tient une portion de camembert, symbole de dégustation et de plaisir simple. Graphiquement, le rendu est simplifié, avec des aplats de couleurs vives qui contrastent avec la pierre grise de la sculpture originale. Le passage du bronze à l’illustration en couleur transforme une figure austère en un motif populaire et accueillant.

   

L’étiquette s’inspire d’un portrait peint de Colbert, ministre de Louis XIV. La gravité du modèle original est ici adoucie par un traitement plus coloré et lumineux. Le personnage est représenté en buste, mais la composition ajoute une boîte de camembert dans sa main, comme une mise en abyme publicitaire. Le rendu final transforme la solennité du tableau classique en une image séduisante et accessible, avec un contraste marqué entre l’élégance aristocratique et la fonction commerciale de l’étiquette.

 
                                       
 

L’examen des étiquettes anciennes et de leurs sources iconographiques révèle un processus de légitimation culturelle : le fromage ne se contente pas d’être un aliment, il devient l’incarnation d’une tradition, d’un territoire et d’une mémoire. L’usage de personnages historiques comme Colbert, de figures royales comme Louis XI, ou encore de costumes régionaux comme ceux de Normandie, traduit une volonté de relier le quotidien du consommateur à une profondeur historique et symbolique.
Cette imagerie, bien qu’inventée ou recomposée, participe d’une pédagogie visuelle : elle fixe des représentations, parfois stéréotypées, mais efficaces, qui perdurent dans l’imaginaire collectif. L’étiquette se fait alors archive de l’inconscient national, où se cristallisent les valeurs de terroir, d’authenticité et de continuité.
Étudier ces rapprochements entre sources visuelles et déclinaisons commerciales, c’est donc comprendre comment l’industrie fromagère a contribué à fabriquer une identité culturelle partagée, en transformant un objet de consommation courante en support de mémoire et en emblème patrimonial.

 
                                       
   
18 septembre 2025

Mabel Lucie Attwell, une femme inspirante 

                   
  Mabel Lucie Attwell (1879-1964) était une illustratrice britannique renommée, célèbre pour ses œuvres empreintes de douceur, de fantaisie et de nostalgie. Dès son jeune âge, elle a montré un talent remarquable pour le dessin, ce qui l’a conduite à étudier à la Royal Academy of Arts.  
       
  Son style caractéristique se distingue par ses personnages enfantins, souvent représentés dans des scènes de rêve ou d’innocence, avec une attention particulière aux détails et aux expressions faciales.

Attwell a surtout connu un grand succès dans l’illustration de livres pour enfants, notamment grâce à ses images pour des classiques tels que "Alice au pays des merveilles" ou ses propres créations originales, comme "Little Miss Muffet" ou "Old Mother Hubbard".

Son style est marqué par une utilisation délicate de la couleur et une approche chaleureuse et réconfortante, qui a touché plusieurs générations.

En plus des livres, ses illustrations ont été largement reproduites sur des objets de consommation courante, contribuant à populariser cette esthétique douce et enfantine dans la culture populaire. Son œuvre a inspiré de nombreux artistes et illustrateurs, notamment dans le domaine de l’illustration pour enfants, en posant les bases d’un style tendre et accessible.

Attwell a également influencé le monde de la publicité et du design, en démontrant le pouvoir évocateur de l’illustration pour évoquer des sentiments de nostalgie et de sécurité.
Mabel Lucie Attwell  
               
  Son héritage perdure à travers ses œuvres, qui continuent d’être appréciées pour leur charme intemporel, et par l’inspiration qu’elles ont apportée aux générations d’artistes et d’illustrateurs, encouragés à privilégier la douceur, la rêverie et l’innocence dans leur création.

En 1923, la sortie de deux livres pour enfants, "Le Petit Chaperon Rouge" et "Cendrillon" vont inspirer l'imprimeur Grange & Guy.
 
                                       
  Little Red Riding Hood de Mabel Lucie Attwell CAMEMBERT CHAPERON ROUGE  
  Illustration signée "Mabel Lucie Attwell"
parue sur la couverture du livre
"Le Petit Chaperon Rouge", sorti en 1923.
Etiquette lithographiée sortie par l'imprimerie Grange & Guy vers 1924-25, reprenant le graphisme du Petit Chaperon Rouge de Mabel. Le Fromager "O.G." (?) surnomma ce camembert "Rougette" pour s'éviter d'éventuels droits d'auteur. Ce fromage est ensuite fabriqué par "M.F." (Morineaud Frères à Champagnolles - 17). L'imprimerie Garnaud sort une autre version vers la fin des années 1930, avec cette étiquette inspirée de l'ancienne étiquette, et non du dessin original de Mabel.  
                                       
    Cinderella de Mabel Lucie Attwell    
    Page de couverture de l'album illustré par "Mabel Lucie Attwell"
et intitulé
"Cinderella", sorti en 1923.
Etiquette de camembert s'inspirant directement du dessin de Mabel.
Cendrillon déguste un bout de fromage, entourée de ses amis les rats. Des boites de camembert "Cendrillon" ont été ajoutées.
   
                   
                            Rédaction et illustrations : Eric D.  
                                       
   
  1er février 2025

"J'ai d'abord été attiré par la couleur des étiquettes".
Un tyrosémiophile raconte sa folle passion
 

 
     
 

À St-Sulpice-de-Royan, un collectionneur a rassemblé plusieurs dizaines de milliers d'étiquettes de boîtes de fromage. Elle représente des monuments locaux, des animaux ou encore des fleurs.

 
                   
       
 

Robert Billy est tyrosémiophile, c'est-à-dire qu'il collectionne les étiquettes de boîtes de fromage. • © Pascal Simon - France Télévisions

 
                   
 

Collectionner ! Oui, mais à quel prix ! À St-Sulpice-de-Royan, en Charente-Maritime, Robert Billy est un collectionneur qui a fait du fromage et des étiquettes de leurs boîtes une passion. Il a rassemblé près de 30 000 de ces macarons de papier. Certes, loin des 300 000 répertoriés par le Club tyrosémiophile de France (CTF), mais, sa collection déjà conséquente fait de lui un tyrosémiophile sérieux.

À son domicile, elle loge dans une série d'épais classeurs soigneusement rangés. "J'ai commencé à l'âge de 14 ans, vers 1962, en lisant le journal Pilote. C'est ce qui m'a donné envie de commencer, oui", se souvient-il.

À l'époque, une chose retient son attention. "J'ai d'abord été attiré par la couleur des étiquettes, confie le passionné. Puis, ce fut le graphisme représenté dessus. Que ce soit des personnages, des fleurs, des animaux, des monuments historiques", explique-t-il.

Certaines étiquettes revêtent un caractère particulier aux yeux de Robert Billy. Elles représentent parfois des sites de sa Charente-Maritime.

C'est le cas de l'étiquette de camembert Vieux-Porche, peinte à la main. Elle est, explique-t-il, "l'œuvre du peintre de la laiterie".

Patrimoine fromager

L'originalité de ce type de collection est qu'il permet de voyager partout en France. Selon l'histoire de la région d'origine, la diversité des formes et des continus varie et dit beaucoup du récit que veut transmettre le fabricant sur son fromage.

"C'est le patrimoine fromager qui est traduit dans les étiquettes et au fur et à mesure que le temps passe", explique-t-il, en déplorant le manque d'originalité aujourd'hui des marques dites repères "qui ne se soucient pas de graphisme".

C'est le cas de l'étiquette de camembert Vieux-Porche (voir publication ci-dessus), peinte à la main. Elle est, explique-t-il, "l'œuvre du peintre de la laiterie".

Patrimoine fromager

L'originalité de ce type de collection est qu'il permet de voyager partout en France. Selon l'histoire de la région d'origine, la diversité des formes et des continus varie et dit beaucoup du récit que veut transmettre le fabricant sur son fromage.

"C'est le patrimoine fromager qui est traduit dans les étiquettes et au fur et à mesure que le temps passe", explique-t-il, en déplorant le manque d'originalité aujourd'hui des marques dites repères "qui ne se soucient pas de graphisme".

Dans le Berry et en Touraine, le site du CTF présente ainsi une étonnante panoplie d'étiquettes représentant des chats. Le Jura et la Vendée ont ainsi pu, à travers les décennies, miser sur les fleurs de leurs campagnes. Le coq, fierté nationale, est aussi régulièrement représenté sur les étiquettes, tout comme les moines, symbole, peut-être, du bon vivant discret et amateur de bonne chère.

Robert Billy continue d'acquérir de nouvelles étiquettes. Dans son bureau, de nouveaux classeurs viennent d'arriver d'Alsace. "C'est une collection de 12 000 étiquettes acquise en décembre", détaille-t-il fièrement. Cet ancien comptable de profession inventorie et trie désormais chaque nouvelle étiquette, une par une, en s’aidant des références laissées par l’ancien propriétaire.

Un travail de Pénélope soigneusement classé par département et par laiterie.

 
                   
            Sources : france3-regions.franceinfo.fr /  Pascal Foucaud et Clément Massé
                   
   
  11 janvier 2025

Ce collectionneur garde 7 000 étiquettes de fromages meusiens

 
              Publié le 11/1/2025 par Léo Martin
     
  Savez-vous ce qu'est un tyrosémiophile ? Et bien, c'est un collectionneur d'étiquettes de fromage. En France, il en existe 500, et dans la Meuse, seulement 7. On a rencontré Bernard Wagner, passionné depuis 1960 par ces étiquettes d’antan. Il en possède plus de 7 000 uniquement pour les fromageries de la Meuse.  
                   
  Des milliers d'étiquettes de fromages meusiens, ce n’est pas un musée, mais bien chez un collectionneur. Bernard en possède plus de 7 000. Dans ces classeurs, des trésors, des pièces rares. Chaque étiquette a son histoire, une vie que le collectionneur tente de retracer.   
                   
 

Une passion pour le fromage

Depuis sa retraite en 2003, il a parcouru le territoire meusien pour comprendre l’histoire de chaque fromagerie. En 1900, il y en avait 221, aujourd’hui il n’en reste que six. Ce travail, il le fait depuis plus de 20 ans. Bernard ne compte pas s’arrêter. Il est le gardien du fromage meusien.

Des rencontres avec des collectionneurs

Pour continuer d'agrandir sa collection, Bernard se rend à des bourses d’échanges avec d’autres passionnés pour partager et trouver des étiquettes qu’il ne possède pas encore. Pour lui, un vrai collectionneur, c'est surtout reconnaître d'où vient le label si celui-ci ne présente aucune inscription. Sa plus vieille étiquette date de 1879, une des plus compliquées à trouver, mais ce n'est pas la seule. 

 
                   
 

Une passion partagée

Aujourd'hui, le design d’une étiquette de fromage est bien différent. Bernard est nostalgique. Le passionné, chine sans cesse. Il est toujours à la recherche de nouvelles étiquettes. Sur les réseaux sociaux, il partage sa passion avec des centaines de personnes. Et cette collection, sa femme l’apprécie tout autant. Cette année, il a prévu de se rendre dans différentes expositions pour montrer sa collection. À l’avenir, son fils va continuer son héritage.

 
                   
   
  02 janvier 2025

" La Vraie Normande "

 
      Simonet à Almenèches (Orne)      
               
     
                   
   
                   
  Originaire du canton voisin, je pensais trouver facilement les informations concernant la fromagerie Simonet à Almenèches (61).  
       
 

Après avoir épluché dans tous les sens les recensements de la population, le registre d'état civil et enquêté localement quel ne fut pas mon désappointement de ne rien trouver. Aucune fromagerie ou famille Simonet ne figurait dans les documents d'archives, ni aucun souvenir laissé dans la population.

Intrigué par les similitudes frappantes entre les étiquettes d'Almenèches et celles de Lavalou au Bourg saint Léonard et à Sérans, j'en vins à soupçonner des liens entre ces étiquettes mais sans pouvoir les établir avec certitude .

L'analyse du recensement de la population du bourg Saint Léonard en 1906 allait me livrer une première piste. La liste de personnes recensées au bourg comportait le nom de l'épouse de Jean Lavalou : Simonet Geneviève née à Brest en 1871.

 
     
  Mais au delà de cette indication pas d'information précise quand au lien qui pouvait exister entre ces étiquettes.  
                   
 

Le dépouillement en compagnie de Michel Lebec des archives Lavalou déposées en 1993 par madame Pierre Lavalou aux archives départementales de l'Orne allait me permettre de confirmer mon intuition.

Dans les lettres de commande de l'année 1903, figurent deux cartes de commande émanant de Grégoire Guetz épicier 200 avenue Saint Gilles au Mans.

La première du 6 octobre 1903 demande: «  3 caisses de paillon de Désiré, 300 petites boites des Désiré et 300 petites boites des simonettes. Vous vendez les simonettes un peu trop chère car je ne puis vendre plus cher mes confrère. Il faut me les laissé à 2F50 la douzaine ».

La dénomination « simonette » a tout de suite attiré mon attention.

Une seconde carte de commande du 14 octobre 1903 allait être plus explicite: « Mettez moi 1 caisse de boite château, 5 caisse de boite Désiré, 400 petites Désiré, 200 des Simonet, 1 caisse bon marché ». Cette fois le lien entre Simonet et Lavalou s'établissait de façon plus évidente.

Une dernière lettre allait le confirmer. En effet monsieur Drouin commerçant en conserves et salaisons à Conlie ( Sarthe) écrivait le 6 avril 1904 à : « Me Simonet à Almenêches Orne , veuillez, je vous prie me faire savoir le prix de vos fromages façon camembert en boîtes ».

Le 18 mai 1904 Jean Lavalou écrit à la maison Buquet du Havre pour annoncer la livraison de Simonet.

Le 11 octobre 1905 l'imprimeur Monnier 167 rue Michel Bizot Paris XIIème écrit à propos d'une commande de 900 000 étiquettes « Le Désiré » que lui passe Mr Lavalou: » Seulement il est bien entendu que vous nous chercherez pas chicane comme pour celles de Simonet pour lesquelles nous perdons 90frs. »

Voilà si besoin était une bonne démonstration de l’intérêt du dépôt public des archives liées aux activités économiques. A ce jour les archives Lavalou sont le seul dépôt conséquent courant de 1894 à 1960. Sans ce dépôt effectué à l'initiative de la famille Lavalou, il aurait été quasiment impossible de confirmer la filiation entre les étiquettes Simonet Almenéches et celles de Lavalou.

 
                   
            article de Gérard Clouet  / Sources : - AD 61 243J18  
                   
   

Heureuse année 2025 !!!

   
 
                                       
  Bonne Année tyrosemiophile 2025 !!!  
                                       
                                       
                            Merci à Simon Préaudot pour la réalisation de cette carte !
                                       
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